Journée mondiale de l’épilepsie : 50 millions de personnes touchées dans le monde

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Une journée pour sensibiliser et combattre les préjugés

Chaque année, le deuxième lundi du mois de février est dédié à la Journée internationale de l’épilepsie. Cette journée vise à sensibiliser le grand public sur l’épilepsie, ses impacts et les défis auxquels font face les patients. Malgré son caractère neurologique, cette maladie reste victime de nombreuses stigmatisations et idées reçues, notamment dans des pays comme le Cameroun.


L’épilepsie est une maladie cérébrale chronique, caractérisée par des crises récurrentes causées par une activité électrique anormale du cerveau. Ces crises varient en intensité et en forme, allant de simples absences à des convulsions généralisées impactant l’ensemble du corps.

Un fléau mondial touchant 50 millions de personnes

Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), environ 50 millions de personnes dans le monde souffrent d’épilepsie. Pourtant, 70 % des patients pourraient ne plus subir de crises si leur état était correctement diagnostiqué et pris en charge. L’accès aux traitements reste donc un défi majeur, particulièrement dans les pays à faibles revenus où les ressources médicales sont limitées.

En France, les chiffres sont tout aussi parlants. Selon un rapport du 3ᵉ sommet national sur l’épilepsie, publié en novembre 2024, environ 700 000 personnes sont concernées par cette maladie.

Une baisse des cas au Cameroun, mais une vigilance nécessaire

Au Cameroun, 4 367 cas d’épilepsie ont été recensés en 2023, avec 47 décès enregistrés, soit un taux de létalité inférieur à celui de 2022 (14 358 cas pour 125 décès). Malgré cette amélioration, la vigilance reste de mise, car l’épilepsie représente 0,5 % de la charge mondiale de morbidité selon l’OMS.

Le Dr Joseph Tassé, médecin généraliste, met en avant les efforts de suivi des patients, mais insiste sur la nécessité de renforcer les campagnes de sensibilisation pour mieux informer la population et briser les mythes autour de cette maladie.

L’impact de la pénurie de médicaments antiépileptiques

En 2023, le Cameroun a connu une pénurie de Sabril, un médicament antiépileptique souvent prescrit aux enfants et en complément d’autres traitements. Cette situation a soulevé des inquiétudes parmi les professionnels de santé, qui redoutaient une augmentation des crises fatales. Finalement, selon les Bulletins épidémiologiques du Cameroun, la pénurie n’a pas entraîné de hausse significative de la mortalité, mais la disponibilité des traitements reste un enjeu crucial.

Les chiffres montrent également que certaines régions sont plus touchées que d’autres. En 2023, le Littoral affichait le taux de létalité le plus élevé (8 % avec 28 décès), suivi de l’Adamaoua (6 % avec 12 décès).

Un appel à l’action pour une meilleure prise en charge

Malgré des avancées, beaucoup reste à faire pour améliorer la prise en charge de l’épilepsie au Cameroun. Les neurologues estiment que sa prévalence varie entre 3 et 13 %, soit l’un des taux les plus élevés au monde.

Le Dr Joseph Tassé recommande :

              •            Le renforcement des campagnes de sensibilisation pour lutter contre la stigmatisation et les fausses croyances.

              •            L’amélioration de l’accès aux soins neurologiques, notamment pour les populations rurales.

              •            Une disponibilité continue des médicaments antiépileptiques pour éviter toute rupture de stock.

              •            L’implication des autorités sanitaires pour garantir un suivi médical adapté aux patients.

L’épilepsie, une maladie encore mal comprise

Au Cameroun, l’épilepsie est souvent perçue comme une maladie surnaturelle. Lorsqu’une personne fait une crise, elle est parfois abandonnée à elle-même, faute de compréhension du phénomène. Pourtant, la crise tonico-clonique, bien que spectaculaire, n’est qu’une manifestation de la maladie.

Les professionnels de santé rappellent que l’épilepsie est un dysfonctionnement du cerveau et qu’une prise en charge rapide et adaptée permet aux patients de vivre normalement.

La Journée mondiale de l’épilepsie est une occasion de sensibiliser, informer et déconstruire les idées reçues. Avec 50 millions de personnes touchées dans le monde, l’épilepsie ne doit plus être un tabou. L’amélioration du diagnostic, l’accès aux traitements et une meilleure éducation du grand public restent des priorités pour garantir une prise en charge efficace et réduire les discriminations.