À Odza, quartier résidentiel dans la ville de Yaoundé, situé à une dizaine de kilomètres de la poste centrale,vit un jeune camerounais qui a su puiser en lui la force nécessaire pour surmonter son handicap afin de réaliser ce qui semble parfois impossible à plus d’une personne dans sa condition : avoir un métier et une famille.
Félix Mbog-Len Mapout, handicapé moteur,a su transformer son handicap en force pour se faire une place dans la société . Handicapé depuis l’âge de deux ans, Félix Mbog-Len Mapout est un réalisateur.
Son film documentaire “Hemley», une autobiographie, lui a valu de bénéficier d’une bourse professionnelle.
« présenter la personne handicapée comme un maillon essentiel de la société est devenu mon combat ».
Ce film documentaire« Hemley» lui a permis d’être connu et de bénéficier d’une bourse professionnelle.
Félix Mbog-Len Mapout est handicapé moteur depuis l’âge de deux ans. Le natif de Douala, dans la région du littoral au Cameroun,est une preuve que l’handicap ne saurait constituer une barrière à l’épanouissement. À 42 ans, Félix Mbog-Len Mapout a su puiser en lui une force intérieure sans faille, refusant ainsi que son handicap soit un obstacle à l’atteinte de ses objectifs de vie : « j’ai eu l’handicap à l’âge de deux ans environ, suite à une poliomyélite. Quand vous contracter la poliomyélite, elle peut vous paralyser tous les membres,ou un membre ou deux membres ».
Fils d’un peintre et d’une ménagère, Félix Mbog-Len Mapout est le dernier né d’une fratrie de dix enfants. Il a toujours été bien entouré par sa famille, principale source de soutien depuis son enfance.
« si Félix est ce qu’il est aujourd’hui, c’est grâce à nos parents. Sinon nous ses frères, nous ne pouvions pas le supporter », déclare son frère aîné.
« le soutien familial est pour beaucoup. D’abord ma feu mère a lutté . Mon feu père,je ne l’ai pas beaucoup côtoyé parce qu’il est mort j’étais encore à l’école primaire. Mes frères ont toujours fait le maximum pour m’aider », soutien Félix .
Marié depuis le 21 septembre 2013, Félix Mbog-Len Mapout est père de trois enfants. Avec son épouse, ils ont bâti une relation essentiellement fondée sur l’amour,la confiance le soutien et l’ acceptation mutuelle. Ce qui leur permet de surmonter les difficultés auxquelles ils font face au quotidien depuis leur début.
Madame Mbog-Len Mapout :« il y a ceux qui nous admirent et à côté ceux qu’ils se posent des questions. J’ai été beaucoup découragée. Et si j’avais écouté mon entourage,je ne l’aurais jamais épousé . Mes parents mon encouragé parce qu’avant le mariage je crois que c’est la question même qu’on me posait ici :
avec son handicap est-ce que tu vas t’en sortir ?
Est-ce que ça va aller ?
Comment allez-vous vivre ?
J’ai une de mes sœurs qui m’avait posé la question de savoir comment ça va se passer au tour d’honneur ?
Félix Mbog-Len Mapout reste très téméraire face à son handicap.
«Persévérer et jusqu’à se marier, aujourd’hui on a trois enfants et les deux autres qu’on encadre. On a une grande famille».
Félix ne se contente pas d’être une source d’inspiration pour les personnes vivant avec un handicap. Le quarantenaire ne fait que surmonter son handicap. Il entreprend afin de porter haut le message : vivre avec un handicap n’est pas une fin en soi. C’est ainsi qu’il a mis sur pied un projet cinématographique visant à encourager ses congénères .
«Le film est presque terminé. J’encourage une dame qui s’engage dans une relation amoureuse avec un jeune étudiant handicapé».
Son épouse a dû forger sa détermination pour rester fidèle à ses côtés.
« quelqu’un m’avait demandé si je suis sûre qu’il est virile. Les gens pensent que la personne en situation d’handicap ne sont pas sexuellement active. Quand on a eu notre première fille,la ressemblance était tellement poignante que les gens n’en revenaient pas ».
Félix à serte su dominer son handicap,mais la vie n’est toujours pas rose pour cette famille. Lorsque ses limites font Surface,leur vie se voit influencer.
