15 JANVIER – 15 JANVIER 2019. CELA FAIT 48 ANS QUE LE DERNIER PRÉSIDENT DU MOUVEMENT NATIONALISTE UPC A ÉTÉ FUSILLÉ À BAFOUSSAM.
28 ans après sa réhabilitation comme héros national le 16 décembre 1991, aucun monument ne marque l’existence du nationaliste Ernest OUANDIE : « Moi en tant que citoyen de la ville de Bafoussam où il a été froidement assassiné, nous ne retenons de son existence que quelques grands arbres qui bordent la limite du territoire sur lequel lui et ses compagnons ont été assassinés ». Un mépris pour Paul LADO, membre de la société civile qui s’indigne de la place accordée aux Hommes valeureux Camerounais :
« Pour quelques rares personnes qui connaissent même là où repose l’âme du défunt au cimetière de l’EEC plateau, il faut regretter parce que c’est une tombe qui à la limite même on pourrait dire est souvent profanée. Donc, c’est abandonnée dans la broussaille comme la tombe d’un vulgaire individu. C’est regrettable pour nous c’est-à-dire, un pays qui ne sait pas valoriser ses héros nationaux. On aurait même dû ériger une stèle là-bas, c’est à dire quand tu arrives là-bas tu dis oui la tombe d’Ernest OUANDIE est ici. C’est même uniquement les tombes des hommes de Dieu qui sont bien bâties. À quand, on va mémoriser nos héros ? C’est très regrettable ! »
Jean Marie TCHAMABO est l’un des témoins ayant vécu en direct l’assassinat du combattant Ernest OUANDIE. Pour lui, sa réhabilitation n’est rien d’autre qu’une farce: « Sa réhabilitation comme héros national le 16 décembre 1991 est une farce et nous ne sommes pas là pour approuver la farce, nous sommes de véritables patriotes africains qui revendiquons la vengeance pas en termes de sang, mais que l’histoire retienne que cela ne doit plus jamais se passer et que la France présente des excuses publiques et qu’elle dédommage les camerounais comme les Allemands ont dédommagé la suisse. Nous invitons les juristes patriotes et Africains à se mettre derrière ce dossier. Le moment est plus que jamais indiqué pour le faire ».
TÉMOIGNAGES ET DOLÉANCES AU CENTRE DE CE 48ème ANNIVERSAIRE DE L’ASSASSINAT DU DERNIER RÉSISTANT PRÉ-INDÉPENDANCE.
« Vous aurez à répondre un jour de cette forfaiture de condamnation devant l’histoire. En ce qui me concerne, je suis prêt dans ces conditions à aller au poteau d’exécution autant ne pas faire un procès de pure forme »!
L’un des récits du héros Ernest OUANDIE au tribunal militaire de Yaoundé parmi tant d’autres repris en coeur par le Dr Hilaire KAMGA, le mandataire de l’offre Orange au Cameroun, tant sur le lieu de son assassinat que sur sa tombe lors du 48ème anniversaire de son assassinat à Bafoussam le mardi 15 janvier 2019. Loin de ses récits, Jean Marie TCHAMABO est revenu sur les circonstances de son décès :
« Nous étions élèves en classe de 4ème au CEG de Bafoussam qui deviendra lycée quand on nous a conduit sous haute escorte pour venir nous mettre tout autour de ce lieu (face PJ et derrière BICEC) et assassiner le dernier grand patriote Ernest OUANDIE ici avec 2 autres patriotes sous prétexte qu’il avait formenté un coup d’Etat qu’il avait démenti bien avant puisque j’avais assisté à la première audience du tribunal qui le jugeait à Douala qui malheureusement pour le président AHIDJO avait été retransmise en direct où il répondait avec précision qu’il n’avait jamais été mêlé de près ni de loin à l’histoire de coup d’Etat dont il venait de prendre connaissance dans les locaux de la solda teste qui l’avait arrêté. Lors de cette fusillade, j’ai ressenti la violence, l’injustice, la révolte et c’est cette révolte qui m’anime. J’ai assisté en direct à cet assassinat ».
Pour commémorer cette fusillade depuis des décennies, une marche et des gerbes de fleurs sont depuis lors déposées sur la tombe du combattant soit par l’UPC, soit par le mandataire de l’offre orange au Cameroun comme ce fut le cas cette année avec une procession du lieu de sa fusillade au cimetière où il gît. Une initiative insuffisante pour Paul LADO :
« Qu’on dépossède le lieu où il a été assassiné, on appelle ça en terme juridique que l’Etat nationalise le terrain sur lequel ces héros (OUANDIE et ses compagnons) ont été assassinés et qu’on érige là-bas un monument en leur mémoire et que au moins même dans son village natal, qu’il y’ait des traces de son existence. Que son existence soit également matérialisée à Douala, la ville où il a vécu, à Mbanga où il a été attrapé pour la dernière fois, et que à Bafoussam il y’ait une rue Ernest OUANDIE. Pour son compagnon Norbert FOTSING dit WAMBO, le courant qu’une rue matérialise son existence à Dshang. Ce lieu , en face de la PJ, devrait être un lieu de mémoire pour toute la population de Bafoussam. Le lieu-dit carrefour Maquisard est un endroit où on aurait pu ériger un monument qui rappelle ce héro national. »
Flore KAMGA KENGNE