Le système gouvernant au Cameroun est en train de jouer avec le feu en pensant que rien ne peut lui arriver. Ce système pense que les positions politico-administratives de l’élite en poste depuis les années 1960, 1970, 1980, ne peuvent en aucun cas changer.
Cette élite néo-coloniale se sent comme immunisée par toutes formes de changements politiques alternatifs et pourtant la météorologie politique africaine est assez bavarde ces derniers temps. Cette élite pose ainsi des actes en toute impunité, en toute liberté, en toute tranquillité, tant pis si les droits des autres citoyens sont piétinés et bafoués.
Cette élite visiblement non capacitée en stratégie politique joue actuellement avec le feu à la veille d’une année électorale plurielle où les élections présidentielles, municipales et législatives de 2025 s’annoncent plus difficiles que jamais.
Deux faits majeurs obligent à faire ce petit texte à l’attention de l’opinion nationale en général et du système en place en particulier.
La qualité de président du Parti camerounais pour la réconciliation nationale (PCRN) du député Cabral Libii est remise en question depuis plusieurs mois maintenant, cela étant entretenu et instrumentalisé par certaines personnes occupant des fonctions importantes dans l’appareil gouvernemental. Évidemment ceux qui pensent que tout est acquis et que rien ne pourra jamais se passer en termes de changement politique, se trompent-ils lourdement?
Cabral Libii a des défauts et pêche certainement par une communication politique bricolée teintée d’arrogance discursive et pire encore par une communication de crise catastrophique en rapport avec l’affaire Robert Kona. Ce « jeune » député qui après être sorti troisième à la présidentielle de 2018 sous la bannière du parti Univers, qui a le mérite d’avoir été élu dans un système politico-électoral particulièrement difficile du fait des nombreuses mascarades du système en place et d’avoir fait élire d’autres députés (cinq ‘5’ au total) et plusieurs conseillers municipaux parmi lesquels des maires, a d’abord été empêché de créer son propre parti Les Citoyens et a par intelligence stratégique trouvé un parti (le PCRN) qu’il a depuis façonné, dynamisé lequel fonctionne tant bien que mal aujourd’hui, son objectif étant clairement la compétition présidentielle de 2025. Toutes les manoeuvres actuelles visent simplement à saboter son ambition présidentielle. Ceux qui sont à la manoeuvre pensent peut-être que personne ne comprend et ne voit rien. Ils pensent à tort que les jeunes qui se comptent par millions et qui se reconnaissent en Cabral Libii ne voient rien et qu’ils ne se préparent pas pour se venger le moment venu en 2025.
Un autre front absolument inutile vient d’être ouvert par d’autres auteurs du système gouvernant. Cabral Libii ne suffit plus, il faut ajouter sur la même liste Samuel Eto’o Fils, un adversaire redoutable à la popularité indiscutable. Aimé par les masses populaires, l’actuel président de la Fédération camerounaise de football (FECAFOOT), est un homme populaire capable de créer des difficultés à n’importe quel candidat à une élection présidentielle par une simple consigne de vote.
Samuel Eto’o n’est pas un saint disons les choses très clairement. Il est réputé avoir un caractère difficile et préfère visiblement traîner et traiter avec des bénis Oui-oui. À bien l’observer, il n’évolue pas beaucoup avec des personnes qui savent lui dire non. Depuis qu’il est à la tête de la Fédération, il y a des choses qui fonctionnent et d’autres moins bien, mais il essaye à sa manière de bien organiser les choses dans un environnement gangrené par la corruption et d’autres fléaux qui minent le football camerounais. Il faut noter que le système de corruption qui gouvernait le football camerounais est profondément ancré dans les moeurs des dirigeants sportifs camerounais et pour en sortir il faut un changement radical et total. Samuel Eto’o fait vraisemblablement face à ces démons de ce système socio-politique.
La nomination par le Ministre des sports et de l’éducation physique le 02 avril 2024 après « accord de la présidence de la République » d’un nouveau staff technique et administratif des Lions Indomptables Séniors sans aucune concertation avec la FECAFOOT et que récuse le président Samuel Eto’o par une correspondance du 03 avril 2024, adressée au Ministre des sports et de l’éducation physique, ouvre un nouveau front absolument inopportun, causé par les tenants du pouvoir politique en poste à Yaoundé.
La question qu’il convient de se poser est celle de savoir à la veille d’une année électorale où la présidentielle sera sûrement discutée avec des candidats sérieux, aguerris et engagés, est-ce que le pouvoir de Yaoundé mesure la capacité de mobilisation et/ou de démobilisation de Samuel Eto’o lors d’un scrutin comme celui-là ?
En se mettant à dos Cabral Libii qui est suivi par plusieurs jeunes et pire encore Samuel Eto’o qui lui est suivi par toutes les catégories jeunes et vieux confondus, le pouvoir de Yaoundé comprend-il ce qu’il est en train de faire ? Comprend-il qu’il donne carte blanche aux électeurs d’envoyer le président de la République« au village» au cas où il serait candidat à sa propre succession ou bien une défaite cuisante d’un éventuel candidat du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC) lors de l’élection présidentielle de 2025 ?
Avant de poser certains actes et de se créer inutilement des adversaires et ennemis, il est important d’imaginer les conséquences possibles.