LES RITES DES JUMEAUX, UNE CÉRÉMONIE SPECIALE CHEZ LES BAMILÉKÉS AU CAMEROUN

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C’est un privilège chez les peuples des grassfields lorsqu’un couple conçoit des jumeaux. Au sein des chefferies comme Baham et Bandjoun pour ne citer que ces deux cas, le rituel reste de mise pour tous les couples ayant eu des jumeaux ou des triplés. Comment ce rite se déroule ? Nous vous invitons à lire suite.

Les jumeaux sont considérés comme des êtres spéciaux chez les bamilékés. Leur venue apporte du changement non seulement pour la famille, mais aussi pour toute la communauté. Le premier indice qui marque la naissance des jumeaux dans une famille, est la décoration qui est faite au niveau de la concession des géniteurs. Elle est composée de feuilles de palmes et des bottes de fleurs communément appelés arbre de paix. Lesquelles sont là pour symboliser ce cadeau de la providence.

On y lit la, la bénédiction du très haut mais qui a un moment donné dans la conscience collective pouvait se muter en malédiction divine si les rituels n’étaient pas exécutés. Ainsi les malheurs qui accablaient la famille étaient donc des signes qui marquaient la colère des dieux. Phénomène quelque peu banalisé de nos jours par le vent de la modernité, certaines familles continuent néanmoins à attacher moult importance et au bon profit des chefs traditionnels.

Une des conséquences directes et non des moindres c’est que cette fête affecte économiquement les familles pauvres qui pour sauver l’orgueil familial s’endettent pour organiser des fêtes et donner des présents à la chefferie.

Avant d’être présenté à la communauté, les jumeaux et leurs parents font d’abord une retraite qui dure une à deux semaines. Pendant cette période, ils vivent dans une case sacrée en retrait des membres de la famille, où ils sont soumis au rite TE MHAK : c’est le nom qu’on donne au rite des jumeaux chez les Bamilékés. Leur séjour dans ce lieu particulier, est rythmé par des cérémonies qui restent secrètes aux non-initiés, et seul le devin y a accès. Le but de celles-ci est d’éloigner les esprits maléfiques, qui pourraient prendre possession de leur corps pour faire du mal. Leur alimentation est uniquement composée de mets traditionnels. Il se dit que lorsque le rite n’a pas été bien pratiqué, les jumeaux deviennent très dangereux au point de lancer les mauvais sorts aux gens.

La « sortie des jumeaux » comme on l’appelle couramment marque la fin des rites. Pour la célébrer, une grande fête est organisée à leur honneur. Entourés des amis et de la famille, les jumeaux et leurs parents sont accueillis avec des chansons dansantes. Au rythme des instruments de musique, comme dans un ballet, la foule exécute des pas de danse particuliers, lesquels se font uniquement pour ce genre d’événement. Des personnes viennent les encourager avec des billets d’argent à ce moment.

Cette sortie de la case sacrée, marque aussi le nouveau statut de ces derniers au prêt de la communauté. Les jumeaux vont se faire appeler PO MNYE, et tous ceux qui ont un lien direct avec eux, vont porter le suffixe NYE à la fin de leur nom : le nom du père change, il s’appelle désormais TA NYE ou TÉ KHU, le nom de la mère change aussi, elle s’appelle désormais MA NYE ou MÉ KHU. (TÉ KHU et MÉ KHU sont respectivement les diminutifs de TA PEKUU, père des enfants et de MA PEKHU, mère des enfants).

De même lorsqu’un enfant naît après les jumeaux, il porte lui aussi un nom particulier : si c’est un garçon, il s’appellera KEN NYE ou TALA, si c’est une fille, elle s’appellera aussi KEN NYE ou MALA. En dehors du titre qu’ils ont, ils portent les noms appartenant aux familles royales, tout dépend des origines du groupement auquel ils appartiennent. Par exemple dans certains groupements ils vont se faire appeler : Kamga, Fotue, Fotso, Kengne…

Pour rendre visite aux jumeaux, il faut apporter le fruit rouge, plus connu chez nous sous l’appellation de jujube qu’on associe à  l’arbre de paix.

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