« Je me souviens de quand j’étais enceinte. À certains moments je me sentais fatiguée. À l’époque on était tout seul dans la maison et j’étais enceinte de ma deuxième fille. Un jour il s’est posé un problème d’achat de gaz et j’avais vraiment senti le besoin de se faire aider pour l’achat du gaz. Il a culpabilisé et finalement je suis allée chercher le taxi. Et dans le taxi il y avait une femme qui disait avoir épousé un homme valide et disait que son mari ne l’aide pas à la maison. Voyez-vous ? Du coup tu comprends que tu peux épouser un homme valide mais qui ne t’aide pas du tout. Quand il peut m’aider,il m’aide beaucoup».
Les enfants de Félix vivent un quotidien infernal. Leurs camarades de classe ne leur font pas de cadeaux.« mon camarade était venu me chercher les problème. Il avait dit que mon père marche mal», confie la fille ainée de Félix.
La dernière n’est pas en reste :
«Mon camarade m’avait aussi dit que mon père a les petits pieds ,j’ai pleuré et j’avais honte ».
Les épreuves, Félix Mbog-Len Mapout en a connu. Son parcours académique et professionnel n’ont pas été un long fleuve tranquille. Mais Félix a tenu tête aux obstacles. Il a choisi de monter lui-même les rushes de sa vie afin de lui donner un sens,dans un domaine qu’il a toujours passionné : l’art audiovisuel, où il a su transformer ses expériences en monteur de motivation pour réaliser ses rêves.
« la difficulté qu’il a eu est de se mettre en jambe»,confie son frère aîné.
Il faut beaucoup de détermination et surtout de courage pour aller de l’avant.
«J’ai rencontré des difficultés presqu’ insurmontables durant mon parcours scolaire et académique: quand tu grandis comme moi à l’époque dans un quartier défavorisé où il faut par exemple traverser le pont avec un ou deux morceaux de bois. Et à l’époque je devais traverser des ponts de ce genre ! Parfois en saison pluvieuse je tombais dans la boue et je me relevais et partais à l’école. Parfois je tombais dans la boue, et tellement j’étais sale que je me décourageais et je rentrais à la maison.»,confie Félix.
«Lui-même ne se comporte pas comme quelqu’un qui a un handicap.il est toujours déterminé.il n’aime d’ailleurs pas qu’on l’assiste parce qu’il est handicapé. Et je crois que c’est l’une des raisons pour lesquelles depuis des années j’aime travailler avec lui», nous confie le collègue de travail de Félix.
Félix est une personne très réservée avec des défauts et des qualités.
« il te fait la dictateur ,tu ne vois pas mais tu réalises plus tard qu’il s’agit de la dictature. Il te dicte ce qu’il veut lui !»,declare son épouse.
À fond dans ses activités,«il ne prend pas très soin de lui ».
« beaucoup de travail intellectuel sur son ordinateur,il ne prend pas très soin de lui »,confie la mère de ses enfants.
«Félix c’est le courage,le dynamisme, c’est la détermination et surtout l’humanisme », témoigne un voisin.
Au delà de sa réussite professionnelle et personnelle, Félix est profondément engagé dans la sensibilisation et l’inclusion des personnes handicapées dans la société. tout en étant engagé dans la rééducation.
« je suis les cours de rééducation en ligne ».
« Depuis qu’il a commencé la rééducation, l’ambiance a changé parce qu’avec les enfants il avait souvent du mal à jouer . Tel que vous avez vu là avec le petit qui joue avec son père,il monte sur lui… ça c’est des choses qu’il ne faisait pas, surtout la danse. Chaque fois qu’il le fait les enfants sont contents,moi aussi je suis contente », joie exprimée par son épouse .
Parole à l’experte du ministère des affaires sociales :
« Notre société a rendu les handicapés dépressifs, diminués , maintenant quand ils viennent pour la rééducation,nous jouons un peu le rôle de psychologue parce que nous devons rassurer le patient, l’amener à comprendre que le handicap n’est pas la fin de sa vie ; qu’il peut toujours vivre au dépend de lui-même malgré son handicap. Nous l’amenons à aimer son handicap.»
