“ C’est vrai que le commerce électronique prend de l’ampleur dans le continent africain et personne ne peut le nier. Mais si on résout le problème de l’adressage dans les pays à fort potentiel comme le Cameroun, alors on aura donné un coup de force pour l’accélération de la croissance de cette activité ”. C’est ce que déclarait Lionel Mobi, directeur des opérations de Jumia Cameroun.
Tout comme Lionel Mobi de la plateforme Jumia (première licorne africaine), nombreux sont les observateurs et les spécialistes qui affirment que le développement du commerce électronique est inéluctable en Afrique. Que ce soit le nombre de vendeurs en ligne, le nombre de produits vendus en ligne ou encore le nombre d’e-acheteurs, tous les indicateurs sont au vert. Dans son dernier rapport financier rendu public il y a quelques mois, la plateforme Jumia affirmait disposer de plus de 4 millions de consommateurs et de plus de 80.000 vendeurs. Des chiffres en permanente évolution.
Mais si les indicateurs sont au vert, il reste que la croissance de cette activité est très lente dans le continent. Le dernier rapport de la conférence des Nations Unies affirme que l’Afrique représente 2% du commerce électronique mondial. Le continent reste donc largement en retard de ce nouveau mode de consommation et plusieurs facteurs peuvent expliquer ce ralentissement: le manque d’infrastructures de qualité comme les routes, une faiblesse du système bancaire et surtout une insuffisance d’adresses postales.
L’une des premières conditions pour se lancer le commerce électronique, c’est de disposer d’un système adressage fiable. Qui dit commerce électronique, dit échange en ligne entre un vendeur et un acheteur et ceci par l’utilisation une plateforme. Pour pouvoir livrer un produit commandé en ligne, le vendeur doit pouvoir identifier un client à travers une adresse postale claire. Par contre dans la majorité des pays africains, ce système est encore faible voir parfois inexistant. “Pour venir chez moi, c’est après le carrefour de la mort, puis à gauche tu as une vendeuse de rideaux…”, voilà comment un client indique son domicile au Cameroun comme dans d’autres pays d’Afrique. S’orienter en ville relève du casse-tête faute d’une toponymie fiable, malgré de timides tentatives d’adressage. “Carrefour j’ai raté ma vie”, “Carrefour de la mort” à Yaoundé…Les appellations usuelles voire fantasques s’imposent face aux noms officiels des rues quand il en existe. Même histoire au Gabon voisin, où les taxis de Libreville s’orientent comme ils peuvent, dans les rues “Derrière la prison” ou dans les environs de “l’immeuble Hassan Hejeij“, du nom d’un entrepreneur d’origine libanaise qui a fait de belles affaires dans la capitale. Résultat: trouver un commerce, un médecin ou une pharmacie en urgence, un restaurant, une ambassade ou un domicile privé, demande de la patience dans certaines villes confrontées à de sérieux problèmes d’urbanisation et où l’habitat spontané est très répandu.
Mais en attendant de résoudre définitivement les différents problèmes qui freinent le développement du commerce électronique, certains acteurs ont trouvé des moyens pour servir les clients dans les mêmes conditions que dans les pays développés. C’est le cas de Jumia qui depuis 7 ans d’existence, a réussi à s’adapter à son environnement en créant des conditions idéales pour pouvoir servir les clients partout dans les grandes villes mais également dans les zones rurales.