FUITE DE CERVEAUX CAMEROUNAIS : L’EXODE DES TALENTS ET L’ÉTAT DE L’ÉDUCATION

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Au Cameroun, un phénomène persistant et alarmant se poursuit : la fuite des cerveaux. Les talents de ce pays sont soit étouffés progressivement, soit poussés à chercher fortune ailleurs. Cette question brûlante soulève une question cruciale : le Cameroun choisit-il d’être le cimetière de ses talents ?


Georges Bertrand Bekono, ancien champion du Cameroun et champion d’Afrique de boxe dans la catégorie des poids plumes, incarne cette réalité. Malgré son immense talent et ses prouesses, il n’a jamais été reconnu ni élevé au rang qu’il méritait.

Ce scénario se répète pour de nombreux talents camerounais. Par patriotisme ou par contrainte, beaucoup se retrouvent à vivre dans une indigence mortifère. Prenez le cas de Georges Bekono : en tant que champion de boxe au Cameroun, sa prime se limitait à 50 000 francs CFA. Incapable de pratiquer son art dans ces conditions, il a dû abandonner la boxe pour se reconvertir dans la vente de fruits sur le marché du Mfoundi à Yaoundé, à la limite de la précarité.

Le 19 octobre 2023, un événement tragique a secoué le pays. Georges Bekono, se battant pour survivre et subvenir aux besoins de sa famille, a été victime d’un malaise en plein marché du Mfoundi. Il s’est effondré devant une foule médusée, mettant fin à sa vie.

Que dire des autres talents tels que Francis N’gannou, Eto’o Fils, Richard Bona, Françoise Mbango, Roger Milla, Joël Embiid et bien d’autres ? Si ces illustres Camerounais étaient restés au pays, que seraient-ils devenus, ces “fils de sans relations” ?

L’exode des talents ne se limite pas au sport. Un communiqué du 30 mai 2023 de Pauline Nalova Lyonga, ministre des enseignements secondaires, a fait le tour des réseaux sociaux. Elle informait que les personnels de son ministère pouvaient désormais dénoncer, en toute confidentialité, les enseignants qui avaient abandonné leurs postes de travail. Cette liste, qui recense les abandons de poste et les migrations d’enseignants vers l’étranger, devrait sonner l’alarme, en particulier pour nos dirigeants.

Cette situation est le symptôme d’un malaise profond, la métastase d’un mal-être qui touche les Camerounais, qu’ils soient bien formés ou non. Le pays semble être pris au piège d’un système qui fabrique la pauvreté et qui se nourrit de la corruption.

Lorsque l’éducation est négligée et que le niveau de nos élèves est en chute libre, lorsque l’enseignement est méprisé au profit de la construction de stades et de la célébration de compétitions sportives, lorsque l’enseignant est relégué au rang de gueux, il est normal que les Camerounais encore lucides cherchent ailleurs un environnement plus propice à leur épanouissement.

Les enseignants, véritables créateurs d’autres cerveaux, quittent le pays en quête de meilleures conditions de travail et de retraite. Le Cameroun se vide inexorablement. Il est temps pour nos dirigeants de prendre conscience de l’urgence de la situation. L’avenir du pays dépend de l’éducation, et ce sont les enseignants qui forment cette jeunesse.

Si le rythme actuel d’abrutissement persiste, nous risquons d’avoir des générations accrocs au sexe, à l’alcool, aux drogues, aux réseaux sociaux, des individus incapables de lecture, d’écriture, de réflexion et de pensée critique.

L’abrutissement de la population, la glorification de l’immoralité et la négligence de l’éducation créent un cocktail explosif pour l’avenir du Cameroun. Si rien n’est fait, le pourrissement sera inévitable.

Nos dirigeants doivent se demander s’ils ont tous démissionné de leur responsabilité. Ils doivent prendre conscience de l’importance cruciale de l’éducation et des conditions dignes dans lesquelles les citoyens devraient être éduqués et préparés à servir leur nation.

Il est temps d’arrêter d’abrutir les jeunes pour mieux les contrôler, de les appauvrir à tous égards, et de faire d’eux de simples pions. La fuite des cerveaux est une menace bien réelle pour le Cameroun, et son avenir en dépend.

Rappelons l’histoire tragique de Georges Bekono, l’ancien boxeur camerounais contraint à la précarité. Son décès est un exemple tragique de ce que le pays pourrait perdre si rien n’est fait pour mettre fin à cette fuite de cerveaux.

Il est grand temps de redonner vie à nos slogans de vivre-ensemble harmonieux, de paix et de cohésion sociale. Les départements ministériels du Cameroun, sous la direction de son Excellence Paul Biya, doivent se mobiliser pour faire face à ce défi qui menace l’avenir du pays.