La lutte contre la tuberculose au Cameroun : Progrès réels, défis persistants

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Yaoundé,  Le Cameroun, à l’instar de nombreux pays, s’est engagé à mettre fin à la tuberculose d’ici 2030, conformément à l’appel lancé par le Directeur Général de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). Si des progrès ont été réalisés, de nombreux défis demeurent, exigeant une plus grande mobilisation de l’ensemble des acteurs concernés.


Des résultats encourageants, mais insuffisants

Une évaluation récente du tableau de bord de l’environnement juridique de la lutte contre la tuberculose au Cameroun témoigne de certains progrès. Des politiques plus inclusives, des efforts pour faciliter l’accès aux soins et une volonté d’adopter une approche plus centrée sur les droits humains ont contribué à quelques avancées tangibles.

Toutefois, ces améliorations ne suffisent pas. De trop nombreuses personnes touchées par la tuberculose peinent encore à bénéficier de traitements efficaces. Les obstacles sont multiples, allant de barrières socioculturelles aux difficultés logistiques, en passant par le manque de ressources financières.

Principaux obstacles à surmonter

            1.         Stigmatisation et discrimination : La tuberculose est encore trop souvent associée à des préjugés. Les personnes atteintes souffrent parfois d’un isolement social, empêchant un dépistage précoce et compromettant le suivi thérapeutique.

            2.         Accès limité aux soins : Les ressources sanitaires ne sont pas toujours disponibles là où les besoins sont les plus pressants. Les zones enclavées et rurales subissent de plein fouet le déficit d’infrastructures, compliquant la continuité des traitements.

            3.         Manque de sensibilisation et d’éducation : Une meilleure connaissance de la maladie, de ses modes de transmission et de prévention est indispensable. Des campagnes d’information régulières, adaptées à chaque communauté, peuvent aider à briser les mythes et inciter au dépistage.

L’importance de la préparation face aux crises sanitaires

Au-delà des difficultés actuelles, la préparation aux épidémies et pandémies constitue un enjeu crucial. La COVID-19 a montré à quel point un système de santé doit être résilient et flexible. Pour la tuberculose, cela implique :

            •           Renforcement des capacités locales : Former davantage de personnels de santé, améliorer la disponibilité des médicaments et assurer un suivi rigoureux des cas afin d’éviter les formes résistantes.

            •           Mise en réseau des acteurs : Impliquer les communautés, les organisations de la société civile, les bailleurs de fonds et les pouvoirs publics dans un élan commun. Chacun doit être prêt à agir rapidement en cas de résurgence d’une épidémie.

Un appel à l’action unanime

Lors d’une rencontre avec la presse au Djeuga Palace Hôtel à Yaoundé, le Secrétariat Général de l’ONG FIS a lancé un appel fort :

«Nous appelons tous les acteurs à se mobiliser afin de mettre fin à la tuberculose au Cameroun. Il est essentiel d’intensifier les efforts, de lever les barrières qui entravent l’accès aux traitements et de préparer notre système de santé aux crises futures.»

Cet appel résonne comme une invite à agir maintenant. Il s’agit de renforcer les partenariats, d’intégrer pleinement les droits humains dans la lutte contre la tuberculose, de lutter contre la stigmatisation et de travailler de concert avec les leaders communautaires.

Une responsabilité collective

Mettre fin à la tuberculose n’est pas seulement un objectif sanitaire, c’est aussi une question de justice sociale. Chaque acteur a un rôle à jouer :

            •           Gouvernement : Garantir un financement stable, soutenir la recherche, améliorer la distribution des médicaments et des outils de diagnostic.

            •           Professionnels de santé : Offrir des soins de qualité, dépister rapidement, suivre l’observance du traitement et fournir un soutien psychologique.

            •           Communautés locales : S’approprier la lutte, encourager le dépistage volontaire, réduire la stigmatisation, soutenir les personnes malades.

            •           Société civile et médias : Sensibiliser, informer, surveiller la mise en œuvre des politiques, exiger de la transparence.

            •           Organismes internationaux : Apporter un appui technique, financier, partager les bonnes pratiques d’autres régions, offrir une vision intégrée.

L’avenir de la lutte contre la tuberculose

Si les défis semblent importants, les progrès accomplis montrent que le Cameroun possède les atouts nécessaires. Avec une volonté politique affirmée, un secteur associatif engagé et le soutien d’organisations internationales, l’objectif d’éradiquer la tuberculose d’ici 2030 reste à portée de main.

Mais réussir exigera une détermination sans faille et une collaboration sans précédent. L’engagement de l’OMS, les efforts des ONG et la volonté affichée par les autorités camerounaises doivent se traduire par des actions concrètes sur le terrain : distribution équitable des ressources, détection plus rapide des cas, renforcement du système de santé, respect des droits humains et inclusion de tous.

