C’est avec une profonde émotion que j’ai appris ton départ vers l’au-delà. En ces moments de deuil, chacun exprime ce que le disparu représentait pour lui. Pour ma part, je tiens à rendre hommage à un homme dont la clairvoyance et l’attachement à la nation restent méconnus.
Nous avons partagé des moments significatifs, notamment lors de la rédaction des actes de la tripartite qui a jeté les bases de la nouvelle constitution en janvier 1996. Je souhaite témoigner d’un aspect de ta grande clairvoyance et de ton engagement pour la nation.
Lors de cette période, le débat portait sur l’inscription dans la nouvelle constitution de la notion d’autochtone et d’allogène, ainsi que la protection des minorités. Cette demande émanait du patriarche feu SOPPO PRISO et du pharmacien POKOSSY NDOUMBE, au nom des Sawa. Face à eux, se dressaient ceux qui craignaient que cela soit préjudiciable à la cohésion sociale du Cameroun.
L’assemblée s’est divisée, laissant à la commission de rédaction que tu présidais avec moi le soin de trouver un compromis. Tu as suivi une voie sage en proposant d’inscrire cette notion dans le préambule, précisant : “conformément à la loi”. Cette subtile rédaction a empêché l’application directe de cette disposition, démontrant ta clairvoyance.
Un autre point crucial fut la protection des élus, particulièrement la clause stipulant que tout mandat impératif est nul. Tu as modifié cette disposition de manière scientifique, préservant ainsi les élus de l’emprise des partis politiques. Cet ajout est passé inaperçu, mais il a sauvé les mandats des élus et renforcé la démocratie.
Il convient de souligner que ces ajustements ont également corrigé les erreurs du passé, notamment la tentative du RDPC en 1992 d’assurer une majorité à l’Assemblée nationale en faisant démissionner des députés.
Pr. Joseph OWONA, homme controversé mais dont la science et la perspicacité sont indéniables, tu as été un patriote éclairé. Merci pour la sagesse que tu as partagée. Puisses-tu, de là-haut, inspirer tes compatriotes pour le bien de notre nation.
Albert Dzongang