« J’ai joué mon rôle, il est temps pour moi de me reposer. » Ce sont les derniers mots de Ni John Fru Ndi, à sa famille, aux membres du parti et à ses proches collaborateurs avant sa disparition dans la nuit de lundi à mardi.
L’état de santé du Chairman, 82 ans depuis quelques jours se dégradait. Il sera alors transféré à l’hôpital général de Yaoundé après une semaine d’hospitalisation à Mbingo Baptist Hospital où il succombera cette nuit de lundi à mardi à la maladie qu’il traînait il y a plus d’une décennie.
En décembre 2022, le patron du SDF a annoncé vouloir passer le témoin à la nouvelle génération. Sa vie, il la passe désormais entre sa résidence de Yaoundé et l’Angleterre, où il se rend régulièrement pour y être soigné. Il est clair que le rapt dont il a été victime en juin 2019 lui a laissé des séquelles.
C’est ainsi que lors de l’élection présidentielle du 7 octobre 2018 et pour la première fois depuis la création du parti en 1990, il a décidé de ne plus être candidat pour le compte du SDF. C’est le député Joshua Osih qui a porté le flambeau.
QUI ÉTAIT NI JOHN FRU NDI, LE BAOBAB DE L’OPPOSITION POLITIQUE CAMEROUNAISE
Fondateur et dirigeant du parti d’opposition Front social démocratique (SDF), il est candidat face à Paul Biya aux élections présidentielles de 1992, 2004 et 2011.
John Fru Ndi est né le 7 juillet 1941 à Baba II, près de Bamenda, partie du Cameroun britannique,Le titre de Ni (marque de respect), lui a été donné à sa naissance.Il a fréquenté l’école au Cameroun, à la mission Baforchu Basel et à la Santa Native Authority, avant de partir au Nigeria pour étudier (au Lagos City College) et travailler en 1957. En 1966, il est rentré au Cameroun et a commencé à vendre des légumes. Il a tenu une librairie à Bamenda, le Ebibi Book Centre,a dirigé un club de football de 1979 à 1988, et a dirigé la branche du Lions Clubs à Bamenda de 1987 à 1988. Il a été candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir, dans la circonscription de Mezam Central lors des élections parlementaires de 1988, où il a été battu par une autre liste du RDPC.
Ndi est le fondateur du SDF, un parti d’opposition, en 1990. Il a été élu président national du SDF lors de sa première convention nationale ordinaire, tenue à Bamenda en mai 1992.
UN PARCOURS POLITIQUE CHEVRONNÉ AVEC PLUSIEURS EMBÛCHES
En 1992, lors de la toute première élection présidentielle pluraliste du Cameroun, John Fru Ndi en deuxième position avec 36 %, derrière Paul Biya (40 %), au pouvoir depuis 1982. Invoquant de nombreuses fraudes en sa défaveur, il se déclare élu, mais Paul Biya, avec l’aval de la Cour suprême et le soutien de la France, se déclare vainqueur et le fait mettre en résidence surveillée à domicile pendant plusieurs mois, à Ntarikon Palace, à Bamenda. Après cet épisode, il prétend avoir été reçu à la Maison-Blanche lors de l’investiture du nouveau président américain Bill Clinton (il fournit une photo, qui plus tard s’avère avoir été truquée).
John Fru Ndi est mis en examen pour « complicité d’assassinat, blessures simples et blessures légères » avec une vingtaine d’autres dirigeants du parti en août 2006, à la suite du décès de Grégoire Diboulé, lors des affrontements suivant un conflit la direction du SDF entre John Fru Ndi et Bernard Muna.
Candidat aux élections sénatoriales de 2013 dans le Nord-Ouest, John Fru Ndi est battu.