Pendant que le Ministère de la Santé s’active dans la riposte contre le choléra, les rues et les bacs à ordures dans la cité capitale du Cameroun, respire l’insalubrité. La seule entreprise en charge du ramassage des ordures, désiste depuis quelques semaines.
Le petit Émile TAMO, âgé de 13 ans, comme tous les mardis soirs à 18h, se rend au lieu de dépôt de la poubelle, muni d’une brouette remplie d’ordures, au quartier Nkozoa à yaoundé. À l’approche du bac à ordures, tout est débordé jusqu’à la rue, et la forte odeur étouffe l’atmosphère. « C’est depuis environs deux semaines qu’ HYSACAM ne passe plus dans notre secteur. On entend quelque fois sa sonnette loin dans l’autre quartier, vers Messassi ou Olembé. Ça devient rare et on est obligé d’entasser ici », nous explique t-il sur le chemin de retour pour la maison.
Le silence d’HYSACAM?
Comme à Nkozoa, la sonnette d’alarme des camions de ramassage des ordures de la société Hygiène et Salubrité du Cameroun (HYSACAM), devient de plus en plus rare dans les quartiers de Yaoundé. Dans un contexte sanitaire délicat, où l’épidémie de choléra prend de l’envergure au Cameroun. Tout donne à croire que les stratégies de riposte contre le choléra entreprises par le Ministre de la Santé, MANAOUDA Malachie, ne peut porter de fruits.
Ce scénario avait déjà été démodé au Cameroun depuis l’effervescence de la CAN TOTALÉNERGIE 2021, tenue au Cameroun du 09 Janvier au 06 Février 2022. Quelques semaines de cette grande compétition africaine, les rues du Cameroun avaient été le théâtre des ordures, pourriture et insalubrité. Pour cause, les employés de la seule entreprise privée en charge de salubrité HYSACAM, étaient grève.
Une grève de plus ?
En fait, l’État du Cameroun, cumulait à cette période plus de 10 milliards de FCFA de factures impayées à ce prestataire. Et pour faire cesser la grève, selon certaines sources, le ministre des Finances, Louis Paul MOTAZÉ, avait débloqué une avance d’environ 7 milliards de FCFA, qui avait été nécessaire pour cette entreprise pour éponger les salaires. On note également l’acquisition de plusieurs camions de ramassage à cette période, qui avaient permis de propulser la qualité de déploiement et de service d’HYSACAM dans tous les quartiers périphériques. « Ces camions neufs permettront d’assurer la propreté des villes au moment où le Cameroun s’apprête à accueillir un évènement sportif majeur, la CAN Total Énergies 2021. Ils permettront, par ailleurs, d’améliorer les fréquences de passage des camions de collecte dans les quartiers, de faire instaurer le rendez-vous de la ménagère et de réduire considérablement les tas d’ordures dans les villes », avait signifié le PDG d’ HYSACAM, Michel NGAPANOUN.
Depuis le 15 Février dernier, le gouvernement du Cameroun vit au rythme des grèves. Dont celle la plus percutante est celle des enseignants de l’enseignement secondaire. S’en est suivi d’autres alertes, notamment la grève des taximen, qui heureusement a pris d’autres orientations silencieuses. Mais l’urgence sanitaire de l’épidémie de choléra en pleine progression dans la Nation, nécessite et exige le respect strict des règles d’hygiène à tous les niveaux. D’ailleurs les stratégies déploiement du ministère de la santé reposent sur l’hygiène et salubrité, mesures de prévention efficace.
Regard de l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS)
Cinq jours après la journée mondiale de la santé célébrée le 07 avril 2022, sous le thème « notre planète, notre santé », le Cameroun se trouve ainsi concerner. Selon les estimations de l’OMS à l’issue de cette journée, « chaque année, plus de 13 millions de décès dans le monde sont imputables à des causes environnementales évitables. Il s’agit notamment de la crise climatique, qui constitue la plus grande menace sanitaire à laquelle l’humanité est confrontée », nous informe l’Organisation Mondiale de la Santé(OMS, 2022). En plus de ces estimations, l’OMS va aller encore plus loin, en signalant la véritable cause: « Nos décisions politiques, sociales et commerciales sont à l’origine de la crise climatique et sanitaire. Plus de 90 % des personnes respirent un air pollué résultant de la combustion de combustibles fossiles », avance l’instance mondiale en charge de la santé depuis le 07 avril 2022.
L’air pollué, les ordures ménagers entassés de part et d’autres, dans un contexte épidémique de choléra, est interpellatif et prioritaire pour le bien être et la santé des camerounais. Riposter contre le choléra reviendrait à avoir un environnement sain et salubre.
Le respect des règles d’hygiène est plus que salutaire, car prévenir vaut mieux que guérir, nous enseigne un proverbe. « Je m’intéresse à ce proverbe dans le cadre de recherche sur la prévention à l’environnement et aux déchets. Pour moi, la meilleure solution c’est la prévention. Les initiatives préventives (avant) ont souvent un plus grand effet que les mesures palliatives », nous explique cette situation d’insalubrité au Cameroun, en rapport au proverbe connu, par ELSA MAHOP, chercheur dans un centre de la ville de Yaoundé.