Accusé publiquement par le préfet de la Sanaga-Maritime d’extorsion et d’obstruction dans le litige foncier opposant son village à la Socapalm, Sa Majesté Ditope Lindoume, chef de la chefferie d’Apouh, a répondu avec fermeté. Dans un droit de réponse transmis aux autorités et à l’opinion publique, il rejette les propos du préfet Abondo et exige le respect de l’histoire de sa communauté et des instructions ministérielles ignorées.
Rejet des accusations et rappel des faits
Dans ce droit de réponse, le chef Apouh qualifie les déclarations préfectorales de « malencontreuses et regrettables », dénonçant une tentative de manipulation publique visant à « le clouer au pilori ». Il affirme avoir toujours été engagé dans la Tripartite (État – Socapalm – communauté), soulignant avoir désigné un représentant à défaut de pouvoir y assister personnellement.
Il reproche au préfet un manque de dynamisme dans la gestion de cette commission, n’ayant reçu que deux convocations depuis l’arrivée de l’autorité, toutes orientées vers la replantation et non vers la résolution globale du conflit foncier.
Antériorité du village et validité des titres fonciers en question
Le chef Ditope réfute fermement les propos du préfet selon lesquels Apouh n’existait pas en 1960. Il soutient que le village est un établissement séculaire, bien antérieur aux titres fonciers attribués à la Socapalm, et accuse l’administration d’avoir délocalisé artificiellement certains titres sur un site nouvellement baptisé « Déhané » dans les années 70.
Il remet ainsi en cause la légitimité de l’occupation actuelle des terres par l’entreprise agro-industrielle, soulignant que plus de 90 % du territoire villageois serait aujourd’hui exploité sans concertation ni compensation juste.
Instructions ministérielles ignorées
Le chef rappelle que le MINDCAF a formellement ordonné, dès septembre 2023, la reconstitution contradictoire des limites foncières litigieuses et la suspension des replantations. Ces directives, selon lui, n’ont jamais été appliquées, ce qui alimente la colère des populations.
Il rejette l’idée d’avoir manipulé les siens, expliquant que les mobilisations récentes ne sont que la conséquence directe du non-respect des instructions ministérielles et de l’inaction préfectorale.
Une accusation d’extorsion jugée diffamatoire
Au sujet de la prétendue demande de 50 millions de FCFA évoquée par le préfet, Sa Majesté Ditope se dit « outré » et met au défi quiconque d’en fournir la preuve. Il y voit une tentative de discrédit personnel, contraire à son engagement au service de sa communauté.
Il précise que le sous-préfet d’Edéa 1er avait lui-même ordonné la suspension des travaux et recommandé un dialogue rapproché entre la Socapalm et les populations d’Apouh.
Un appel à la concertation
Malgré l’escalade verbale, le chef Apouh réaffirme son attachement au dialogue. Il assure que « les portes de la chefferie restent ouvertes » pour une concertation juste et équilibrée. Il appelle l’État à faire respecter ses propres textes et à favoriser un règlement apaisé.
Ce nouveau développement dans le bras de fer entre la Socapalm et le village d’Apouh replace l’administration préfectorale au centre de la controverse. Tandis que la société agro-industrielle tente de poursuivre son programme de replantation, la question de la légitimité foncière, du respect de l’histoire locale et du rôle de l’État reste au cœur d’un débat brûlant.