Fête du Travail 2025 : À l’Aube d’un Tournant Décisif, l’Honneur aux Bâtisseurs Silencieux du Cameroun

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En cette 139e édition de la Journée internationale du travail, l’ambiance qui règne au Cameroun n’a rien de coutumier. À six mois d’une élection présidentielle décisive, les cortèges, les discours et les banderoles s’inscrivent dans une dynamique inédite, celle d’un peuple en quête de justice sociale, de reconnaissance et de changement véritable. Le travailleur camerounais, longtemps relégué à la périphérie des grandes décisions politiques, revient au centre du débat. Et pour cause : c’est sur ses épaules que repose toute l’ossature de la nation.

Derrière les défilés colorés et les allocutions officielles, une vérité s’impose : celle d’un pays debout grâce à des hommes et des femmes qui, chaque jour, bravent l’adversité avec courage et humilité. Ils sont enseignants dans des salles de classe décrépites, soignants dans des centres de santé sous-équipés, fonctionnaires dans des bureaux oubliés, agents d’entretien, éleveurs, bouchers, chauffeurs, commerçants, cultivateurs, ouvriers, journalistes ou bénévoles associatifs. Ils sont partout, parfois invisibles, souvent oubliés, toujours indispensables. Et pourtant, combien sont payés à temps ? Combien disposent d’un contrat digne ? Combien travaillent sans filet de sécurité sociale ?

Face à la précarité chronique, à l’explosion du coût de la vie, à la rareté des opportunités formelles et à l’usure des structures publiques, les travailleurs camerounais ne se sont pas résignés. Ils innovent, s’entraident, s’adaptent. Dans chaque région, dans chaque secteur, ce sont des systèmes de solidarité, des initiatives spontanées, des gestes d’endurance et d’ingéniosité qui maintiennent la société à flot. Ce sont ces femmes et ces hommes qui, malgré les retards de salaire, les conditions difficiles et l’absence de reconnaissance institutionnelle, gardent foi en la nation. Leur sens du devoir, leur capacité d’improvisation, leur patience sont des actes quotidiens de patriotisme silencieux.

Alors que les acteurs politiques peaufinent leurs programmes pour les échéances électorales d’octobre 2025, il est temps d’exiger que les mots se transforment en réformes structurelles. Revalorisation salariale, accès équitable à la protection sociale, amélioration des conditions de travail, soutien aux secteurs informels, valorisation des métiers essentiels — telles doivent être les priorités concrètes du futur leadership national. Il ne suffit plus de louer la résilience du peuple : il faut désormais la récompenser, l’encadrer, et la hisser au rang d’exigence républicaine.

La Fête du Travail 2025 doit servir de miroir à la société camerounaise. Un miroir sans complaisance mais porteur d’espérance. Elle doit être le théâtre d’un hommage collectif, sincère et durable, à tous ces travailleurs de l’ombre, ces bâtisseurs de l’économie réelle, ces gardiens silencieux de notre cohésion nationale. Leur force est notre héritage, leur combat notre avenir.

Dans ce moment-charnière de notre histoire, où se dessine le visage du Cameroun de demain, placer le travailleur au cœur du projet national est un impératif moral, social et politique. Car sans eux, il n’y aura pas de paix véritable, pas de croissance durable, pas de développement inclusif. Le pays leur doit plus qu’un discours : il leur doit un contrat de justice.