CAMEROUN : ARRIVÉE DES MISSIONNAIRES ET CHUTE DE LA TRADITION BAMILÉKÉ.

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Nos ancêtres qui ont vécu à Nkongsamba dans les années 1935 et au village Banka dans les années 1950, surtout les grands prêtres (traditionnels) ont sacrifié leurs vies pour sauvegarder notre tradition.

En effet, le Missionnaire explorateur est venu faire un grand sacrilège en violant la montagne sacrée où est implanté aujourd’hui la Cathédrale du Diocèse de Nkongsamba.

Le même Missionnaire (chargé de mission) a détruit le totem et le patrimoine de la chefferie BANGA FUTAK, qui était en conflit avec le Royaume BANKA. La Cathédrale du Diocèse de Bafang a étouffé voire phagocyté les icônes sacrés de ce village de voyants.

Cathedrale de Banka 2cathédrale-Banka

Le missionnaire, sous le manteau de l’évangélisation, a volé les statues et autres vases sacrés de ce village qui était le conservateur de tout ce qui était sacré et occulote dans le royaume Banka ! C’est de BANGA FUTAK que sortait l’arc-en-ciel qui annonçait aux initiés qu’un événement allait se produire à bref ou moyen terme.

Quelques anecdotes pour illustrer notre propos.

Quand le Pape allait annoncer la nomination du premier évêque du Diocèse de Bafoussam, Mgr Denis NGANDE, l’arc-en-ciel a paru trois jours consécutifs au-dessus de l’église en prenant la direction de BABOUANTOU et BANDJA d’où ce « Messie » était né. Les chefs Traditionnels de BAFANG, de BANDJA, de FONDJOMEKWET, de BABOUANTOU, de BANA, de BAKASSA et de BAKOU ont immédiatement improvisé un conclave au cours duquel ils ont demandé aux différents voyants et prêtres du Haut-Nkam ce que signifiait ce bouleversement « météorologique » comme disent les savants.

On leur a dit qu’un grand enfant allait prendre le trône, mais devait régner depuis Bafoussam. Poussant leurs investigations un peu plus profondément, les mages ont révélé qu’un enfant de l’arrondissement de BANDJA allait commander « même les prêtres Blancs » qui étaient légion dans notre Province à l’époque. Dix jours plus tard, le Pape confirmait le fruit de la voyance de nos « sorciers, fils de satan » comme les qualifiaient les Blancs. Les chefs traditionnels sont venus nuitamment à la Paroisse Cœur Immaculé de Marie de Banka et prendre Mgr GANDE Denis pour aller le « blinder» (On lui a fait passer les épreuves que chaque Roi passe (traverse au la’akam) avant d’accéder au trône. On lui a fait manger les mets initiatiques, symbole de bénédiction et de renforcement de l’aura du récipiendaire, que les Blancs appellent pompeusement « sainte communion »). Mgr GANDE Denis s’est plié au jeu puisqu’il connaissait le pouvoir de la tradition et de l’inculturation sur les hommes des hautes montagnes de l’Ouest.

Quand Mgr Albert DONGMO a été sacré Evêque du vaste Diocèse de Nkongsamba en 1964, il s’est immédiatement rendu à Bafou, son village natal et s’est rendu dans la forêt sacrée où sous l’arbre  du même qualificatif, les Evêques Traditionnels « TAA NKOUGA » l’ont initié, l’ont sacré traditionnellement et lui ont donné quitus pour aller servir Dieu avec autorité et humilité. Quand le gars est sorti de la forêt sacré de Bafou, il rayonnait comme le Christ après la Transfiguration !

En faisant abattre ces arbres millénaires, outre le fallacieux prétexte d’évangélisation ou de christianisation des populations, l’Église Catholique voulait ainsi, malicieusement et criminellement, asservir les Rois qu’elle a baptisés CHEFS TRADITIONNELS et l’administration coloniale  a entériné ce vocable qui ridiculise nos majestés jusqu’aujourd’hui et rend ces élus de droit divin sujet de la politique et des politiciens !

Les chercheurs camerounais, les leaders d’opinion, les médias et même l’Église doivent faire en sorte que cette chosification de nos Rois et de nos Princes disparaissent des lèvres de nos enfants.

Si nos enfants ne respectent plus les Princes et la tradition aujourd’hui, c’est à cause de l’Église et de l’Administration qui a asservi leurs ancêtres en essayant de tuer la tradition pour une modernité hybride et incohérente.

Charles SIEYADJE, le Scribouillard.

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