L’un des chefs les plus vénérés de l’Ouest d’après un post fait sur la page Facebook à lui consacrée a été invité par le premier ministre De Joseph Dion NGUTE pour parler de la situation politique actuelle du pays et des crises sécuritaires.
Il avait donné sa position après l’arrestation du président du Mouvement pour la Renaissance du Cameroun (MRC). Il déclarait alors: « Qu’on les libère et les laisse s’exprimer ». Le roi jugé crédible par ceux qui le maîtrise déclare toujours qui veut l’entendre : « Le Cameroun est mon seul parti Politique ». Il a toujours décrié l’implication des chefs traditionnels dans les affaires politique. Pour lui, c’est une machine huilée depuis 1956 par le colon Pierre MESMER pour détruire le pourvoir traditionnel. Il ne manque pas de décrier l’illégitimité des chefs traditionnels l’Ouest.
QUE PEUT-IL PROPOSER POUR LE RETOUR AU CALME DANS LES RÉGIONS ANGLOPHONES?
Loin de sa chefferie traditionnelle, le roi Bamendjou a une parfaite maîtrise du Cameroun à en croire ses récits mais surtout l’histoire du temps du maquis. Il aura échappé de grâce au linchage au lieu-dit chute de la METCHE à Bafoussam. Il est l’un de ces monarques ayant vécu la période du maquis ainsi que ses conséquences. Une guerre pour une cause différente de celle des ambazoniens mais avec pour points communs: des milliers de pertes en vie humaine, des familles dispersées et des déplacés internes.
À l’âge de 7 ans, il fait le trajet Yaoundé-Douala-Yaoundé à pied!
Après 600 kilomètres de marche, il s’arrête au retour à AKONO, petite bourgade située à 40 kilomètres de Yaoundé. Il est reçu par un cheminot retraité du nom de Simon Atangana, chez qui il apprendra la langue EWONDO. Après une régence de près de 10 ans et les rites initiatiques du LA’AKAM, celui qu’on appelle FO’O SOKOUDJOU le »rebelle » traîne aujourd’hui 63 ans de règne à la tête de la chefferie Bamendjou.
Il aura connu les geôles coloniales au cours de la lutte pour l’indépendance, dans les années 1950. Reçu par le Pape Pie XII, il invente en 1970 les toits coniques bamiléké inspirés des donjons du Louvre à Paris. Dans une des ailes de son palais, il possède un musée qui permet de revivre en photos, à travers des objets d’art et des cadeaux, l’histoire du Cameroun des années d’indépendance à nos jours. Un musée où l’on retrouve des photos rappelant les émeutes ayant déclenché la guerre d’indépendance le 25 Mai 1955 à Douala, aux côtés de Um Nyobé, Félix Moumié. Il traverse le pont du WOURI pendant sa régence. Dès 1957, il est mis en résidence surveillée par un détachement de l’armée française, jusqu’en 1959, avant d’être transféré à la prison de Bafoussam où il passe 18 mois.
Né en 1938, il aura donc vu, très jeune et de l’intérieur, le Cameroun arracher son indépendance sous la pression nationaliste à laquelle il apportera du sien; comme il verra aussi le pays s’ouvrir au pluralisme politique en 1990. L’immense personnage reste aujourd’hui un observateur averti de l’actualité camerounaise et panafricaine.
Celui qui en 1959 continuait à suivre des cours par correspondance de l’institut des sciences politiques de Paris du fond de la prison centrale de Bafoussam, est devenu au fil des années et de par ses prises de positions audacieuses, un leader d’opinion, au-delà de sa stature de chef traditionnel, de grand opérateur économique et paysan. Nul doute donc de sa qualité et de son apport comme médiateur dans les différentes négociations pour une sortie de crises que traverse actuellement le Cameroun.