Yaoundé, 5 mars 2025 – Un an après la suspension du Cameroun de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), le pays risque une radiation définitive d’ici six mois si des mesures urgentes ne sont pas prises. Face à cette menace, les organisations de la société civile (OSC) membres de l’ITIE tirent la sonnette d’alarme et dénoncent des blocages persistants dans le processus de mise en conformité.
Lors d’une conférence de presse tenue au siège de Transparency International Cameroun, les OSC ont mis en lumière de graves dysfonctionnements au sein du comité de suivi de l’ITIE, entravant la mise en œuvre des réformes attendues.

Un retard inquiétant dans la production des rapports
Le Cameroun devait produire son rapport ITIE 2022 avant décembre 2024, une obligation qui reste jusqu’à présent non satisfaite. Jean Mballa Mballa, directeur exécutif du CRADDEC et porte-parole des OSC, a déploré cette lenteur, soulignant que « l’absence de ce rapport compromet gravement la crédibilité du Cameroun auprès de ses partenaires internationaux ».
En plus des retards dans la publication des données, la passation des marchés publics liés à l’ITIE est marquée par un manque de transparence, tandis que la réorganisation du comité de suivi, initiée en janvier 2024, n’a toujours pas permis d’améliorer le fonctionnement du secrétariat permanent.

Une initiative paralysée par des blocages administratifs
Les OSC ont pris l’initiative de finaliser le rapport ITIE 2022 avec une échéance fixée au 7 mars 2025. Cependant, ce travail rencontre plusieurs obstacles. Selon Cyrille Tipane, point focal des OSC-ITIE, « nous faisons face à des lenteurs administratives et à un manque de coopération de la part des autorités, ce qui complique davantage la situation ».
Le principal problème réside dans les délais de paiement entre le ministère des Relations Extérieures et celui des Finances, ainsi que l’absence d’une commission interne des marchés publics fonctionnelle. « La coordination fait défaut et les priorités ne sont pas clairement définies », a ajouté Jean Mballa Mballa.
Un appel urgent à la transparence et à la responsabilité
Face à ces défis, Francis Simeu, représentant de Transparency International Cameroun, a insisté sur l’importance de la transparence dans la gestion des ressources extractives : « Une exclusion de l’ITIE serait un signal très négatif pour le Cameroun. Nous exhortons les autorités à prendre leurs responsabilités et à coopérer pleinement avec la société civile afin d’éviter une telle situation ».
Les OSC ont mis en place des stratégies internes pour renforcer leur participation et sensibiliser l’opinion publique sur l’importance de l’ITIE dans la gouvernance des ressources naturelles.
Un avenir incertain pour le Cameroun au sein de l’ITIE

Avec seulement six mois avant la décision finale de l’ITIE, le Cameroun doit agir rapidement pour éviter une radiation qui porterait un coup dur à sa réputation et à ses relations avec les bailleurs de fonds. Les regards sont désormais tournés vers les pouvoirs publics, dont la réactivité sera déterminante pour l’avenir du pays au sein de cette initiative internationale.