La barre de 3% tolérable en zone CEMAC pourrait être franchie, malgré le maintien du rythme de progression des prix, selon le premier rapport 2022 de l’INS. Au marché du Mfoundi à Yaoundé, la tension face à l’inflation fait développer des stratégies de survie par la population.
Une tension règne au sein des négociations entre vendeurs et acheteurs, ce matin au marché du Mfoundi à Yaoundé. Un excellent pôle de la rencontre de l’offre et de la demande au Cameroun. « La hausse des prix progresse au quotidien. J’achetais généralement le kilogramme de viande, mais depuis le mois de mars précisément, nous nous contentons du demi kilogramme, question d’avoir le goût et non de la quantité », nous lance une ménagère, alors à peine séparée du boucher, qui lui marmonne en retour : « suis je le responsable de la hausse des prix ? La viande sans os est partie de 2800FCFA à 3200FCFA/3500FCFA ».
L’ INS explique la tendance sur le plan national et macroéconomique
Là encore, c’est la hausse la plus aisée! par rapport à d’autres prix des produits.« Les vivres frais, ou secs comme les céréales, ou les huiles, ont explosé avec les prix. On tient à peine. C’est juste le gombo qui nous sourit actuellement. Les menus changent et les prix des plats de nourriture aussi », explique cette fois ci, un cuisinier d’un restaurant de la place, à Yaoundé.
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En effet, après notre rapprochement avec l’Institut National des Statistiques(INS) du Cameroun, cette tendance est prise en compte et justifiée. Selon l’enquête de conjoncture effectuée par l’INS, « l’augmentation des prix des produits alimentaires est de 6,0%, après 3,4% il y a un an, en raison surtout de l’envolée de 6,8% des prix des pains et céréales, de 6,4% de ceux des viandes, ainsi que de 10,2% des prix des huiles et graisses », nous explique l’INS.
De plus, l’on note que le mois de mars a été la période des plus grandes hausse des prix.« En moyenne sur les douze derniers mois, les prix ont poursuivi leur ascension en mars 2022, progressant de 2,9%, contrairement aux 2,3% de mars 2021, de 2,5% en janvier 2022 et 2,7% en février 2022 », remarque l’INS pour son rapport au premier trimestre 2022. Ceci fait naître en glissement annuel, une hausse de près de 4,4% sur la consommation finale des ménages Camerounais. L’explication phare selon l’INS, reste toujours la pandémie de la COVID-19, propulsée depuis le 24 Février 2022, par la guerre russo-ukrainienne.
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D’autres détails clés, concernent le taux tolérable admis en zone de la Communauté Économique et Monétaire de l’Afrique Centrale (CEMAC). Le seuil d’inflation tolérable de 3% a déjà été atteint ou franchi dans six des dix chefs-lieux régionaux du Cameroun. Il s’agit en chiffres, de 4,5% à Ebolowa (Sud), 4,4% à Bamenda (Nord-Ouest), 4,3% à Maroua (Extrême-Nord), 3,9% à Bertoua (Est), 3,6% à Bafoussam (Ouest) et 3,0% à Garoua (Nord).
Des stratégies de survie et perspectives
Cependant, il est possible de passer à côté du pire. Des mesures additionnelles à court terme peuvent être entreprises au niveau interne pour stabiliser la tendance.« Si le rythme actuel de progression des prix est maintenu, le taux d’inflation pourrait franchir la barre de 3% en 2022. En l’absence des mesures additionnelles fortes à la fois globales et ciblées de soutien aux entreprises pour une offre des produits à prix modérés. Et aux ménages en vue de sauvegarder leur pouvoir d’achat déjà érodé par une importante inflation cumulée de plus de 9,2% entre 2017 et 2021 », révèle l’enquête de conjoncture publiée jeudi dernier, par l’INS.
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Au niveau des micros agents économiques, des stratégies de survie se développent au quotidien.« Vu la tendance des choses, je ne vais pas attendre que les choses soient sans contrôle. Je n’ai personne, ni un salaire. Et donc je me suis lancée dans l’agriculture comme vous voyez. Je cultive ici à Yaoundé dans les zones périphériques et au village. J’ai compris que la solution se trouve dans l’agriculture », réagit maman Murielle, jadis cadre d’une entreprise, et maintenant en retraite.
Des jeunes célibataires, optent plutôt pour le restaurant. « Je dépense beaucoup en préparant moi même. Alors je m’organise pour une ration de 1000 FCFA par jour, matin 500FCFA et le soir 500FCFA pour dormir. De fois même je me limite à seulement 500 FCFA », indique Hermine, jeune femme célibataire, employé d’une entreprise à Yaoundé.
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Ainsi se présente la situation économique au Cameroun, auprès des ménages, sur le marché de nos villes. « Sauve qui peut ! », peut-on l’entendre d’un camerounais ici au marché du Mfoundi à Yaoundé.
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