La hausse générale des prix sur le marché camerounais, oblige le gouvernement cette année 2022, à opter pour des mesures de restriction économique, notamment la limite des importations, afin d’atteindre l’équilibre de la balance extérieure, de même que l’équilibre budgétaire.
Comme chaque matin, Maman Jacqueline ONANA, vendeuse au marché d’Étoudi, sort très tôt à 4h, pour se rendre au grand marché de ravitaillement à Nkometou, Yaoundé. Elle le fait depuis le début du problème de pénurie et inflation sur le marché des vivres frais au Cameroun, ainsi espérant trouver des vivres au prix abordable. “C’est vraiment très difficile, je suis vendeuse de manioc frais à l’origine. Mais à cause de la hausse des prix et rareté des produits, tout ce que je trouve au marché, j’achète, car le manioc non seulement est devenu rare, mais cher. Les prix ont augmenté partout, le piment est devenu le maître dans la rareté et le prix”, s’exclame t-elle avec un air pressé, au petit matin, alors de retour du marché.
Aujourd’hui elle n’a pas pu mettre la mains sur le sac du manioc, même à un prix élevé. “C’est la saison pluvieuse, donc le manioc est rare. Le coût de transport et le manque de route bitumée viennent s’ajouter sur la liste pour accroître les prix sur le marché”, ajoute t-elle. Du côté des ménagères venus au marché Étoudi, à Yaoundé, pour faire les achats, les mêmes plaintes se reproduisent: “C’est devenu la mode maintenant. Tout est cher et le pouvoir d’achat a baissé. Pas de travail, salaire bas, mais prix élevés, vous comprenez que nous sommes à bout. C’est une fois sur le marché que le programme se dresse en fonction des prix”, affirme une ménagère.
L’inflation est devenue une habitude du quotidien des camerounais
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En effet, des scènes pareilles, on en retrouvent partout au Cameroun. Plus un pas sans cris ou plainte sur les prix de tel ou tel autres produits qui auraient augmenté sur le marché. Tous les jours la progression est réelle et le niveau de vie devient de plus en plus médiocre. Dans un contexte de chômage et de salaire bas pour ceux qui travaillent, l’inflation pousse le gouvernement à prendre des mesures de restriction économique, pouvant agir à court et à moyen terme, sur le train de vie des camerounais.
Limiter les importations et encourager la production locale et l’agriculture
D’entrée de jeu, depuis le récent discours de l’année 2022, du chef de l’État Paul Biya, relatif au volet économique et ses perspectives, la mise en route des mesures restrictives sur les importations et la production interne ont été adoptées et appliquées.
"Il n’échappe à personne que cette pandémie a entrainé un renchérissement du fret maritime, avec pour incidence immédiate, une inflation du coût des produits de première nécessité(...). Au demeurant, nous devons nous atteler à réduire nos importations et à accroître le volume de nos exportations en augmentant la production locale, si nous voulons relever le défi de la croissance. Les mesures que nous avons prises nous permettent d’envisager avec optimisme une relance économique et un relèvement de notre taux de croissance à 4,2% en 2022, contre 3,6% en 2021. Cette projection optimiste s’inscrit dans la perspective d’un retour à une croissance mondiale positive, annoncée par les instances internationales habilitées à le faire. Notre pays dispose de moyens pour en tirer avantage", c'est donc annoncé ainsi, que le Président de la République Paul BIYA, avait instruit lors de son discours de fin d'année 2021, et présenté en direct sur la CRTV, chaîne de télévision nationale, aux camerounais, le plan stratégique de riposte contre l'inflation
Ainsi, réduire les importations tout en accroissant la production interne pour rehausser le volume des exportations, permettrait d’atteindre l’équilibre de la balance extérieure, déjà en déséquilibre. Les importations étant au dessus des exportations actuellement, il est urgent d’appliquer ces mesures dans son ensemble.
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Restrictions budgétaires d’urgence
Et du point de vue de l’équilibre budgétaire, lui aussi en situation critique, on a assisté ces mois à l’accélération des investissements, des dettes notamment celle des enseignants. Des projets infrastructures nécessitant des dépenses. Néanmoins, il serait crutiale de dompter ces dépenses par des entrées en recettes douanières, ou impôts. La vue critique sur le pouvoir d’achat des camerounais, où les salaires n’ont pas augmenté, mais l’inflation en hausse, il est plus que nécessaire d’insister sur le retour au monde de l’agriculture, entreprenariat ou d’autres débouchés pouvant assoupir l’urgence budgétaire en déséquilibre.
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Le gouvernement ayant mis en action la mesure de limiter les importations un bout, on a constaté l’interdiction de sortie de certains denrées, céréales du pays. Notamment pour riposter à la pénurie des céréales de blé et autres, rendant le prix de la farine et pains élevé. Autant de mesures répondant à la restriction économique, viennent en réaction à l’inflation générale, pour un résultat perceptible à court, voir moyen terme, horizon 2023.
Cependant, ménagères, travailleurs ou commerçants, s’activent dans des stratégies peu orthodoxes de survie au quotidien. En attendant une bonne nouvelle de la part du gouvernement: “Nous espérons que l’État va agir face à cette montée galopante des prix sur le marché”, déclare avec un soupire un employé d’une entreprise, de retour de sa pause déjeuner ce jour, à Yaoundé.
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