L’Afrique vient de franchir un cap important dans son histoire financière et institutionnelle. Lors des Assemblées Annuelles de la Banque Africaine de Développement (BAD), qui se tiennent actuellement à Abidjan, en Côte d’Ivoire, Sidi Ould Tah, éminent économiste mauritanien, a été élu neuvième président du Groupe de la BAD. Cette élection très attendue marque un tournant stratégique pour l’avenir du continent, à un moment où les défis économiques, sociaux et climatiques exigent une vision claire, des réformes audacieuses et un leadership fort.
Une Élection au Sommet de la Gouvernance Africaine

L’annonce officielle de cette élection a été faite par Nialé Kaba, Ministre ivoirienne du Plan et du Développement, et Présidente du Conseil des Gouverneurs du Groupe de la BAD. Le Conseil des Gouverneurs, composé des Ministres des Finances et des Économies ainsi que des Gouverneurs des Banques Centrales des 81 pays membres (54 africains et 27 non-africains), constitue l’organe suprême de décision de l’institution. Par leur vote, ils ont confié les rênes de la plus grande banque de développement africaine à une personnalité reconnue pour son engagement, sa rigueur et sa compréhension fine des enjeux africains.
Un Moment Décisif pour le Continent
L’arrivée de Sidi Ould Tah à la tête du Groupe de la BAD intervient à un moment crucial pour l’Afrique. La conjoncture géopolitique mondiale, marquée par les tensions internationales, la crise climatique, les inégalités croissantes et les besoins accrus en infrastructures, exige des solutions durables et inclusives. La BAD, en tant que moteur du développement économique du continent, devra plus que jamais jouer un rôle de catalyseur, mobilisant les ressources, les innovations et les partenariats nécessaires à la réalisation des ambitions du continent.
Dans son mandat, le nouveau président devra donner un nouvel élan aux “High 5” – ces cinq priorités stratégiques qui traduisent l’engagement de la Banque pour :

• Éclairer l’Afrique et l’alimenter en énergie,
• Nourrir l’Afrique,
• Industrialiser l’Afrique,
• Intégrer l’Afrique,
• Améliorer la qualité de vie des populations africaines.
Le Thème 2025 : Capital Africain et Développement
L’édition 2025 des Assemblées Annuelles est centrée sur un thème clé : “Faire en sorte que le capital de l’Afrique travaille mieux pour le développement de l’Afrique”. Ce thème traduit une volonté ferme de repenser les mécanismes de financement et de gestion du capital sur le continent. Il s’agit de stimuler les investissements africains, de renforcer les capacités de gouvernance économique, et de faire de la BAD un levier de confiance pour les investisseurs publics et privés.
Sidi Ould Tah : Un Parcours Exemplaire au Service du Développement

Avant sa nomination à la tête de la BAD, Sidi Ould Tah occupait le poste de Directeur Général de la Banque Arabe pour le Développement Économique en Afrique (BADEA). Économiste de formation, ancien ministre du Développement Rural en Mauritanie, il est reconnu pour son expertise en politique de développement, en financement structuré et en gouvernance institutionnelle.
Son leadership à la BADEA s’est distingué par l’élargissement des partenariats stratégiques, la promotion de projets à fort impact, et la consolidation d’une vision panafricaine de la croissance inclusive. C’est donc fort de cette expérience que Sidi Ould Tah prend les commandes de la BAD, avec pour ambition de moderniser l’institution, d’accélérer son impact sur les territoires africains, et de rapprocher encore davantage la Banque de ses bénéficiaires.
La BAD : Un Mécanisme de Coopération Unique
Le Groupe de la BAD est constitué de trois entités interdépendantes :
1. La Banque Africaine de Développement (BAD), bras financier majeur,
2. Le Fonds Africain de Développement (FAD), qui soutient les pays à faibles revenus,
3. Le Fonds Fiduciaire Nigérian, créé pour renforcer les capacités d’investissement du Groupe.
Avec ses 81 pays membres, le Groupe de la BAD est un modèle unique de coopération Nord-Sud et Sud-Sud, favorisant le financement de projets d’infrastructure, d’intégration régionale, d’autonomisation des femmes, d’innovation technologique, de résilience climatique, entre autres. Il se positionne comme un acteur de premier plan dans la transformation structurelle de l’Afrique.
Une Feuille de Route à Suivre de Près
Le mandat de Sidi Ould Tah devrait s’articuler autour de plusieurs priorités :
• Renforcement de la mobilisation des ressources domestiques et des financements innovants ;
• Accélération de l’intégration régionale à travers des projets d’infrastructure transfrontaliers ;
• Soutien à l’entrepreneuriat des jeunes et des femmes, piliers de la croissance démographique ;
• Intensification des investissements verts pour faire face aux changements climatiques ;
• Optimisation de l’efficacité et de la transparence dans la gestion des projets financés.
Les prochains jours des Assemblées Annuelles, qui se poursuivent jusqu’au 30 mai 2025 à Abidjan, permettront d’esquisser les grandes orientations du nouveau leadership et d’ouvrir le dialogue avec les partenaires techniques et financiers sur les nouvelles perspectives de croissance africaine.
L’Afrique au Cœur de l’Histoire
Avec l’élection de Sidi Ould Tah, l’Afrique s’offre une occasion de faire entendre sa voix avec davantage de fermeté sur les grandes scènes économiques internationales. C’est aussi une opportunité d’incarner une nouvelle génération de leadership africain, pragmatique, inclusif et résolument tourné vers l’impact. Le défi est immense, mais les attentes sont tout aussi élevées. Le président élu a désormais la lourde tâche de transformer les promesses de la BAD en résultats tangibles pour les peuples africains.