Guéré, 11 septembre 2024 – Depuis 15 ans, le Lycée Technique de Guéré, situé dans l’arrondissement de Guéré, département du Mayo-Danay, dans la région de l’Extrême-Nord du Cameroun, fonctionne dans des conditions d’extrême précarité. Faute d’infrastructures adéquates, les 500 élèves de cet établissement suivent leurs cours en plein air, exposés aux aléas climatiques. Une situation qui, malgré la détermination des élèves et des enseignants, nuit gravement à la qualité de l’enseignement et compromet l’avenir de ces jeunes en quête de formation technique.
Des cours sous les intempéries
Depuis des années, les élèves du Lycée Technique de Guéré sont contraints de suivre des cours dans des espaces ouverts, sous des tentes improvisées ou à l’ombre des arbres. Le soleil écrasant, les pluies torrentielles et le vent poussiéreux du Sahel font partie du quotidien de ces jeunes Camerounais qui, malgré tout, continuent de se rendre à l’école avec espoir.
Un enseignant de l’établissement témoigne : « Il est difficile de dispenser des cours dans de telles conditions. Quand il pleut, nous sommes obligés d’interrompre les cours ou de chercher un abri. Le soleil, quant à lui, fatigue vite les élèves. Malgré cela, ils sont motivés et viennent chaque jour. » Les élèves, pour leur part, ne cachent pas leurs frustrations, mais gardent le cap. « Nous voulons apprendre et avoir un métier, peu importe les difficultés », déclare un élève en formation mécanique.
Des formations techniques compromises
Le Lycée Technique de Guéré propose des formations en mécanique, électricité, informatique, entre autres, des filières cruciales pour la région. Toutefois, le manque d’infrastructures adéquates rend l’apprentissage de ces disciplines techniques particulièrement ardu. Les équipements sont limités, souvent partagés entre plusieurs élèves, et les ressources pédagogiques, notamment les manuels et outils, sont insuffisants.
L’enseignement technique, qui nécessite généralement des installations spécifiques comme des ateliers et des laboratoires équipés, est ici réduit à des démonstrations de fortune. Les enseignants doivent souvent faire preuve de créativité pour compenser le manque de ressources. « Nous faisons ce que nous pouvons avec les moyens du bord. Nous improvisons des outils pédagogiques avec des matériaux locaux, mais cela reste insuffisant pour un enseignement technique de qualité », confie un autre enseignant.
Une résilience exemplaire malgré les défis
Malgré les conditions de travail extrêmement difficiles, élèves et enseignants affichent une résilience admirable. Les enseignants déploient des stratégies pédagogiques innovantes pour maintenir un niveau d’enseignement décent. Certains n’hésitent pas à créer des outils de formation à partir de matériaux trouvés localement, transformant ainsi le manque en opportunité d’apprentissage sur le terrain.
De leur côté, les élèves, conscients des enjeux de leur éducation, redoublent d’efforts et d’ingéniosité. Ils s’organisent en petits groupes pour mieux partager les rares ressources disponibles. « Nous nous entraidons beaucoup. Ceux qui comprennent expliquent à ceux qui ont plus de difficultés. C’est comme ça que nous avançons, ensemble », explique une élève en formation en électricité.
Un appel aux autorités et à l’engagement pour l’avenir
Si la motivation des élèves et des enseignants du Lycée Technique de Guéré est exemplaire, cette situation ne peut plus perdurer. La précarité des infrastructures met en péril non seulement l’éducation de centaines de jeunes, mais aussi l’avenir économique de la région. En effet, l’enseignement technique est une clé pour le développement local, permettant aux jeunes d’acquérir des compétences directement exploitables sur le marché du travail.
Les autorités locales et les décideurs doivent impérativement prendre des mesures pour améliorer les infrastructures et les équipements de cet établissement. « Nous lançons un appel aux autorités compétentes pour qu’elles nous viennent en aide. Nos enfants méritent des conditions de formation dignes pour assurer leur avenir », plaide un parent d’élève. Le développement de ces infrastructures offrirait non seulement un meilleur cadre d’apprentissage, mais permettrait aussi de préparer ces jeunes à contribuer activement à l’essor économique de leur région.
Vers un changement espéré ?
Le cas du Lycée Technique de Guéré n’est pas isolé dans la région de l’Extrême-Nord. Plusieurs établissements scolaires y fonctionnent dans des conditions similaires, exposant élèves et enseignants à des difficultés chroniques. La situation appelle donc une réponse globale et urgente pour réhabiliter et moderniser les infrastructures scolaires dans cette région particulièrement vulnérable aux intempéries.
Avec un engagement des pouvoirs publics et une meilleure allocation des ressources, il est possible de transformer ces défis en opportunités et de permettre aux élèves du Lycée Technique de Guéré de bénéficier d’une éducation de qualité, à la hauteur de leurs aspirations et de leur détermination.