CAMEROUN: TRADITION BAMILÉKÉ: LA FORÊT SACRÉE (suite et fin)

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Notre religion traditionnelle, c’est-à-dire nos us et coutumes, (surtout celle des montagnards) est à quelque micron près, la réplique de la religion chrétienne, catholique. C’est pour cela que le Bamiléké s’est moulé dans la religion chrétienne et a joué au « LES DEUX LARRONS AU MARCHÉ » ou au « BAHAM et BANDJOUN » pendant des siècles.

Quand les premiers missionnaires chrétiens ont foulé le sol « après-Nkam », ils ont palabré avec les rois, notables, les reines et autres dignitaires de nos villages. Partout où ils passaient on leur donnaient la même réponse, on leur tenait le même langage à quelques nuances toniques près; de sorte que tous les villages Bamiléké commencent selon la graphie des colons par « BA ».

Nos ancêtres, qui n’étaient pas aussi bêtes qu’on le pense, leurs ont dit de s’installer à l’orée des sites sacrés pour être un paravent contre les intrusions humaines, sataniques, vampiriques, etc. Les géographes et autres anthropologues peuvent vérifier la configuration des missions chrétiennes bâties par les colons. Que ce soit dans le HAUT-NKAM, dans la MENOUA, dans le NDE, dans le grand MIFI ou dans le BAMBOUTOS, toutes les paroisses chrétiennes sont localisées de la même façon.

La seule grave erreur que nos aïeux ont commise a été de croire que l’étranger partira un jour en laissant les maisons bâties qui leur reviendront. Ils n’ont pas su que les missionnaires allaient prendre ces terres pour toujours et se les approprier sans contrepartie ! Profitant de cette naïveté des ancêtres, le colon a pris un géomètre qui a arpenté le site où la population et son Roi lui ont prêté pour passer son temps chez eux – sens de l’hospitalité proverbiale des Bamiléké oblige! – et ont immatriculé les terres sans bourse déliée. Si vous allez farfouiller dans les titres fonciers des missions chrétiennes installées dans la région Bamiléké, vous découvrirez avec stupeur qu’il n’y a point de témoins, de riverains, de signature d’un voisin, surtout la signature! C’est pour cette raison que la plupart des sites sacrés (FORET SACRE) ont été absorbés, phagocytés, avalés, violés (quel sacrilège!) par les titres fonciers de « BLANCS ». Le missionnaire donnait, en contre partie, des images de la Vierge, des iconographies de Dieu chassant le Diable qui était un NOIR, le terrassant et l’envoyant dans le feu.

Comme le Bamiléké a la tradition religieuse très avancée (cf. nos statuts, nos statuettes et les tenues de cérémonie que portent les pasteurs et les prêtres en officiant), nos parents se sont enfoncés et ont donné leur confiance à ces étrangers qui les ont floués! Aujourd’hui, toutes ces terres qui n’avaient pas de barrières, tous les enfants des notables, des notables, des infirmiers et des enseignants  qui doivent fréquenter ou se soigner gratuitement dans les écoles et les hôpitaux missionnaires, tous les passages que nous devrions emprunter sans procédure pour sortir et entrer chez nous, en compensation de ces terres qui ont été offertes gratia pro Deo sont superbement ignorés par nos débiteurs, par nos hôtes et nous payons le passage comme si nous étions en Allemagne, en France, en Belgique ou en Angleterre !

La FORET SACREE sur laquelle sont bâties les édifices religieux, les essences rares et autres arbre géants qui faisaient la fierté et le point de repère de nos villages, les clairières et j’en passe, sont devenus ce que nous voyons aujourd’hui.

Faut-il en rire ou en pleurer?

TCHAMDA François-Marie, DONGMO Albert, NKUISSI Thomas (que nous avons vilipendé et crucifié), DJIETCHEU Bernard, NEMALEU Victor, Papa Lazare de Komako-Bakou, NINTCHEU Raphaël (assassiné avec la complicité du colon), TCHUEM Barthélémy et bien d’autres ont joué au chat et à la souris avec le Blanc pour pérenniser nos us et coutumes, tout en s’accommodant avec la religion chrétienne qui ressemble comme à deux gouttes d’eau avec nos us et coutumes, doivent faire l’objet de vénération par les générations à venir, de recherche pour nos doctorants et autres étudiants, de mémoire pour la postérité.

Cette FORET SACREE sur laquelle sont bâties les œuvres divines doit faire l’objet de pèlerinage, de conférences débats pour éclairer la lanterne de nos descendants, d’un partenariat gagnant gagant avec les héritiers des colons (inculturation oblige) et la vérité sur notre Histoire, l’histoire des montagnards rejaillira pour illuminer les siècles futurs.

SIEYADJE Charles, le Scribouillard.

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