Le monde, y compris la société camerounaise, a connu des transformations majeures en raison de l’émergence des réseaux sociaux. Cette révolution a donné naissance à une nouvelle société de savoirs. Les réseaux sociaux, via les plateformes numériques, offrent des opportunités considérables en termes de liberté d’expression et d’accès à l’information. Selon les dernières statistiques des Nations unies, environ 5 milliards de personnes, soit 5% de la population mondiale, ont accès aux plateformes numériques et aux réseaux sociaux. Face à cette réalité, il est impératif de réfléchir à des politiques visant à réguler l’utilisation de ces outils de digitalisation afin de lutter contre les indélicatesses liées à un environnement numérique susceptible de véhiculer des contenus nocifs, illicites et préjudiciables.
Internet représente désormais un écosystème en ligne essentiel, contrôlé par des plateformes numériques privées, influençant l’activité sociale d’une manière qui n’est pas toujours conforme à l’intérêt public et à l’ordre social. Ce nouvel environnement numérique peut contribuer au dérèglement de l’espace public, justifiant ainsi l’implication des pouvoirs publics dans une stratégie de cybersécurité pour garantir l’ordre public dans l’écosystème virtuel. Cependant, cette approche d’encadrement du nouvel espace médiatique transfrontalier ne peut-elle pas être perçue comme une atteinte à la liberté d’expression ou plutôt comme une réponse nécessaire aux conséquences sociopolitiques potentielles des échanges d’informations massifs dans l’espace public ?
Face à l’ampleur des dérives enregistrées dans les réseaux sociaux et en prévision des échéances politiques sensibles, le Conseil National de la Communication (CNC) a organisé un Forum international du 8 au 9 novembre 2023 à Yaoundé. Le thème était : « La problématique de la régulation des réseaux sociaux : les modalités d’une collaboration entre les régulateurs africains des médias et les plateformes numériques ». Présidé par Emmanuel René Sadi, ministre de la communication, représentant personnel du premier ministre chef du gouvernement, Joseph Dion Ngute, aux côtés du président du Conseil National de la Communication, Joseph Chebongkeng Kalabubsu, et de la présidente de la HACA du Maroc, présidente en exercice du RIARC, l’événement a réuni plusieurs dignitaires du secteur des télécommunications et des participants venus de divers pays du monde, dont des représentants du groupe META, TIKTOK, SNAPCHAT, etc.
L’intérêt de cet événement, placé sous le haut patronage du président Paul Biya, réside dans la nécessité de poser un diagnostic général sur les réseaux sociaux, enjeu universel actuel, et de susciter des solutions appropriées pour encadrer les contenus préjudiciables. Cela devrait se faire via une approche concertée entre les régulateurs des médias d’Afrique et de l’espace francophone, d’une part, et les représentants des plateformes numériques, d’autre part.
Cleophas Barore, Président de la commission des médias du Rwanda, souligne qu’avant d’accuser les réseaux sociaux, il faut se réjouir de l’existence de ce moyen de communication devenu indispensable. Le débat actuel à Yaoundé vise à trouver des moyens de travailler avec ces réseaux sociaux en fournissant des informations vraies et vérifiées, sans porter atteinte à la vie d’autrui.
Les travaux se sont achevés le 9 novembre 2023 sur la restitution des résolutions adoptées au terme de ces deux jours de discussions à Yaoundé, la capitale politique du Cameroun.