CAMEROUN: Traditions Bamiléké: LA FORÊT SACRÉE (suite)

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Cela fait un bon bout de temps que nous n’avons plus parlé de nos traditions, de nos us et coutumes et de leur contenu. Quand nous entendons aujourd’hui les Blancs et nos « Blancs » spéculer, disserter et se faire les poches en parlant de la protection de l’environnement, de l’écosystème et autres fariboles donnant droit aux frais de mission et per diem, nous pleurons dans notre ventre comme le caméléon ou le bouc.

Nos ancêtres, quand ils s’intallaient quelque part, pensaient tout d’abord à la protection de l’environnement, en créant la Forêt sacrée qui abritait en premier chef les essences précieuses que le Créateur Suprême avait implantées autour d’eux. Ils délimitaient un espace de deux à dix hectares de circonférence autour de l’arbre précieux (ébène, acajou et autres grands fromagers) et y faisaient entrer les NKOU’NGA’ et les prêtres pour y bâtir l’autel de sacrifice, faire la clairière pour les danses ésotériques et autres cérémonies royales, d’exorcisme ou d’initiation.

Les animaux de tous genres y vivaient en paix sans peur d’être décimés comme aujourd’hui. L’animal espèce rare du coin devenait le totem de l’ethnie ou de la tribu. Ce qui fait que les chimpanzés, les rares panthères, les caméléons et autres petits lièvres vivaient dans cet espace protégé et se multipliaient en toute quiétude.

Au vu de ce qui précède, nous ne pouvons que déduire que nos ancêtres étaient les précurseurs des Protecteurs de la Nature que les colons, nos frères sataniques et avides d’argent ainsi que nos politiciens ignares et esclaves des blancs ont spoliée et continuent à détruire aujourd’hui. On savait où trouver une peau de panthère qui coûtait les yeux de la tête. On savait où trouver une dent d’éléphant. Il fallait surtout être un roi, un prince ou un notable à la moralité affirmée pour être admis à aller se procurer ces trésors.

Les animaux et les arbres mouraient de vieillesse et non d’abattage ! Nous sommes donc les artisans de la disparition de notre écosystème, de nos richesses et partant, de nos valeurs génétiques.

Comme nous l’avons évoqué dans l’article précédent « l’arbre sacré chez le Bamiléké« , c’est dans cet espace protégé que siégeaient les tribunaux, les assemblées générales du peuple, les conseils de notables.

C’est dans cet espace protégé et consacré par les grands prêtres et autres mages que se déroulaient les négociations interethniques ou intertribus pour le bien des générations présentes et à venir.

Aujourd’hui, sans les réserves et autres parcs disséminés ici et là, notre faune et notre flore seraient complètement rayés de la carte du monde! Nous avons tué ces endroits préservés par nos parents pour y planter du cacao et du café qu’on nous achète à vil prix et que nous avons abandonnés par manque de bras pour les entretenir!

Seigneur, prends pitié de nous et aide-nous à reprendre nos esprits pour nous repentir et protéger le peu qui nous reste pour le bonnheur de nos descendants. Amen.

SIEYADJE Charles, le Scribouillard.

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