Droits de Douane Américains : Adesina Alerte sur un Risque Économique pour l’Afrique et Plaide pour une Autonomie Stratégique

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Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Akinwumi Adesina, a mis en garde contre les effets potentiellement dévastateurs des nouveaux droits de douane américains sur l’économie africaine. Dans une interview accordée à CNN, il a appelé à une réponse coordonnée à l’échelle continentale et à une stratégie d’autonomisation économique face aux pressions extérieures croissantes. Selon lui, 47 pays africains risquent d’être directement impactés, menaçant leurs recettes d’exportation et leur stabilité monétaire.

Contexte et Enjeux : Un Risque Systémique pour l’Afrique

Les mesures tarifaires imposées par les États-Unis, qui concernent notamment 22 pays africains, pourraient augmenter les coûts d’exportation jusqu’à 50 % pour certains produits. L’effet domino est déjà perceptible : affaiblissement des devises locales, hausse des importations, inflation galopante, et alourdissement du service de la dette. À cela s’ajoute une baisse des financements de l’USAID, affectant gravement les services de santé et d’assistance humanitaire sur le continent.

Les Propositions de la BAD : Trois Piliers Stratégiques

M. Adesina préconise une approche non conflictuelle mais proactive, articulée autour de trois axes :
• Dialogue commercial ouvert avec Washington, évitant une escalade tout en défendant les intérêts africains.
• Diversification des partenaires commerciaux afin de réduire la dépendance aux marchés occidentaux.
• Accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf, pour renforcer les échanges intra-africains et bâtir un marché intégré de 3 400 milliards de dollars.

Il appelle également à une meilleure valorisation des ressources naturelles du continent, comme le cobalt et le lithium, en vue de négocier des accords plus équitables.

Refuser l’Alignement Binaire et Promouvoir des Partenariats Équilibrés

Face aux tensions commerciales, Adesina rejette tout dualisme entre États-Unis et Chine. Il défend une diplomatie économique africaine souveraine : « L’Afrique construit des ponts, pas des murs. » Pour lui, l’Afrique doit engager des relations équilibrées avec tous les grands pôles économiques : Union européenne, pays du Golfe, Chine et États-Unis, dans une logique d’intérêt mutuel.

Vers une Autonomie Économique Africaine : Investir au lieu d’Aider

Adesina affirme que « l’époque de l’aide est révolue ». Il plaide pour une transition vers le financement concessionnel et l’investissement productif, axé sur :
• la mobilisation des ressources intérieures,
• les infrastructures,
• l’industrialisation locale à forte valeur ajoutée.

Grâce à son programme High 5, la BAD a déjà touché plus de 565 millions d’Africains avec 55 milliards USD investis en dix ans. L’ambition se poursuit avec Mission 300, visant à électrifier 300 millions de personnes d’ici 2030, condition essentielle à l’industrialisation du continent.

L’Afrique, Acteur de son Avenir

Avec 65 % des terres arables non cultivées de la planète et une population jeune en expansion, l’Afrique est appelée à jouer un rôle décisif dans l’équilibre économique mondial. L’appel d’Adesina est limpide : faire de la conjoncture actuelle une opportunité pour renforcer l’autonomie économique du continent et bâtir des modèles de développement résilients.