CEMAC : Rompre avec les politiques économiques dépassées pour une prospérité durable

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Face à des défis économiques croissants, la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (CEMAC) est à un tournant décisif. Lors d’un sommet récent à Yaoundé, les dirigeants des États membres ont discuté des voies nécessaires pour transformer la gouvernance économique et monétaire de la région. Le Franc CFA, monnaie commune, est au cœur des préoccupations.


Un système économique en crise

La situation économique de la zone CEMAC est préoccupante. Selon Adrien Macaire Lemdja, les politiques économiques actuelles ont mené à une série de faiblesses structurelles :

              •            Inflation galopante : La hausse des prix fragilise le pouvoir d’achat des populations et met en péril la stabilité économique.

              •            Érosion des réserves de change : La diminution des réserves extérieures accentue la pression sur la monnaie commune.

              •            Dérives budgétaires et surendettement : Une mauvaise gestion financière expose les États à des risques accrus face aux crises.

              •            Surévaluation du Franc CFA : Cette surévaluation freine la compétitivité des exportations, entravant la croissance économique.

Ces éléments combinés illustrent une économie incapable de répondre aux besoins actuels de la région.

Un appel à des réformes audacieuses

Le sommet de Yaoundé représente une opportunité historique pour les membres de la CEMAC de reconsidérer leurs approches économiques et monétaires. Plusieurs solutions ont été évoquées pour remédier aux failles du système actuel :

              1.           Repenser la gouvernance monétaire : Il est impératif de renforcer la crédibilité des institutions financières régionales et de mieux aligner les politiques monétaires sur les réalités économiques locales.

              2.           Diversification économique : Les pays membres doivent réduire leur dépendance aux matières premières, souvent sujettes à des fluctuations de prix, en favorisant des secteurs porteurs comme l’agriculture, les services, et l’industrie.

              3.           Coopération régionale accrue : Une meilleure coordination entre les pays membres pourrait faciliter des stratégies communes pour faire face aux défis économiques, tels que les déficits budgétaires et la gestion des dettes souveraines.

              4.           Réduction des déséquilibres budgétaires : L’instauration de règles budgétaires strictes pourrait aider à maîtriser les dépenses publiques et limiter les risques de surendettement.

Vers un Franc CFA adapté aux réalités africaines

Le Franc CFA, souvent critiqué pour son lien étroit avec le Trésor public français et sa capacité limitée à répondre aux spécificités régionales, est au centre des débats. Plusieurs économistes et leaders politiques plaident pour :

              •            Une réforme de la parité : Rendre la monnaie plus flexible pour mieux s’adapter aux variations des économies locales.

              •            Un contrôle accru par la BEAC (Banque des États de l’Afrique Centrale) : Renforcer les mécanismes régionaux de décision pour réduire la dépendance extérieure.

              •            La création d’une nouvelle monnaie régionale : Certains analystes suggèrent une transition vers une monnaie propre à la région, permettant un contrôle intégral des politiques monétaires par les pays membres.

Le moment d’agir : éviter l’effondrement

Le sommet de Yaoundé a souligné l’urgence de prendre des mesures concrètes. L’inertie face à la dégradation des indicateurs économiques risque de conduire à des crises plus graves. Le message est clair : il faut rompre avec les politiques obsolètes pour embrasser des réformes courageuses.

Les enseignements pour l’avenir

La réussite de ces réformes dépendra de la volonté politique des dirigeants et de leur capacité à mobiliser les citoyens autour de cette transformation. La prospérité économique de la CEMAC repose sur une vision claire et une mise en œuvre rigoureuse des nouvelles stratégies.

Ce moment charnière pourrait marquer le début d’une nouvelle ère pour la région, où la croissance inclusive et durable ne sera plus un simple idéal, mais une réalité palpable pour les millions de personnes vivant sous le parapluie économique du Franc CFA.