Affaire Glencore : Me Akere Muna dénonce la gestion opaque de la SNH

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Dans une récente déclaration, Me Akere Muna a critiqué la Société Nationale des Hydrocarbures (SNH) pour sa gestion de l’affaire Glencore, en particulier en ce qui concerne les accusations de corruption impliquant la multinationale et certains de ses hauts responsables. Me Muna a tenu à clarifier les faits à la suite d’un communiqué publié par la SNH, qu’il estime inexact et trompeur.


Un communiqué de la SNH jugé erroné

Me Muna a réfuté l’affirmation de la SNH selon laquelle le tribunal de Westminster se serait déclaré incompétent dans cette affaire. Il a expliqué que la cour a bel et bien entendu les parties impliquées et a transféré l’affaire à la Southwark Crown Court, où les accusés devraient comparaître le 8 octobre 2024. Selon l’avocat, loin de se désister, la cour a pris acte de la gravité des infractions et a poursuivi le processus judiciaire en fixant une date pour les inculpations formelles.

Des actions retardées et une complicité suspectée

Me Muna n’a pas mâché ses mots en dénonçant ce qu’il considère comme une gestion défaillante de la SNH. Il rappelle que lorsqu’il avait initialement révélé l’affaire Glencore, la SNH avait d’abord nié les accusations, avant de changer de position et de demander à la multinationale les noms des employés impliqués dans les faits de corruption. Me Muna s’interroge sur la logique d’une telle démarche : « Comment peut-on demander aux criminels de divulguer les noms de leurs complices ? », s’est-il exclamé.

Il reproche également à la SNH de ne pas avoir pris de mesures concrètes contre Glencore, malgré les aveux de la compagnie et la gravité des accusations. Me Muna cite le principe juridique bien connu, Fraus omnia corrumpit (la fraude corrompt tout), pour souligner que la SNH aurait dû immédiatement mettre fin aux contrats obtenus frauduleusement. Or, aucune action civile n’a été intentée, et les relations avec Glencore ont perduré jusqu’à récemment, selon certaines sources.

Une stratégie dilatoire ?

Me Muna a également accusé la SNH de collusion tacite avec Glencore. Il a noté que la compagnie semble accorder plus de crédit à une prétendue impossibilité de Glencore de divulguer des informations, invoquant un accord avec le Serious Fraud Office (SFO) au Royaume-Uni, alors même que la compagnie est obligée, en vertu d’un accord de plaidoyer signé avec le Département de la Justice des États-Unis, de répondre aux questions des autorités camerounaises jusqu’en 2025.

Le juriste exprime son indignation face à l’absence de sanctions publiques ou d’actions judiciaires locales contre Glencore. Selon lui, la SNH aurait dû saisir cette occasion pour clarifier les mesures prises, notamment lors de réunions stratégiques comme celles tenues à la présidence. Me Muna conclut que le Cameroun, impliqué dans l’un des plus grands scandales de corruption du siècle, devrait ressentir une honte collective face à cette situation.

Un ministre des Finances proactif

Dans cette affaire complexe, Me Muna a salué le Ministre des Finances du Cameroun pour sa ténacité. Il souligne que ce dernier continue d’explorer des pistes d’enquête, notamment en matière de fraude fiscale et douanière, pour laquelle Glencore a déjà reconnu des irrégularités dans des juridictions étrangères.

Alors que l’affaire Glencore continue de faire couler beaucoup d’encre, la position de Me Akere Muna rappelle l’importance de la transparence et de l’impartialité dans la gestion des affaires publiques. Il appelle la SNH à agir avec davantage de rigueur et de responsabilité face à ce scandale, afin de rétablir la confiance du public et de démontrer l’engagement du Cameroun en matière de bonne gouvernance.