Dans quel pays sommes-nous ? Comment peut-on ouvrir les bars et restaurants, et laisser les églises et les écoles fermées ? Comment peut-on annuler les festivités du 1er Mai fête du travail et du 20 Mai fête nationale et laisser les débits de boissons ouvrir ? Voilà autant de questions toujours sans réponses au sein de l’opinion publique camerounaise.
Le refus par le ministère de la santé publique de recevoir le don issu de ” l’Opération Survival Cameroun-Survie ” dont l’initiateur est le Professeur Maurice KAMTO, relève de l’extraordinaire. Comment comprendre que nous acceptons les dons des pays étrangers Allemagne, France et Chine pour ne citer que ceux-là, mais refusons celui venant d’un compatriote parce qu’il s’appelle Maurice KAMTO ? Voilà autant de sujets qui alimentent les conversations dans les bistrots, les restaurants et autres milieux publics, puisque l’occasion vient d’être donnée de se regrouper à nouveau et d’en discuter.
Un monsieur, la quarantaine dépassée, nous interpelle et lance: ” ce Cameroun dans lequel les autorités ont accueilli à bras ouverts il y a quelques années seulement, un vendeur d’illusion Donatien KOAGNE et son avion en mondovision! C’est dans ce même pays, que nous avons vu l’homme d’affaire DANPULLO remettre au ministère de la santé un chèque de 100 millions. Un autre, le sénateur et homme d’affaire Sylvestre NGOUCHINGHE a donné à son tour un chèque de 250 millions. L’homme politique et président du MRC, Maurice KAMTO fait face au refus du ministère de la santé publique de recevoir son don (10.000 masques barrières, 6.800 masques chirurgicaux et 950 tests) sous prétexte qu’il est à la tête d’une association illégale. Et même si c’était le cas, le fait d’être à la tête d’une association dite illégale lui fait-il perdre sa nationalité ou son sens d’humanité face au peuple confronté à la menace du coronavirus ? Entre recevoir un don de lui et courir le risque de laisser quelques camerounais à la merci du Covid-19, le choix est vite fait. Ne dit-on pas chez nous qu’on ne jette pas l’enfant avec l’eau du bain sous prétexte qu’il a fait les scelles dedans ? À l’heure du bilan, les responsabilités seront établies et chacun devra assumer car face à un ennemi commun, il faut d’abord enterrer la hache de « guerre »”.
Cette anecdote devrait interpeller plus d’une personne, bonne lecture
Je m’appelle « Sacrifiée ». Je suis serveuse de bar. Comme instruction à nous, donnée par notre tenancier, je porte un masque de protection et une paire de gant. Je me crois très protégée, oh que non !!!
Nous sommes le vendredi 1er Mai 2020. Je sers une bière glacée à mon premier client X. Il est atteint de COVID 19 mais ne le sait pas et moi non plus. A sa suite, un trio entre, puis s’installe. Le trio s’installe sur une tablette du bar. La tablette carrée est prévue pour quatre places assises. Je me rapproche d’eux pour les inviter à observer les mesures de distanciation prescrites. Ils me rétorquent : « votre bar a d’abord quelle superficie pour nous tenir à un mètre l’un de l’autre. Vu sous cet angle, vous aurez à peine 20 clients simultanément » Je m’excuse et me ravise. Je me rappelle soudainement que depuis un mois et demi, je n’ai pas eu de salaire ; nul n’ignore pourquoi. Je prends leur commande ; munie de mes gants de protection, je vais au comptoir où ma collègue derrière le comptoir s’empare du papier et de l’argent que je lui tends et met à ma disposition la commande du trio. Je retourne à la table du trio et les sers. A peine j’ai fini que le client X m’interpelle pour une seconde bière bien glacée, je vais la lui servir en débarrassant la précédente bouteille sur laquelle sont posés les germes de corona. Un autre groupe de clients arrivent. Je sers au fur et à mesure. Je débarrasse et sers en même temps. Je suis contente, car j’aurai enfin mon salaire à la fin de ce mois, sans compter les pourboires d’au moins 2500Frs chaque soir.
Malheureusement, ce que je n’ai pas réalisé à cet instant c’est qu’en débarrassant la première bouteille du client X et bien que munie d’une paire de gant, j’ai inconsciemment porté les germes du Covid que j’ai gratuitement servis à tous les clients qui sont venus troquer leur vie, celle de leurs différentes familles et entourage au prix d’une bière. Après avoir bu, pour d’aucuns 2, 3, 4 et pour d’autres des casiers, le bal vers les seules toilettes du bar débute. Nous sommes un bar VIP, les toilettes ont une porte, un pot et une chasse. Seulement le robinet est en panne depuis 6 mois. Chacun entre et sort. Tous les clients utilisent le même poignet et la même chasse. J’oublie, pour boire, il faut se débarrasser du cache-nez. Le DJ met la musique, l’ambiance est à son comble, les clients se lèvent un à un et envahissent les petits espaces entre les tables pour laisser leurs corps aller au rythme de la musique. Les clients sont aux anges et je peux les voir se trémousser dans les micros espaces entre les tablettes. « On sort de loin », je peux entendre certains le dire. Illusion de bonheur retrouvé. Il est deux heures quand le dernier client quitte le bar. Chacun pour aller dans son domicile et partager à grande échelle le précieux « sésame » inconsciemment décroché au bar. Je suis aux anges, j’ai pointé mes 3700frs de pourboire. L’attente était longue, mais la patience a payé. Je ne sais pas ce qui m’attend dans les prochains jours. Mes 30000Frs de salaire cumulé à mes miettes de pourboire parviendront-ils à me prendre en charge lorsque ma maladie va se manifester ? Ah !!!!! J’oublie !!! La prise en charge est gratuite. On est au Cameroun, et si « 32 giga équivaut à 500 giga », ça veut dire que « gratuit équivaut à des centaines de milles » pour plusieurs patients atteints du Covid. La discipline et la responsabilité de tout un chacun fera la différence entre ceux qui ne veulent pas être contaminés et ceux qui veulent être hospitalisés voir mourir suite au COVID19. Nous sommes appelés à vivre avec ce virus tout dépend de toi, de ta discipline, de ta responsabilité vis à vis de toi, de ta famille, et de la société dans l’ensemble.