La région de l’Est du Cameroun, riche en ressources naturelles, est le théâtre d’une marginalisation croissante des populations autochtones pygmées.
Malgré l’abondance des entreprises forestières, minières et infrastructures économiques comme le chemin de fer, les Bobilis, un groupement pygmée, subissent une expropriation de leurs terres, une spoliation de leurs richesses et une négligence alarmante de la part des autorités et des multinationales.
Les Pygmées face aux Multinationales
À Belabo, une localité de l’Est du Cameroun, la croissance des entreprises étrangères contraste fortement avec la dégradation des conditions de vie des populations locales. Les entreprises exploitent les terres et les ressources sans considération pour les autochtones, qui se trouvent souvent dépossédés de leurs moyens de subsistance et de leurs habitats traditionnels. Les contrats de travail non respectés et les licenciements abusifs sont monnaie courante, faisant des travailleurs pygmées des valets de ces grandes structures.
Akong, un habitant du village Ebaka, témoigne de cette exploitation : « Mon géniteur a travaillé pendant 20 ans pour une entreprise locale ; il a perçu 60 000F comme salaire mensuel pendant toute sa carrière. Curieusement, il a été limogé et oublié après un accident de travail qui l’a paralysé. » Pauline Azeng, commerçante à Belabo, partage également son expérience : « Nous avons été expulsés de nos terres il y a 7 ans. Malgré les promesses de dédommagement, rien n’est fait jusqu’à ce jour. Nos requêtes n’ont jamais abouti. »
Belabo, une Cité de Contrastes
Belabo, malgré sa richesse en ressources naturelles, est frappée par des délestages fréquents et un manque d’eau potable. La croissance des usines de production et d’extraction des matières premières semble profiter uniquement aux entreprises, laissant la population locale dans l’obscurité. Un paradoxe choquant, comme le souligne Jean Mballa Mballa, Directeur Exécutif du Centre Régional Africain pour le Développement Endogène (CRADEC) : « Ces manœuvres mettent en lumière une situation alarmante de marginalisation et de spoliation des terres des populations autochtones pygmées dans la région de l’Est du Cameroun, une forme de néocolonialisme économique qui bafoue leur souveraineté sur leurs terres ancestrales. »
Nécessité d’une Action Urgente
La situation des pygmées de Belabo appelle à une action urgente. Il est impératif que l’État prenne ses responsabilités pour protéger les droits des populations riveraines des sites d’exploitation et que les entreprises multinationales respectent leurs responsabilités sociétales et environnementales. Dans un Cameroun aspirant à l’industrialisation de son potentiel minier et énergétique, il est crucial d’inclure les populations locales dans le processus de développement pour éviter une marginalisation accrue.
La marginalisation et la spoliation des terres des pygmées de la région de l’Est du Cameroun constituent un défi majeur pour la justice sociale et le développement équitable. Il est crucial de mettre en place des mesures concrètes pour protéger les droits des autochtones et assurer une distribution équitable des bénéfices tirés de l’exploitation des ressources naturelles.