CAMEROUN: HAUSSE DES PRIX DE LA FARINE DE BLÉ ET SES RETOMBÉS

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La flambée des prix de la farine de blé sur le marché mondial, pèse de plus en plus sur le quotidien des camerounais, et ce depuis l’entame de la guerre en Ukraine. Dans les Boulangeries comme le petit commerce, vendeurs et usagers subissent le choc de l’inflation.


Il est 7h00 du matin à Bata Nlonkak ce samedi 09 avril 2022, lorsque Mme OBAMA Pierrette s’installe au petit coin de la ruée, avec tout le nécessaire préparé pour charger le pain aux élèves. « Je suis ici depuis une dizaine d’années dans la même activité. Mais c’est cette année que je connais le sérieux problèmes de hausse de prix de tout, au même moment: Haricots, farine, céréales, ont pris un coup, surtout le prix du pain. Le pain qui coûtait 125F CFA, est actuellement à 150FCFA. Vous voyez comme aujourd’hui, je serai à 175F CFA le pain, car je n’ai pas été livrée selon la quantité commandée », explique t-elle en positionnant ses pains reçus du boulanger et livrés une heure plutôt.

Plus loin encore, en nous dirigeant vers la boulangerie la plus proche, le langage n’a pas changé : « Comme le prix de la farine a augmenté, nous sommes obligés de récupérer sur le prix du pain. Avant, la farine coûtait 19.500 FCFA le sac, mais c’est déjà à 25.000, voire 26.000 le sac de 50 kg aujourd’hui », telle est la réplique donnée par un vendeur de la boulangerie à un client qui s’exclama face à la hausse du prix de pain.

Mme OBAMA, dans son comptoir à Nkolbisson Yaoundé

En effet, ces deux scènes vécues, sont la représentation exacte de l’environnement commercial de la farine de blé, au Cameroun. Depuis l’entame de la guerre d’Ukraine et Russe, le 24 Février 2022, le prix de la farine de blé a pris une autre allure croissante.

Et le débat sur l’inflation en général tient compte de plus en plus de la crise sanitaire mondiale et, de la guerre d’Ukraine. C’est d’ailleurs ce que l’on retient de la récente sortie du Ministre du Commerce au Cameroun, Luc Magloire MBARGA ATANGANA. Ayant organisé une réunion à la fin du mois de mars, entre boulangers et importateurs de blé et, les associations de consommateurs. Il y a naturellement clarifié la situation en émettant que cette pénurie de blé sur le marché camerounais, n’est qu’une conséquence de la guerre en Ukraine.

Une probable conséquence de la guerre d’Ukraine

Une prévision de l’inflation au niveau mondial jusqu’en 2023. Les pays en voie de Développement en deuxième position après la chine, dont le Cameroun

De ce fait, les deux pays exportateurs de blé sur le plan mondial, actuellement en guerre, ne peuvent plus exporter, car la production est bloquée. Ainsi que toutes activités commerciales, vu la situation sécuritaire. Le Cameroun qui se trouve parmi les pays importateurs de ce blé russe et ukrainien, a affirmé par le biais du Ministre de Commerce, dans ce contexte inflationniste, que 13 millions sur ses 26 millions de citoyens consommant du pain au quotidien n’ont plus un approvisionnement régulier.

De même, selon les données statistiques du Centre International du Commerce, le Cameroun a dépensé plus de 548 milliards de FCFA pour les importations du blé au cours de la période 2012-2017. Et dans l’année 2020, on a noté 860 000 tonnes des importations, pour un coût de 156 milliards de FCFA. Pour l’année 2022, le Ministère du Commerce a signalé dans ses prévisions, que les chiffres des importations devraient croître de 30 000 tonnes, et atteindre 900 000FCFA.

Une vue générale sur l’inflation au Cameroun

Il est vrai que cette inflation ne concerne uniquement pas le secteur du blé, mais de façon générale, touche tous les produits de première nécessité, et même au delà. Par exemple, la SOSUCAM(Société Sucrière du Cameroun), avait elle aussi fait passer depuis le 14 mars, le prix du sac de sucre blond de 50kg de 27 750 FCFA, à 28 750 FCFA, puis à 29 800FCFA.
Cet engrenage tarifaire, a fait réagir le président de la ligue camerounaise des consommateurs Delor Magellan KAMGAING KAMSSEU, qui a taxé cette augmentation de prix de « factice et illégale, et sans accord d’homologation du gouvernement des prix », a t-il fait savoir.

Tendance sur l’inflation mondiale des prix à la consommation

Des perspectives de sortie de crises

L’alternative dont prône plusieurs au Cameroun, serait de consommer et produire localement. « Nous devons apprendre à consommer du pain fabriqué sans blé importé d’Ukraine et de Russie », évoque Delors MAGELLAN KAMGAING KAMSSEU, en proposant des solutions de long terme. De même, selon lui, « les substituts locaux, y compris les tubercules comme le manioc, l’igname et la pomme de terre, sont des aliments locaux capables de relever le blé importé », annonce t-il au nom des consommateurs camerounais.

Pour finir, l’Institut de Recherche Agricole pour le Développement (IRAD), a également dans son approche de recherche de solutions, proposé des expériences. Celles-ci mettant en valeur des variétés de blé tendre (pain) et blé dur (spaghettis) dans cinq zones agroécologiques du Cameroun. « Il est plus que nécessaire de développer des initiatives d’investissements qui vont permettre à notre pays de gagner en autonomie d’intrants locaux pour ravitailler les industries camerounaises  », propose l’IRAD.

Pourquoi importer malgré tout ?

Selon les statistiques de l’IRAD 2021, la production totale de blé camerounais est évaluée à seulement 66 tonnes/ha et provient principalement des régions du Nord-Ouest et de l’Adamaoua. Ce qui force le Cameroun à satisfaire sa demande en blé, d’ailleurs première céréale consommée au Cameroun après le maïs et le riz, sur le marché international.


Entre temps, tout se passe en cacophonie dans les quartiers, entre pénurie et hausse fallacieuse des prix. Au coin d’une ruelle du quartier Essos à Yaoundé, dans le 5ème arrondissement, Ousmane vend les beignets de farine de blé:  » Franchement c’est très difficile cette hausse des prix sur le marché, surtout la farine de blé. Nous sommes obligés de diminuer la grosseur des beignets. Si le bénéfice est négligeable, on n’aura qu’à diminuer encore la taille », nous confie ce jeune pâtissier encore sous le coup de l’augmentation du coût de la farine.

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