Un enjeu de santé publique et de dignité humaine

La tuberculose n’est pas qu’une affaire de microbes et de médecins, c’est une question de dignité humaine. Chacune des vies sauvées représente une victoire non seulement contre une maladie évitable et traitable, mais aussi contre la pauvreté, l’ignorance, la peur et l’injustice. La tuberculose touche souvent les plus vulnérables, ceux qui vivent dans des conditions précaires, avec un accès limité à l’information et aux services de santé.

Surmonter ces iniquités réclame une approche globale. Lutter contre la tuberculose implique de s’attaquer aux déterminants sociaux de la santé – logement, nutrition, éducation, emploi. C’est un combat contre la marginalisation, un combat pour que chaque Camerounais puisse mener une vie saine et productive.

L’importance de la communication et de la sensibilisation

Dans ma carrière de Journaliste Reporter d’Images, j’ai eu l’occasion de rencontrer des communautés affectées par la tuberculose. J’ai vu des patients hésiter à se faire dépister par crainte du regard des autres, des mères incertaines de pouvoir accéder aux médicaments pour leurs enfants, des soignants s’épuisant à répéter les mêmes messages de prévention.

J’ai aussi constaté les effets positifs d’une campagne d’information bien ciblée, d’un simple discours évitant les termes trop techniques, d’une visite à domicile pour expliquer comment prendre un traitement. Ce sont souvent les petits gestes, les mots simples et les visages familiers qui font la différence.

Au-delà du diagnostic et du traitement

Pour atteindre l’objectif de l’OMS et éliminer la tuberculose d’ici 2030, le Cameroun doit dépasser le stade du diagnostic et du traitement curatif. Il faut explorer de nouvelles approches :

            •           Prévention renforcée : Promouvoir le vaccin BCG, améliorer l’hygiène de l’habitat, sensibiliser sur la nécessité d’un dépistage précoce.

            •           Soutien psychologique : Les malades ont besoin de soutien mental, pas seulement d’antibiotiques. Les groupes de parole, le conseil, l’implication des familles peuvent aider le patient à suivre son traitement jusqu’au bout.

            •           Réduction des inégalités : Les zones rurales reculées, les bidonvilles urbains, les groupes marginalisés nécessitent une attention particulière. L’accès aux soins doit être équitable.

Un cap à tenir

Le Cameroun a déjà démontré sa capacité à relever des défis sanitaires majeurs. Des combats menés contre d’autres maladies ont prouvé la détermination des autorités, des professionnels de santé et de la société civile. L’exemple du VIH/SIDA ou du paludisme montre que lorsque la volonté politique, la mobilisation des partenaires et l’implication communautaire sont réunies, des progrès spectaculaires sont possibles.

La tuberculose, malgré sa complexité, peut être endiguée grâce à cette même synergie. Le moment est venu de renforcer le travail en réseau, de consolider les acquis et d’investir dans des solutions de long terme. Les stratégies doivent être ajustées régulièrement, au gré des retours du terrain, des nouveaux défis, et des expériences des communautés elles-mêmes.

Le rôle de la coopération internationale

L’OMS, les agences onusiennes, les bailleurs de fonds internationaux et les partenaires bilatéraux ont tous un rôle à jouer. Leur appui technique et financier, leurs conseils et leur partage d’expertise peuvent accélérer la cadence des progrès. Cependant, ce soutien doit s’adapter aux réalités locales, respecter les priorités nationales et s’aligner sur les politiques camerounaises.

Une responsabilité partagée

Le combat contre la tuberculose au Cameroun n’est pas seulement celui du gouvernement, des ONG ou de l’OMS. C’est une responsabilité partagée par l’ensemble de la société. Chacun peut contribuer, à son niveau, à sensibiliser ses proches, à encourager le dépistage précoce, à soutenir les patients et à lutter contre la stigmatisation.

Il est temps d’investir dans l’humain, de considérer la santé comme un droit fondamental et de reconnaître que chaque cas de tuberculose évité, chaque vie sauvée, constitue une victoire pour toute la nation.

Le Cameroun se trouve à la croisée des chemins dans sa lutte contre la tuberculose. Des progrès ont été réalisés, la volonté politique est présente, les communautés sont de plus en plus impliquées, et des partenaires internationaux se tiennent prêts à aider. Pour atteindre l’objectif de mettre fin à la tuberculose d’ici 2030, il faut maintenant accélérer, innover et persévérer.

Cela passera par une combinaison de prévention, de dépistage, de traitement, de sensibilisation, de coopération et surtout d’humanité. Car derrière chaque statistique, chaque cas recensé, se cache une personne, une histoire, une famille. C’est pour ces individus, pour cette dignité humaine, que le Cameroun doit redoubler d’efforts.

« Nous devons travailler ensemble pour mettre fin à la tuberculose au Cameroun et atteindre l’objectif de l’OMS d’ici 2030 », a martelé le Secrétaire général de l’ONG FIS. Un appel que nous devons tous entendre et auquel nous devons répondre, sans attendre.