L’Esani est un rite d’accompagnement du défunt dans l’au-delà. Il se pratique à minuit et dure 10 à 15 minutes. Pendant cet intervalle, on joue au tam-tam, une manière de demander aux ancêtres d’ouvrir les portes afin d’accueillir leur enfant qui a quitté le monde des vivants.
Dans « esani », on a la partie « san ». En ewondo, le mot « san » revêt deux sens. D’abord, « briller » d’un éclat particulier, puis « danser » d’un pas distingué. L’éclat et le talent sont ici de haut niveau. Pour sa part, la finale « i » suggère une idée plurielle : soit briller sur plusieurs, ou danser à plusieurs. Il implique un mort prestigieux et des survivants conscients qui apprécient. L’ « esani » traduit leur hommage posthume. Dans la foulée, il invite à pérenniser l’exemple.
Les Béti constituent un grand ensemble ethnique composé des Ewondo, des Fang, les Bene, les Mvae, les Eton… Ils sont encore appelés grand groupe pahouin par les colons français et c’est un terme utilisé très souvent pour désigner les Fang du Gabon. L’histoire raconte qu’ils auraient descendu le Nil pour se retrouver au Cameroun. En fait au moment où les migrations s’arrêtent en Afrique, ils occupent le centre et le sud du Cameroun. Peuple de la forêt et très grands guerriers, ils observent un très grand respect en ce qui concerne la tradition et les rites.
En réalité, les Béti désignent le rite par Aken. L’Aken est une sorte de religion, un moyen quelque peu mystique qui marque la condition d’existence de l’homme. C’est pourquoi auparavant la vie d’un Béti était rythmé du berceau jusqu’au tombeau par un réseau de rites. On distingue deux types de rites, les rites d’initiation et les rites d’expiation avec en toile de fond les rites d’intégration et funéraires. Aujourd’hui, nous parlerons de l’un des rites funéraires : l’Esani. C’est un rite d’accompagnement du trépassé dans l’au-delà. Il se pratique à minuit et dure 10 à 15 minutes. On joue au tam-tam pendant ce temps pour l’accompagner une manière de demander aux ancêtres d’ouvrir les portes afin d’accueillir leur enfant qui a quitté le monde des vivants.
Le tam-tam ici joue le rôle de clé. Et ceux qui tapent sur ce dernier le jouent de façon particulière, seuls les initiés y ont droit. Après cette cérémonie, la veillée mortuaire peut se poursuivre.
Cependant, comment comprendre ce genre de cérémonies ? Tout simplement, pour les Béti, le rite est avant tout la preuve de son impuissance face à la condition humaine, face à l’incertitude, à l’insécurité, aux moments difficiles. Tout au long de leurs existences, il est clair que pour assurer la vie et la mort, ils doivent assurer la communion et vivre en harmonie avec le monde invisible. Le rite trouve donc toute sa place dans la société Béti car pour eux, l’être est vie et toutes les forces vitales s’interfèrent, s’interpellent, et communiquent entre elles.
Mais ces rites qui autrefois constituaient un maillon très essentiel dans la société Béti, ainsi que dans sa culture, semble ne plus occuper cette place qui lui était si chère.