Le rapport national sur le développement humain pour le compte de l’année 2019, a été rendu public le jeudi 16 janvier 2020, couplé au lancement du rapport global sur le développement humain sous le thème « au-delà des revenus, des moyennes et du temps présent ». C’était à l’hôtel Hilton de Yaoundé au cours d’une cérémonie que co-présidaient le ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire, Alamine Ousmane Mey, et la coordonnatrice du système des Nations Unies au Cameroun, Allegra Maria Del Pilar Baiocchi.
Placé sous le thème « croissance inclusive, inégalités et exclusions », ce rapport national sur le développement humain (RNDH) est un recueil de données et d’analyses qui apporte des éclairages importants notamment sur les inégalités sociales et les disparités territoriales, ainsi qu’à la perception de l’exclusion par les populations camerounaises. En outre, ce document de 279 pages structuré en 7 chapitres, présente les leviers sur lesquels les pouvoirs publics devraient intensifier leurs actions en vue de garantir un développement social harmonieux du Cameroun afin d’intégrer tout le monde dans la chaîne d’action.
Plusieurs inégalités persistantes et ne favorisant pas l’inclusion, figurent dans ce rapport. L’on peut citer la faible transformation structurelle de l’économie ; la faible productivité du secteur agricole ; la prédominance de la pauvreté en milieu rural ; l’exclusion sociale à prédominance spatiale, la persistance des disparités spatiales. En outre, la décentralisation embryonnaire; l’appareil statistique inadéquat ; la faible efficacité de lutte contre la corruption ; la persistance des inégalités de genre ; le faible alignement des dépenses publiques avec les priorités du DSCE constituent aussi les inégalités qui plombent notre développement humain.
Pour pallier ces manquements et atteindre une croissance plus inclusive, plusieurs recommandations sont formulées au 7e chapitre du RNDH. Il s’agit du soutien et du partage équitable des gains de la croissance ; de l’amélioration des performances de l’administration publique et du système de protection sociale ; de la promotion de la transformation du secteur agricole ainsi que des synergies entre l’agriculture et l’industrie. Il est recommandé également de réduire les inégalités de genre et promouvoir l’éducation des filles ; d’approfondir la décentralisation du pouvoir politique et de promouvoir le développement d’un secteur privé dynamique pour combattre l’informatisation des activités économiques.
Réactions
Alamine Ousmane Mey, ministre de l’économie, de la planification et de l’aménagement du territoire.
« Il faut souligner que le Cameroun avec l’assistance et l’appui de ses partenaires, a fait des progrès importants en matière de réduction d’inégalités. En 2018, on a un indexe qui se trouve à 0,563, qui nous met dans la catégorie des pays moyens, c’est un progrès qui ne donne pas toute l’ampleur à la volonté que nous voulons imprimer à la réduction des inégalités. C’est pourquoi il est important de poursuivre ces efforts-là au niveau des politiques publiques en associant toutes les personnes et couches sociales impliquées dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques. Et la décentralisation en cours dans notre pays va contribuer à apporter plus d’inclusion dans la préparation, l’élaboration et l’implémentation des politiques. Ensuite, il s’agit d’aligner l’allocation des ressources aux politiques qui vont viser la réduction de la pauvreté, des inégalités et beaucoup plus l’inclusion en matière de redistribution de la richesse qui est créée. Il ne faut pas oublier les nouvelles inégalités comme l’accès à l’enseignement supérieur, l’accès au haut débit, les dérèglements climatiques. etc. »
Allegra Maria Del Pilar Baiocchi, coordonnatrice du système des Nations Unies au Cameroun.
« Le thème de ces deux rapports parle d’inégalités, souvent à la base d’instabilité. Il indique que même s’il y a des efforts qui ont déjà été faits tant au niveau national que global, il y a encore beaucoup à faire et donc il faut continuer, mieux comprendre les causes à s’y attaquer et le message est d’aller au-delà des moyens et des chiffres et regarder les gens là où ils habitent. Surtout ici au Cameroun, il faut regarder les inégalités spatiales, on a vu les différences dans les régions et on les connait et aussi l’importance des différences qu’il y a par rapport aux jeunes. On a le choix, on peut redresser ces inégalités, on doit redresser ces inégalités surtout ensemble donc ces rapports nous donnent beaucoup de pistes de travail, sur les investissements. Le Cameroun est un grand champion des ODD »