La dernière onzaine de la jeunesse est venue révéler certaines réalités qui ternissent le parlement junior de la République du Cameroun.
Plusieurs personnes l’avaient déjà pourtant signifié, mais comme d’habitude les choses se sont passées comme si rien n’était important. On a pris les mêmes procédures et on a recommencé, oubliant ou alors faisant semblant d’oublier que ces jeunes qui arborent des écharpes vert-rouge- jaune représentent, comme c’est le cas des seniors, les populations des départements d’où ils sont issus. Seulement, leur utilisation jusqu’à ce jour montre le manque d’effort de la part des pouvoirs publics pour l’amélioration de la gouvernance, pire encore en ces temps où la question de décentralisation est à la une avec le problème anglophone.
Cela s’est manifesté par la « centralisation » de presque tous ces députés juniors à Yaoundé pendant cette onzaine alors que leurs localités ou la jeunesse de leurs localités avaient, au même titre que Yaoundé, besoin deux comme exemples dans leurs manifestations relatives à cette onzaine. On aura donc assisté par exemple à Bafia à un « village jeune » où presque rien de sérieux ne se sera passé, où aucun jeune n’était réellement engagé. Il n’y aura eu aucune communication auprès des médias qui foisonnent pourtant déjà dans la ville. La faute, vous dira-t-on, est que le ministère de tutelle est pauvre.
L’autre problème est l’utilisation abusive de ces jeunes qui la plupart du temps sont appelés à assister aux réunions à Yaoundé et qui généralement fonctionnent grâce au financement de leurs parents. À ce sujet, un député junior nous a confié qu’au sein du parlement des seniors, la question du financement des juniors a créé des groupes divergents. Un parent de député junior quant à lui nous a confié ceci: « depuis que mon enfant est dans cette histoire de députation, je ne peux même plus compter combien de fois j’ai dû donner les frais de transport pour qu’en retour on lui donne 10.000fcfa à l’hôtel des députés au moment de rentrer. Et on parle de député alors que tout le monde sait qu’il y a un financement à eux destiné. C’est malheureux pour notre pays ».
LES ÂGES AU PARLEMENT JUNIOR.
Les premières années après la création de cette chambre du parlement, on avait eu de véritables députés juniors comme le nom l’indique. C’étaient des jeunes lycéens et collégiens âgés de moins de 21 ans, de véritables juniors. Mais aujourd’hui, on semble assister à un grand réseau d’instrumentalisation d’une génération juste pour nous faire croire et dire un jour que le gouvernement penserait ou aurait pensé à la jeunesse.
» Quand moi même j’entendais parler de députés juniors je croyais qu’il ne s’agissait que de jeunes mineurs; mais je vous assure qu’on y retrouve des personnes de plus de 30 ans », confie un parent de député junior ayant rendu visite à son enfant à l’hôtel des députés. Ce seraient donc des jeunes gens et même des vieux qui permettraient une certaine justification de budgets par d’autres qui ont appuyé et approuvé le dossier de députation des juniors, mais lesquels juniors ne bénéficient de rien dans la chose. Et si aujourd’hui on vous parlait de compte rendu parlementaire de quelques uns dans le littoral et qui à la fin parlaient de « Motion de soutien », vous vous rendrez simplement compte qu’il ne s’agit plus de députés juniors, mais d’un tremplin de certains politiques jeunes ou non, pour se faire une place sous le soleil, l’année est d’ailleurs très bien choisie.
Tout compte fait, les députés juniors ne le sont réellement plus depuis belle lurette, ils ne remplissent pas leurs fonctions ou ce qui devrait avoir cette dénomination, ils n’ont rien comme gain et certains s’en servent pour asseoir leur notoriété politique dans leurs zones de prédilection. Vivement que les choses changent.
Éric Ombolo
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