En 2009, le Cameroun a adopté sa vision de développement, le projet « Cameroun 2035 », avec l’ambition de devenir une nation émergente, démocratique, et unie dans sa diversité d’ici à 2035. La première étape de mise en œuvre de cette vision a été le Document de Stratégie de Croissance et de l’Emploi (DSCE) pour la période 2010-2020. Actuellement, un atelier est en cours au Djeuga Palace hôtel à Yaoundé pour présenter le rapport sur la situation macroéconomique actuelle du Cameroun, de la sous-région Afrique Centrale et du Nigeria, préparé par MAGZI.
La Stratégie nationale de développement (SND30) a pris le relais du DSCE en vue de réaliser les objectifs de la Vision 2035. Elle constitue désormais le cadre de référence pour la planification du développement, avec l’un de ses trois piliers consacré à la transformation structurelle de l’économie nationale. Cette stratégie vise à créer les conditions nécessaires pour mettre en œuvre une politique industrielle et faire du Cameroun un nouveau pays industrialisé (NPI) d’ici à l’horizon fixé. Pour soutenir cette ambition, plusieurs outils sont mobilisés, notamment le Plan Directeur d’Industrialisation (PDI).
La Mission d’Aménagement et de Gestion des Zones Industrielles (MAGZI) a pour mission l’aménagement et la gestion des zones industrielles sur l’ensemble du territoire national, et elle accompagne l’État dans la mise en œuvre de sa politique de promotion industrielle.
Un impératif est clair : atteindre les objectifs de développement. Pour cela, le Gouvernement du Cameroun, par l’entremise du ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique (MINMIDT), a élaboré le Plan Directeur d’Industrialisation du Cameroun (PDI). Ce plan constitue le guide pour traduire dans la réalité l’ambition d’assurer de manière méthodique et rationnelle l’industrialisation du pays, en cohérence avec l’Agenda 2063 de l’Union Africaine, qui met en priorité la transformation des ressources naturelles africaines en Afrique.
En plus du PDI, le Cameroun s’est doté du Schéma national d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire. Ce schéma a mis en évidence, dans le cadre du diagnostic territorial, l’insuffisance d’espaces industriels formels, le non-respect du cadre spatial formel minimum réservé aux localisations industrielles, la faible transformation industrielle des produits locaux malgré les diverses potentialités, et le déséquilibre dans la répartition inter-villes, principalement l’hypertrophie de Douala et Yaoundé.
Face à ces constats, de nombreuses perspectives ont été envisagées dans le Schéma national d’Aménagement et de Développement Durable du Territoire (SNADDT), notamment l’aménagement et la création de nouvelles zones industrielles.
Pour mettre en œuvre la vision du PDI et les orientations du SNADDT, MAGZI a réalisé une étude visant à élaborer un Programme National d’Aménagement et de Développement des Zones Industrielles sur l’ensemble du territoire national. L’objectif général de cette étude est d’élaborer ce programme d’ici 2035, en mettant en relief le niveau d’aménagement (réseau viaire, accessibilité, réseaux divers), en établissant la carte nationale des zones industrielles existantes, en présentant les forces, faiblesses, opportunités et menaces de chaque zone, et en proposant des actions chiffrées pour les rendre compétitives, notamment pour les zones opérationnelles.
Les zones qui ont été créées mais ne sont pas encore opérationnelles font également l’objet d’objectifs spécifiques. Cela inclut l’établissement de la carte nationale correspondante, la définition des actions reflétant la stratégie de ces objectifs, ainsi qu’un plan d’action quinquennal. Pour les zones qui restent à créer, l’étude vise à présenter la cartographie des ressources naturelles, des richesses exploitables, et des grands projets structurants d’ici 2035 pour chaque région du pays, à estimer les besoins en terrains industriels (superficie probable) pour l’accueil, la valorisation et la transformation de ces ressources et projets, et éventuellement à définir les positions géographiques de ces futures zones sur le territoire national, tout en identifiant les objectifs stratégiques et les actions correspondantes.
