SUCCESSION À LA CHEFFERIE BANGOU : LE BRAS DE FER PERDURE

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DEUX PRINCES INITIÉS POUR LE TRÔNE ROYAL DANS DEUX LA’AKAM !

L’HONORABLE DATOUO THEODORE DÉCLARE QU’ON NE SAURAIT BALAYER LES ANNÉES DE RÉGENCE, ET DES PRINCES ET NOTABLES EXIGENT LE RETOUR À LA LIGNÉE.

On avance vers ce qu’on appellerait chefferie légitime et shadow chefferie dans le village Bangou si l’on s’en tient à l’évolution actuelle de la situation.

D’un côté on a le prince NGANGBOU KEMAYO Maurice (photo 1) qui est initié au la’akam situé au quartier Kontchap à TCHELA. Un lieu offert selon nos sources au roi KUIPOU NANA SINKAM  lors de sa sortie de la chefferie en 1950.

De l’autre côté, à l’actuelle chefferie, on a également le prince TCHIHOU TAYO Arnaud (photo 2) qui est placé sous haute sécurité policière depuis son entrée dans ce lieu.

photo 1photo 2

Dans cette fronde, les acteurs évoquent  chacun ses raisons. MBA BIEU DIBOU YOUKEP, le notable qui a arrêté le prince NGANBOU KEMAYO MAURICE fils du défunt roi KEMAYOU Paul Bernard signale que son geste n’était pas un fait de hasard : « Je l’ai fait parce qu’il revenait à moi et à moi seul d’arrêter le chef BangouJe l’ai fait parce que c’est mon père qui a arrêté le chef SINKAM tout comme il a arrêté le chef KEMAYO. Il revenait à moi qui suis son successeur d’arrêter le successeur de KEMAYO. Je précise que les deux autres chefs qui sont passés assuraient l’intérim. Il était donc temps de revenir sur la lignée. Pour le faire, il y a un comité de notables qui a décidé et il me revenait le rôle d’arrêter le chef qui est un descendant de KEMAYO. Je l’ai arrêté et je l’ai remis à qui de droit qui est le chef supérieur Bazou selon notre tradition. »

QUI DE L’HONORABLE DATOUO ET DES PRINCES FILS KEMAYO AURA LE DERNIER MOT ?

Le 24 janvier 2019, les restes du roi KEMAYO mort en exil en Guinée Conakry sont ramenés et portés nuitamment au panthéon sacré des souverains à la chefferie Bangou ce qui donne lieu à l’annonce traditionnelle du deuil. Cependant, un fait marque les esprits le 25 janvier, le rite de la bastonnade du mouton qui donne lieu à l’ouverture des lamentations dessine à l’horizon un spectre de contestations parce que lors des arrangements, les parties s’entendent pour prononcer les noms des rois KEMAYO et TAYO II Marcel. Or, le monsieur qui se charge dudit rite prononce uniquement le nom de KEMAYO. Le 28 janvier soit trois jours après la disposition des banderoles sur le site de la chefferie donne à réfléchir car celle de sa majesté KEMAYO Paul Bernard est placée à l’entrée principale et celle de TAYO II vers la sortie. On se souvient également de cet événement comme un film le 28 janvier dernier lors desdites obsèques du roi TAYO couplées à celles du roi KEMAYO Bernard. Les discours du comité d’organisation laissent croire que toutes les querelles ont été tuées jusqu’à ce que commence le tour du deuil, le clou de la cérémonie funèbre de la chefferie en pays Bamiléké qui permet d’arrêter parmi les princes, le futur roi. Le prince NGANGBOU KEMAYO Maurice est arrêté et présenté au roi Bazou mais tout d’un coup, l’honorable DATOUO Théodore et compagnie sautent à la hâte à la tribune des autorités traditionnelles pour rejeter ce choix tout en bousculant celui-ci. Quelques minutes après le prince TCHIHOU TAYO  Arnaud est à son tour arrêté et jugé recevable par le clan de l’honorable DATOUO. C’est la cacophonie, les forces de maintien de l’ordre utilisent la matraque pour disperser la foule.