L’insertion socioprofessionnelle de la personne handicapée n’est pas chose aisée au sein de notre société, cause du traumatisme des personnes vivant avec un handicap.
« Il n’y a aucune condition adaptée pour qu’ils pratiquent ces métiers là et ils se retrouvent dans la rue. C’est pour cela que je n’encourage pas ce qui font dans la mendicité dans la rue mais je les comprends. Si je n’avais pas eu la foie que DIEU m’aide à m’adapter à la fois à l’école et au métier que j’ai choisi,je devais aussi me retrouver dans la rue»,indique Félix Mbog-Len Mapout.
C’est au vue de cette difficultés que traversent les personnes vivant avec un handicap que le gouvernement camerounais avec le soutien des organisations internationales telles que le Comité International de la Croix Rouge( CICR )et bien d’autres a pris des mesures importantes pour faciliter une insertion sociale sans distinction aucune à l’égard de ces personnes vulnérables dans le pays.
Du 22 au 23 juillet 2023, les professionnels du droit des 10 régions du Cameroun ont convergé pour l’exécution du projet UNPRPD des Nations Unies, visant à améliorer l’accès des personnes handicapées à leurs droits. Le Centre des Nations Unies pour les Droits de l’Homme et la Démocratie en Afrique Centrale, en collaboration avec les ministères camerounais des affaires sociales, de la justice, la délégation générale à la sûreté nationale et la plateforme Inclusive Society for Person’s with Disabilities, s’est engagé à accompagner stratégiquement les pouvoirs publics. Cet atelier visait à promouvoir et protéger les droits des personnes en situation de handicap au Cameroun. Dans le but de préparer ces professionnels du droit sur le contenu de la convention, cet atelier a été organisé pour renforcer leurs capacités à assurer une véritable accessibilité de ces personnes à la justice.
Emmanuelle Tchotchom, Directrice Exécutive de la plateforme Inclusive Society of Person’s with Disabilities, a souligné l’importance de la loi de 2010 du Cameroun sur la protection des personnes handicapées. Elle a noté que malgré des progrès significatifs, de nombreux défis demeurent, tels que l’accessibilité à la santé et aux infrastructures ouvertes au public.
« Il faut rappeler que la loi du Cameroun de 2010 portant sur la protection des personnes handicapées est une contextualisation des nations unies. Sur ce point nous avons déjà des avancées mais il reste encore de nombreux défis à relever entre autres : la clarification reste un problème, l’accès à la santé et aux infrastructures ouvertes au public… et tous ces aspects que je viens de citer sont pris en compte non seulement dans la convention des nations unies mais également dans la loi du Cameroun qui protège et promeut les droits des personnes handicapées.»
Selon l’experte du MINAS,«En 2017,la population du Cameroun est estimée à 23 millions 248 mille 4 habitants. Quand on fait une estimation démographique de 2017 et avec les 15% de la banque mondiale, nous avons une population des personnes handicapées au Cameroun d’environ 3 millions 487200. Le gouvernement à travers le ministère des affaires sociales a la charge des personnes handicapées et beaucoup de choses sont faites pour l’encadrement de ces personnes. Nous avons eu la loi de 2010 qui porte protection et promotion des personnes handicapées et son décret d’application. Et dans ce cadre juridique il y a amélioration dans les conditions d’éducation,de réadaptation et de l’insertion socioprofessionnelle »
Félix Mbog-Len Mapout a su s’insérer au sein de la société aujourd’hui c’est grâce à la synergie des efforts à accompagner les personnes vivant avec un handicap au Cameroun. Son mental de conquérant a su faire de lui un modèle pour ses pairs. Félix Mbog-Len Mapout prouve aux yeux du monde que le handicap n’est pas physique,mais mental ; Quand on veut,on peut ; Le handicap n’est pas une fin en soi, mais un état d’esprit .
Sources :
– Entretien avec Félix Mbog-Len Mapout
– Entretien avec Madame Mbog-Len Mapout
– Entretien avec le frère aîné de Félix
– Entretien avec l’experte du ministère des affaires sociales
– Documentation du Comité International de la Croix Rouge (CICR)
– Loi de 2010 portant protection et promotion des personnes handicapées au Cameroun.