De manière transversale, il est question de définir un cadre de mise en œuvre, de suivi, d’évaluation de la mise en œuvre des actions d’implémentation du programme, de proposer un mécanisme de financement, de hiérarchiser les actions pour une meilleure mise en œuvre, et de prendre en compte les aspects sociaux et environnementaux.
L’agriculture représente 12% du Produit Intérieur Brut (PIB) de la sous-région Afrique Centrale en 2019, en baisse par rapport à 16,6% en 2022 selon un rapport de la Banque Africaine de Développement (BAD). Pourtant, l’agriculture demeure un secteur clé de l’économie camerounaise, avec près de 70% de la population active, contribuant à hauteur de 42% au PIB et représentant 51% des exportations. Au Nigeria voisin, l’agriculture constitue la base de l’économie, contribuant à hauteur de 25% du PIB et employant 37% de la population active.
En ce qui concerne la filière coton, l’Afrique centrale fait face à des défis de compétitivité, notamment une faible productivité, un manque d’infrastructures, et l’absence d’une stratégie commune pour résoudre les problèmes durables de la filière. C’est dans ce contexte que des propositions ont été formulées pour la création d’une stratégie de développement de la filière coton-textile-confection pour la sous-région de l’Afrique centrale. Bien que le coton demeure la matière première textile prédominante en Afrique, l’Afrique ne contribue qu’à environ 11% de la production mondiale de coton. Plusieurs pays de la zone CEEAC rencontrent des difficultés dans l’industrie textile et de l’habillement. La SODECOTON connaît une amélioration de productivité, mais la situation de la CICAM reste préoccupante.
Le secteur de l’industrie chimique et parachimique, y compris la pharmacie, est relativement petit au Cameroun, bien qu’en croissance. Le Nigeria voisin est également en croissance, mais il dispose encore de marges de progression importantes compte tenu de ses potentialités.
D’après un rapport du groupe Morgan Philips en 2021, l’Afrique abrite 17,2% de la population mondiale en 2020, mais ne produit que 3% des produits pharmaceutiques mondiaux. Il y a 375 fabricants pharmaceutiques dans 37 pays africains, contre 5 000 en Chine par exemple. Pourtant, 25% des malades du monde, quelle que soit leur pathologie, sont africains.
Dans le secteur de la métallurgie et de la mécanique, la contribution à la croissance de la valeur ajoutée des industries est significative. Cependant, le Cameroun et le Nigeria affichent des parts inférieures à 30%, ce qui signifie que ces deux pays ont encore des progrès à réaliser pour augmenter la part des industries dans leur PIB.
Le secteur des industries extractives, notamment l’extraction de ressources naturelles, est le secteur le plus important de l’économie, avec des minéraux précieux tels que le pétrole brut, le gaz naturel, le charbon, l’étain et la colombite. Selon l’annuaire statistique de 2020 du ministère des mines, de l’industrie et du développement technologique, la contribution du secteur secondaire à la croissance du PIB réel a diminué depuis 2015. Alors que les industries extractives avaient contribué positivement en 2015, leur contribution est passée en territoire négatif en 2018 et est remontée légèrement en 2019. L’économie nigériane repose fortement sur son potentiel minier.
En ce qui concerne l’industrie du bois, le Cameroun est un important producteur de bois tropical, et l’industrie forestière est l’un des principaux secteurs économiques du pays. Les exportations de bois grumes du Cameroun ont connu une croissance significative en 2021, enregistrant une augmentation moyenne d’environ 11%. Le Nigeria est également l’un des plus grands producteurs et exportateurs de bois en Afrique. La transformation du bois demeure un aspect clé de la diversification économique en Afrique Centrale et au Cameroun en particulier.
La compétitivité de l’industrie camerounaise repose sur la mise en œuvre des actions définies dans le Plan Directeur d’Industrialisation, le Plan Directeur Ferroviaire National et le Plan Directeur Routier. Ces outils visent à positionner le Cameroun sur deux voies de compétition industrielle : faire du Cameroun le centre de commutation, de ravitaillement et d’équipement de la zone CEEAC et du Nigeria d’ici 2035, et faire du Cameroun l’usine de la nouvelle Afrique industrielle d’ici 2035.