La deuxième session du Comité National sur les Finances Locales (CONAFIL) s’est ouverte ce 6 mai 2025 à Yaoundé dans un contexte de redéfinition stratégique du financement des collectivités territoriales décentralisées (CTD) au Cameroun. Présidée par Georges Elanga Obam, ministre de la Décentralisation et du Développement Local (MINDDEVEL), cette rencontre marque une étape structurante dans la mise en œuvre d’une décentralisation financière plus ambitieuse et mieux encadrée.
Un plan de travail annuel pour moderniser les finances locales

L’enjeu central de cette session est l’élaboration d’un plan de travail annuel 2025, outil de pilotage devant traduire les nouvelles ambitions de l’État en matière de gouvernance locale. À travers ce cadre, l’objectif est de renforcer les capacités des CTD à concevoir, voter et exécuter leurs propres budgets, en cohérence avec les priorités de développement endogène.
Les travaux réunissent des représentants du MINFI, du MINEPAT, du MINDDEVEL, ainsi que des experts du secteur fiscal et des élus locaux. Tous œuvrent à optimiser les mécanismes de collecte des recettes fiscales, améliorer l’efficience budgétaire, et assurer une répartition plus équitable des ressources à l’échelle nationale.
Réforme de la fiscalité locale : un tournant majeur
Au cœur des échanges figure la mise en œuvre de la réforme de la fiscalité locale, introduite par la loi n° 2024/020 du 23 décembre 2024. Ce nouveau dispositif juridique, qui abroge la loi de 2009, redéfinit en profondeur les modalités de collecte des impôts, taxes et redevances affectés aux CTD. Il introduit une clarification du régime fiscal applicable aux communes et régions, avec pour objectif d’accroître leur autonomie financière tout en garantissant une meilleure lisibilité pour les contribuables.

L’application de cette réforme s’inscrit dans une vision de long terme, où la fiscalité devient un levier stratégique de développement local, avec des CTD capables de générer et de gérer leurs propres ressources de manière responsable et transparente.
Une attention particulière portée à la régulation de l’endettement local
Un point crucial abordé concerne la croissance des emprunts contractés par les CTD. Pour éviter tout déséquilibre macroéconomique, le CONAFIL propose l’intégration systématique de ces dettes dans le cadre global de l’endettement du secteur public. Ce mécanisme vise à maintenir la soutenabilité budgétaire nationale, tout en assurant aux CTD un accès encadré aux financements nécessaires à la réalisation de leurs projets structurants.
Le triptyque MINFI–MINEPAT–MINDDEVEL apparaît ainsi comme le socle de coordination indispensable à la bonne gouvernance financière des territoires.

Un nouveau paradigme budgétaire porté par la décentralisation
La nouvelle architecture budgétaire en cours d’adoption permet aux collectivités de construire leur autonomie sur des bases solides. Désormais, les CTD pourront s’appuyer sur :
• Leurs ressources propres (produits fiscaux locaux),
• Les dotations de l’État (transferts budgétaires),
• Les revenus issus de l’exploitation des ressources naturelles locales.
Cette autonomie accrue devrait favoriser une meilleure réactivité face aux besoins des populations, une réduction des inégalités territoriales et une responsabilisation accrue des exécutifs locaux.
Une réforme suivie de près par les acteurs du développement
L’enjeu de cette session dépasse le simple cadre administratif. Elle est scrutée avec attention par les partenaires techniques et financiers, les collectivités locales, les organisations de la société civile et l’ensemble des citoyens. Les conclusions du CONAFIL 2025 orienteront les priorités de la décentralisation pour les années à venir, notamment dans la perspective d’un accès élargi aux services sociaux de base et d’une croissance inclusive par les territoires.
Vers une gouvernance locale plus résiliente et autonome
Avec cette session stratégique, le Cameroun affiche sa volonté de consolider une décentralisation financière effective, ancrée dans des outils modernes de gouvernance et portée par un nouveau cadre législatif. Le CONAFIL devient ainsi un pilier de l’architecture de la réforme, dans un pays en quête de solutions innovantes pour construire un développement harmonieux à partir des territoires.