Pendant que TCHIHOU TAYO Arnaud est conduit dans la forêt sacrée, NGANBOU KEMAYO Maurice est conduit au la’akam. C’est un autre épisode du feuilleton très riche en suspens. L’autorité traditionnelle quitte les lieux tout comme une bonne partie de l’élite. Les curieux  et les différentes factions se déportent sur le site du la’akam de l’actuelle chefferie. Pendant près d’une heure les tractations sont ardues. Les forces de maintien de l’ordre s’introduisent au la’akam et exfiltrent le prince NGANGBOU KEMAYO Maurice. Ses frères et notables portés sur son choix n’avalent pas la pilule et c’est ainsi qu’ils se déporteront au lieu sus-cité où il suit son initiation. Quelques minutes après, lors d’un point de presse y relatif initié par l’honorable DATOUO, il se justifie : « Il se pose un problème, TAYO a régné 39 ans, son père a régné 12 ans  ça fait 51 ans, un demi siècle de règne. C’est eux  qui ont reconstruit Bangou. C’est grâce à eux que Bangou renaît de ses cendres. Alors des gens qui ont servi autant, des gens pensent qu’on va balayer d’un revers de main leur règne pour redonner à celui là qui avait abandonné en 1960. Nous disons non ce n’est pas possible ! »

Arguments balayé d’un revers de main par le prince YEPMO Aristide qui exige un retour à la lignée : « Les bavures d’une élite qui s’est infiltrée dans le la’akam avec 12 policiers pour faire exclure un roi arrêté sur la place publique par le notable compétent et présenté au roi Bazou qui assure le parrainage et qui coordonne le processus de désignation à Bangou depuis la création. Le roi KEMAYO Paul Bernard s’est exilé pour avoir la vie sauve au temps du maquis et donc n’a pas abandonné le village. »

UNE CORRESPONDANCE AU PREFÉT DES HAUTS-PLATEAUX  POUR EXIGER LE RETOUR A LA LIGNÉE

Une semaine après l’entrée au la’akam du prince NGANBOU KEMAYO Maurice, la danse secrète KOUGANG a été exécutée pour purifier le site de son initiation par une trentaine de notables. Une mise en garde pour la suite des événements selon les observateurs de la scène traditionnelle qui maîtrisent bien la scène traditionnelle et la signification de ladite danse.

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À la rencontre de ceux qui exigent le retour à la lignée, nous avons le chef du village BANDIENSEU du groupement Bangou, TAYO Sébastien dit FIABA DELCANO,  l’un des signataires de la correspondance adressée au préfet«Je sais d’une manière traditionnelle que la succession du chef du groupement Bangou crée problème mais avant la chefferie Bangou,  nous étions au nombre de 7 villages  annexés dans l’histoire par le chef Bangou. C’est cet ensemble et ses chefs qui forment le groupement Bangou. Nous avons constaté avec amertume qu’il y a des polémiques au sujet du choix du chef du groupement. Je précise que ce choix pour introniser le chef du groupement ne dépend pas des élites. Il y a un groupe de gens  chargé de l’arrestation des chefs et dans notre histoire du groupement  Bangou, quand nous faisons notre tradition, le chef Bazou s’en chargeNous savons qu’il  est là pour faire ce que la tradition exige et il avait joué son rôle le 28 janvier 2019 et malgré son âge, il est venu procéder à cet exercice afin de nous permettre d’honorer notre traditionDans cette correspondance, nous lui rappelons les clauses de la réunion du 10 décembre 2018 lesquelles résolutions ne sont pas respectées par certains. Ce jour là, nous avons formulé sur place trois résolutions. La commission de réconciliation qui était tout à fait logique à Bangou, la commission de ceux qui devraient aller vers les chefs afin de confier ce chef au chef Bazou et celle chargée d’enterrer les chefs à savoir, DJOMEMENGOU et sa majesté KEMAYO  Bernard. C’est lorsque nous découvrons que certains balayent ces résolutions que nous décidons de mettre en garde certains sur le fait que la chefferie royale à Bangou  a ses enfants  et donc qu’on les laisse gérer leur problème. Désormais nous même, les chefs des 7 groupements, nous soumettons aux  décisions de ces princes. »

Dans la même lancée, Dr MBOUGUEM Emmanuel dit Sob YEPNANG précise : «  Dans la coutume Bangou et même Bamiléké, on ne succède pas à un être qui est vivant. J’étais là en 1967 et il ne s’agissait pas d’une succession mais d’une régence. Le roi DJOMO l’a toujours proclamé la preuve, ses enfants sont là pour soutenir le nouveau roi successeur de KEMAYO. Donc, le roi DJOMO était là pour une régence comme il l’a toujours dit. Quand il est mort, son successeur est venu succéder à un régent mais selon Marcel II TAYO, ce n’était pas une régence. Il s’est comporté en chef traditionnel  Bangou. Ce qui n’est pas acceptable et selon notre tradition, vous verrez que celui qui a arrêté DJOMOU TAYO ce n’est pas celui qui est habileté à le faire et le chef Bazou qui valide les chefs Bangou n’était pas présent. Nous avons réclamé corps et âme qu’on se mette ensemble et nous avons vu que certains avaient un agenda caché. Je vous jure que nous sommes derrière le chef NGANBOU parce que la tradition nous oblige. »

Qui aura le dernier mot ? Nous suivrons ce feuilleton à rebondissement.

Flore KAMGA KENGNE

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