La mission technique de haut niveau entre le Cameroun et le Tchad s’est achevée ce 16 mai 2025 à Yaoundé sur une note particulièrement constructive, ouvrant la voie à une transformation décisive de l’écosystème numérique sous-régional. Pendant quatre jours d’intenses concertations (13-16 mai), les délégations des deux pays ont défini un ensemble d’engagements ambitieux visant à accélérer l’interconnexion, la sécurité des infrastructures critiques, la coordination technique et l’inclusion numérique, dans le cadre d’une vision partagée pour un espace numérique intégré en Afrique centrale.
Renforcement de l’interconnexion et sécurisation de la fibre optique
L’une des avancées majeures de cette mission réside dans les décisions prises autour de la sécurisation de la fibre optique transfrontalière et de l’amélioration de la qualité de service internet. La première réunion technique, présidée conjointement par Madame Judith Yah Sunday épouse Achidi, Directrice Générale de CAMTEL, et le Dr Haliki Choua Mahamat, Directeur Général de l’ARCEP Tchad, a réuni experts et opérateurs autour d’enjeux cruciaux : latence, tarifs, interférences, dettes croisées et déploiement de nouvelles capacités.
Les deux parties ont convenu de finaliser les travaux de la liaison Nana-Mbéré dans un délai de deux semaines, et de conclure la liaison Yagoua-Bongor avant fin juin 2025. Le projet “Clean Corridor”, porté par CAMTEL, a également été réactivé avec un objectif clair : renforcer la résilience des infrastructures critiques le long de l’axe stratégique Kribi-Kousseri.
Tarification, surveillance et optimisation des performances
Des résolutions concrètes ont été adoptées pour améliorer les performances des réseaux, notamment l’optimisation du temps de latence, la révision des tarifs appliqués aux capacités élevées, le renforcement des équipements de supervision réseau et le règlement progressif des créances entre opérateurs. Cette approche vise à garantir une connectivité stable, équitable et techniquement harmonisée, avec des bénéfices directs pour les utilisateurs finaux dans les deux pays.
Coordination des fréquences et mise en œuvre du free roaming CEMAC
La seconde rencontre, tenue sous la houlette du Professeur Zoo Zame Philémon, Directeur Général de l’ART Cameroun, et du Dr Haliki Choua Mahamat, a permis d’aborder les questions stratégiques de gestion du spectre et de roaming international. Les opérateurs Orange Cameroun, MTN Cameroon, Airtel Tchad et Moov Tchad ont activement participé aux échanges, qui ont abouti à des mesures de réduction de puissance dans les zones sensibles et à la création d’un comité bilatéral chargé de la révision de l’accord de coordination des fréquences.
Un calendrier de mise en œuvre du free roaming CEMAC a été validé, avec en point d’orgue la signature d’un nouvel accord de coordination prévue pour le 15 juillet 2025 à Yaoundé. Ce processus permettra aux abonnés de voyager entre les deux pays sans frais d’itinérance exorbitants, conformément aux engagements régionaux de la CEMAC.
Appui politique fort et vision commune
La clôture de cette mission a été rehaussée par les interventions de Madame Minette Libom Li Likeng, Ministre camerounaise des Postes et Télécommunications, et du Dr Michel Boukar, son homologue tchadien. Tous deux ont souligné l’importance stratégique de cette coopération numérique bilatérale, saluant “des avancées tangibles qui traduisent une volonté commune de bâtir un espace numérique plus interconnecté, sécurisé et résilient”.
Le dîner officiel organisé par CAMTEL à l’issue des travaux a illustré l’esprit de fraternité et de synergie interétatique qui a marqué l’ensemble des échanges. La ministre camerounaise a rappelé que ces engagements doivent être rapidement traduits en actions concrètes sur le terrain, avec un suivi rigoureux.
Vers un modèle d’intégration numérique sous-régionale
La mission technique Cameroun-Tchad s’inscrit dans un contexte plus large de transformation digitale en Afrique centrale, où la connectivité régionale est un facteur décisif de croissance, de compétitivité et d’inclusion. En actant la mutualisation des efforts, la coordination des acteurs publics et privés et la convergence des régulations, les deux pays tracent un modèle de coopération numérique qui pourrait inspirer l’ensemble de la CEMAC.
