ATTAQUE DJIHADISTE AU TOGO : UNE MENACE GRANDISSANTE

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Le 20 juillet 2024, le Togo a connu une attaque sans précédent perpétrée par une centaine de combattants affiliés au Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM), une organisation liée à Al-Qaida. Ces djihadistes, venant du Burkina Faso, ont pris d’assaut un poste avancé de l’armée togolaise à Kpinkankandi, dans le nord du pays, près de la frontière burkinabé. L’attaque, menée avec des motos, des pick-up armés de mitrailleuses et des mortiers, a mis en déroute les Forces armées togolaises (FAT) pendant plus de trois heures avant que les assaillants ne se replient sur le territoire burkinabé.


Bilan et Répercussions

Le bilan de cette attaque reste flou. Selon le GSIM, six soldats togolais auraient été tués, mais une source officielle togolaise parle d’une douzaine de militaires tués et de plusieurs blessés. Par ailleurs, environ cinquante djihadistes auraient été neutralisés, bien que ces chiffres pourraient être sous-estimés. Jusqu’à présent, ni le gouvernement togolais ni l’état-major des FAT n’ont officiellement commenté l’incident. Un collaborateur du président togolais, Faure Essozimna Gnassingbé, a toutefois reconnu que c’était “l’attaque la plus complexe” que le Togo ait subie, tant par son envergure que par les moyens utilisés par les terroristes.

Silence et Stratégie Militaire

Le silence des autorités togolaises sur les pertes et les détails de la situation sécuritaire dans le nord du pays contraste fortement avec l’ampleur de l’attaque. Depuis la première attaque djihadiste en novembre 2021, les autorités togolaises ont déployé une importante force militaire, l’opération “Koundjoaré”, composée de quelque 2 000 hommes pour sécuriser les 120 kilomètres de frontière avec le Burkina Faso. Malgré ces efforts, les djihadistes continuent leurs incursions, profitant de la déliquescence de l’État burkinabé.

Contexte Politique

Cette attaque intervient dans un contexte politique tendu au Togo. En avril 2023, une nouvelle Constitution a été adoptée, transformant le régime présidentiel en régime parlementaire. Désormais, le président de la République sera élu par le Parlement, et non plus au suffrage universel direct. Cette réforme, perçue comme un “coup d’État constitutionnel” par les opposants, permettrait à Faure Gnassingbé de rester au pouvoir indéfiniment. Lors des dernières élections législatives, son parti, l’Union pour la République (Unir), a remporté 108 sièges sur 113.

L’attaque de Kpinkankandi est un rappel brutal de la menace djihadiste qui pèse sur le Togo et la région. Malgré les efforts militaires et les réformes politiques, le défi sécuritaire reste immense pour le gouvernement togolais. La coopération régionale et internationale sera essentielle pour contenir cette menace et stabiliser la région.