CAMEROUN : DÉJÀ 5 MORTS 5 JOURS CHEZ LES DÉPLACÉS DE BAFOUSSAM FAUTE DE SOINS MÉDICAUX.

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LA MORT SE BOUFFE DÉSORMAIS COMME LA TONTINE DANS CES MAISONS DE FORTUNE AU QUARTIER MAETUR. EN L’ESPACE DE CINQ JOURS SEULEMENT, LE COMPTEUR MARQUE DÉJÀ CINQ VICTIMES.

Il est 10 heures à notre montre lorsque nous visitons ces déplacés des quartiers Maétur et Lagueu Baleng dans l’arrondissement de Bafoussam 2ème. Ils sont au nombre de 10, 12 et 16 dans ces maisons de fortune à eux offertes grâce à l’intervention du curé de la paroisse Saint Patrick. Nous pouvons dénombrer parmi ces habitants, 18 enfants âgés entre 3 et 10 ans. Ils n’ont encore rien mis sous la dent à cette heure où dans certaines maisons voisine on s’apprête à prendre le repas de la mi-journée.

Dans la première maison dont nous avons pu avoir accès, un enfant de 10 ans est couché sur une natte à la véranda. Ses parents ventres affamés ne pensent pas à le soigner. Il n’a pris aucun calmant nous apprend-on.

À 400 mètres de ce domicile, c’est la douleur et consternation : une jeune fille  de 9 ans a rendu l’âme à la veille.  Juste à quelques pas de là, un jeune homme de 19 ans qui s’exerçait comme transporteur par moto taxi est également passé de vie à trépas 2 jours avant.  Non loin, un garçon de 7 ans est décédé jeudi dernier des suites d’une courte fièvre nous a t’on appris. Un peu plus loin dans une maison de fortune, nous rencontrons un berger impuissant devant ses 4 enfants gravement malade : «  J’ai vu ma mère mourir entre mes bras par manque de moyens pour la conduire à l’hôpital, mon enfant est décédé, et voilà 4 de ses frères gravement malades ».

L’ancien berger, le regard apeuré et plein de tristesse poursuit en relatant les raisons qui l’ont conduit loin de Bamenda : « Tous mes bœufs ont été assassinés. Je suis berger et c’est tout ce que j’ai appris comme métier. Je vois ma famille partir en lambeau et mourir sans soin. On vit au jour le jour en espérant un miracle. »

LA PAROISSE SAINT PATRICK TEL UN CENTRE D’ASSISTANCE

Si ces déplacés ont eu un abri grâce à l’intervention du curé de ladite paroisse, il n’en demeure pas moins que le besoin reste pressant : « Ils ont faim, certaines personnes offrent des vêtements et chaussures mais ce n’est pas de ça dont ils ont besoin. Ils vivent dans la misère, tassés comme des animaux. Le cas qui m’a le plus ému est celui d’une maman. Elle est arrivée ici avec ses 3 filles, amaigries et fatiguées. Je leurs ai remis 4 morceaux de savon et la maman a fondu en larmes. Lorsque je lui ai remis un matelas enlevé sur le lit de la chambre des étrangers, elle a essuyé mes pieds comme si j’étais son Dieu. »

S’il est toujours resté confiant face à ces multiples cas de misères, le curé dit paniquer désormais : « Nous sommes déjà à 500 familles recensées avec 6 enfants en moyenne par famille. Lorsque nous recevons les dons, nous les appelons car nous enregistrons leurs contacts dans un document. Ils viennent d’obédience diverses. Cependant, malgré l’aide des chrétiens et du diocèse de Bafoussam, ils restent dans la disette. Un papa du troisième âge m’a trouvé ici avec son ordonnance en m’indiquant que tous ses enfants sont décédés. Une famille m’a également trouvé ici avec un cadavre parce qu’il n’y avait pas d’espace au cimetière de la cathédrale.»

Dans un contexte où le champ paroissial a été offert à 56 familles, le curé est vraiment dépassé et attend une providence divine. Si l’aide est nécessaire, ceux-ci signalent que l’urgence est le retour chez eux.

Flore KAMGA KENGNE

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