Cancer et régimes malsains : un défi pour la santé publique au Cameroun

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Yaoundé, 7 février 2025

Le Cameroun, à l’instar de nombreux pays dans le monde, fait face à une augmentation inquiétante des cas de cancer, notamment du sein, souvent liés à des régimes alimentaires malsains. Face à cette urgence sanitaire, RADA et la Cameroun NCD Alliance, en collaboration avec le Ministère de la Santé Publique, ont organisé un panel de sensibilisation sur le thème :


« Cancer et régimes malsains : le rôle des restrictions de marketing pour la prévention du cancer ».

L’événement, qui s’est tenu au quartier Mvan à Yaoundé, avait pour principal objectif d’éveiller les consciences sur l’impact des mauvaises habitudes alimentaires et de proposer des mesures efficaces pour la prévention du cancer.

Le lien entre cancer et alimentation

Les experts présents ont souligné que la malbouffe, notamment les aliments transformés riches en sel, sucre et graisses saturées, est un facteur aggravant du cancer. Une meilleure réglementation du marketing alimentaire, couplée à des campagnes de sensibilisation, pourrait jouer un rôle clé dans la réduction des risques.

Selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS), si aucune mesure urgente n’est prise, 135 000 femmes pourraient perdre la vie d’ici 2040 en Afrique subsaharienne à cause du cancer du sein.

Quelques chiffres clés de l’OMS sur le cancer du sein en Afrique (2022) :

              •            Incidence en Algérie : 61 cas pour 100 000 habitants

              •            Incidence en Sierra Leone : 7 cas pour 100 000 habitants

              •            La région africaine représentait 8,6 % des nouveaux cas mondiaux

              •            Les décès sont majoritairement liés à un diagnostic tardif et un manque d’accès aux soins spécialisés

Au Cameroun, les chiffres restent préoccupants :

              •            3 031 cas diagnostiqués en 2023, contre 14 141 en 2022

              •            37 cas confirmés en 2023, contre 24 en 2022

              •            Le Littoral (22 cas) et l’Ouest (11 cas) sont les régions les plus touchées

Le Dr Nguimbus Étienne Christian, médecin généraliste, explique :

              « Le cancer du sein est plus fréquent chez les femmes en raison d’une augmentation incontrôlée des cellules mammaires, souvent influencée par les hormones telles que les œstrogènes et la progestérone. »

L’urgence d’une prévention efficace

Dr Joseph Tassé, spécialiste de la maladie, souligne :

              « La majorité des patientes consultent tardivement, ce qui réduit considérablement les chances de guérison. Il est impératif d’améliorer les moyens de dépistage et d’encourager les femmes à pratiquer l’autopalpation. »

Les facteurs de risque identifiés incluent :

              •            Âge avancé

              •            Obésité et sédentarité

              •            Tabagisme et alcoolisme

              •            Exposition aux radiations

              •            Antécédents gynécologiques et hormonaux

Les solutions proposées pour limiter l’impact du cancer lié aux régimes malsains

Pour répondre à ce défi, les experts réunis lors du panel ont proposé trois axes majeurs :

1. Renforcement de la réglementation

              •            Mise en place d’un étiquetage clair et informatif sur les produits alimentaires

              •            Régulation des publicités ciblant les jeunes et les groupes vulnérables

              •            Réduction de la présence des produits ultra-transformés dans les écoles et lieux publics

2. Sensibilisation et éducation nutritionnelle

              •            Campagnes éducatives sur les dangers d’une alimentation déséquilibrée

              •            Promotion des aliments naturels et locaux à haute valeur nutritionnelle

              •            Encouragement de l’autopalpation et du dépistage précoce du cancer du sein

3. Collaboration entre le gouvernement, la société civile et les entreprises

              •            Soutien des ONG et associations engagées dans la lutte contre le cancer

              •            Encouragement à l’innovation en matière de produits alimentaires sains et accessibles

              •            Développement d’une stratégie nationale de prévention du cancer

Un appel à l’action pour sauver des vies

L’honorable Njume Piter, présent lors de la session, a souligné :

              « Le travail de RADA et de la société civile camerounaise est fondamental. Le gouvernement doit collaborer avec ces acteurs pour garantir l’application effective des mesures déjà promulguées par le Chef de l’État. »

Les experts appellent à une action collective immédiate pour inverser la courbe alarmante des cancers liés aux régimes alimentaires malsains. Une mobilisation générale est essentielle pour préserver la santé publique et améliorer l’espérance de vie des Camerounais.