Crise foncière à Apouh : le préfet accuse le chef du village d’extorsion et défend la légalité des titres de la Socapalm

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Les 25 et 26 mars 2025, le village d’Apouh à Ngog (Édéa 1er, Sanaga Maritime) a été le théâtre d’une mobilisation populaire contre le programme de replantation de la Société Camerounaise de Palmeraies (Socapalm). Face à la contestation, le préfet Cyrille Yvan Abondo a tenu une conférence de presse pour rétablir les faits, accusant le chef de village, Sa Majesté Ditope Lindoume Mercure, d’obstruction au dialogue et de tentative d’extorsion de fonds.


Contestation d’un renouvellement de culture

La manifestation, menée notamment par les femmes de l’association Afrise, protestait contre la replantation annoncée sur des terres exploitées par la Socapalm. Arborant des tenues de deuil, les femmes ont dénoncé la perte de leur espace vital et exigé la rétrocession des portions dépassant les titres fonciers.

La Socapalm, de son côté, soutient qu’il ne s’agit pas d’une extension, mais d’un renouvellement de culture sur des parcelles déjà couvertes par le titre foncier N° 184/SM, enregistré depuis 1960.

Le préfet réagit et accuse le chef du village

Dans un ton ferme, le préfet Abondo a rappelé que les titres fonciers détenus par la Socapalm sont antérieurs à la fondation administrative du village d’Apouh. Il a accusé le chef traditionnel de manipulation et de blocage des négociations en cours depuis 2022. Contrairement aux chefs de Dehanè et de Koukouè qui ont validé les propositions issues des concertations tripartites, celui d’Apouh a refusé d’y prendre part.

Des accusations graves d’extorsion

Le préfet est allé plus loin en affirmant que Sa Majesté Ditope aurait conditionné la signature des documents de concession à une demande de 50 millions de FCFA, qu’il aurait exigée de la Socapalm. Une accusation qualifiée de « tentative d’extorsion » par les autorités locales, qui dénoncent une attitude indigne d’un auxiliaire de l’administration. Cette signature est pourtant indispensable pour que la rétrocession de certaines terres soit validée par le MINDCAF.

Le chef du village contre-attaque

Interpellé par la presse, le chef Ditope a exprimé sa surprise face à ces accusations qu’il juge infondées. Il a annoncé vouloir saisir la justice pour laver son honneur et défendre sa réputation auprès des siens.

La Socapalm réaffirme son engagement

L’entreprise agro-industrielle, en pleine opération de renouvellement de ses plantations, dit respecter les principes de la Table Ronde sur l’Huile de Palme Durable (RSPO). Elle se dit prête à poursuivre le dialogue dans le cadre des réunions tripartites avec l’administration et les représentants des communautés.

Un conflit révélateur d’un enjeu national

Ce bras de fer met en évidence les limites de la gouvernance foncière dans les zones rurales camerounaises. La crise d’Apouh illustre les tensions profondes entre modernisation agricole, revendications communautaires, et encadrement administratif souvent perçu comme opaque ou partial. Une résolution durable ne pourra émerger que d’un dialogue franc, équitable et juridiquement encadré entre toutes les parties.