Cameroun : Une Étape Cruciale pour la Transparence Extractive – Société Civile et ITIE Unissent leurs Efforts

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Suite à la récente suspension du Cameroun de l’Initiative pour la Transparence dans les Industries Extractives (ITIE), la société civile camerounaise a décidé de réagir avec détermination. Elle a tenu, le 7 mai 2025, une séance de travail stratégique avec des membres du Secrétariat international de l’ITIE, une rencontre décisive pour redynamiser l’engagement national autour de la transparence et repositionner le pays sur la voie d’une gouvernance extractive plus rigoureuse.

Un contexte alarmant marqué par les flux financiers illicites

Le cadre de cette réunion est renforcé par l’urgence liée aux flux financiers illicites (FFI), véritable fléau économique pour l’Afrique. Selon Tax Justice Network Africa, jusqu’à 4 800 milliards de dollars pourraient s’évanouir d’ici 2030 à travers des pratiques d’évasion fiscale, de fausses facturations ou de corruption. Pour la seule Afrique subsaharienne, la perte annuelle s’élève à près de 900 millions de dollars.

Dans ce contexte, le cas du Cameroun, suspendu de l’ITIE à la suite du scandale Glencore, met en lumière les conséquences concrètes de cette fragilité structurelle. La rencontre entre les parties prenantes camerounaises et le secrétariat international représente donc une tentative décisive de redressement.

Une société civile proactive face aux défaillances de gouvernance

Lors de cette rencontre, Jean Mballa Mballa, Président Exécutif du CRADEC (Centre Régional Africain pour le Développement Endogène et Communautaire), a porté la voix d’une société civile mobilisée et force de proposition. Il a rappelé l’urgence d’une mise en œuvre effective du décret présidentiel de 2024, réorganisant le comité ITIE Cameroun. Parmi ses recommandations figurent :

• L’installation complète du Secrétariat Permanent de l’ITIE Cameroun, avec des unités techniques et administratives fonctionnelles.

• L’organisation de procédures de recrutement transparentes.

• Une implication plus soutenue du président du comité ITIE, dont l’absence aux sessions limite l’inscription des décisions à l’agenda gouvernemental.

Le Secrétariat international réaffirme le rôle central de la société civile

Présents à Yaoundé, Nassim Bennani (Directeur Afrique francophone et Moyen-Orient de l’ITIE) et Ahmad Zouari ont salué l’initiative, soulignant le rôle pivot de la société civile dans le processus ITIE. « Elle est l’un des trois piliers de notre mécanisme multipartite. Elle doit pouvoir faire entendre ses propositions, identifier les blocages et contribuer activement aux solutions », a précisé M. Bennani.

Des engagements gouvernementaux en faveur de la transparence

Côté gouvernemental, le MINMIDT a tenu à rappeler les efforts en cours, notamment la publication systématique des données relatives au secteur extractif. Une dynamique saluée, qui pourrait améliorer le climat des affaires et rassurer les investisseurs potentiels dans un Cameroun en quête de réhabilitation internationale.

Vers une nouvelle ère de gouvernance extractive ?

Au-delà des discours, cette séance de travail marque un tournant stratégique. Elle incarne une volonté collective de transformer le secteur extractif en levier de développement durable. La mise en œuvre des recommandations issues de cette concertation pourrait permettre au Cameroun non seulement de sortir de la suspension, mais aussi de devenir un modèle de bonne gouvernance en Afrique centrale.

La transparence comme boussole nationale

L’enjeu est de taille : garantir que les ressources naturelles du Cameroun profitent réellement à ses citoyens. La collaboration entre la société civile, l’ITIE internationale et les autorités publiques ouvre la voie à un nouveau pacte de confiance. À condition que les engagements se traduisent en actions concrètes.