Douala, 25 novembre 2024 – En ce 25 novembre, Journée Internationale pour l’Élimination de la Violence à l’Égard des Femmes, le gouvernement camerounais a lancé une campagne de 16 jours de sensibilisation pour alerter l’opinion publique sur l’ampleur des violences faites aux femmes dans le pays. Cette initiative, qui s’inscrit dans le cadre du programme mondial piloté par ONU Femmes, vise à lutter contre les violences basées sur le genre qui, selon les autorités, touchent environ 39 % des femmes camerounaises.
La campagne, placée sous le thème « Toutes les 11 minutes, une femme est tuée. Pas d’excuse. Tous unis pour mettre un terme à la violence contre les femmes », a été lancée en grande pompe par le ministère de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff). La journée d’ouverture a réuni des acteurs institutionnels, des associations et des membres de la société civile pour rappeler l’urgence de l’action face à la violence systématique envers les femmes.
Un Combat de Long Terme
Les violences basées sur le genre revêtent plusieurs formes : physiques, psychologiques, sociales ou encore culturelles. Ces abus, souvent invisibles ou banalisés, ont des conséquences dramatiques, allant des traumatismes psychologiques à des féminicides tragiques. Le gouvernement camerounais, conscient de l’ampleur du phénomène, entend utiliser cette campagne pour mobiliser les consciences et changer les mentalités.
Dans son allocution, Suzanne Ngane, Directrice des projets et des programmes de partenariat au Fonds Spécial d’Équipements et d’Interventions Intercommunales (Feicom), a souligné l’importance d’intégrer la question du genre dans toutes les initiatives de développement local. Elle a rappelé que le Feicom, à travers ses programmes, accorde une attention particulière aux femmes et aux jeunes filles, qu’il s’agisse de l’accès à l’éducation ou à des opportunités économiques.
« Au Feicom, le genre est un principe fondamental que nous intégrons dans nos actions à tous les niveaux. Nous avons toujours participé activement aux journées de sensibilisation contre les violences faites aux femmes et cette année, lors de nos 50 ans, nous organiserons une série d’événements dans le cadre de cette campagne pour renforcer notre engagement », a déclaré Mme Ngane.
La Solidarité des Associations et Acteurs de Terrain
L’initiative a également reçu le soutien des associations locales, comme celle des veuves de l’Office National des Anciens Combattants et Anciens Militaires Victimes de Guerre du Cameroun (ONACAM). Mme Mouafo Désirée, présidente du groupe de travail des veuves de l’ONACAM, a souligné l’importance de soutenir les femmes à travers des conseils et des actions concrètes pour les aider à surmonter les violences qu’elles subissent. Toutefois, elle a aussi insisté sur un fait moins souvent abordé : “Il n’y a pas que les hommes qui violentent les femmes, les femmes aussi se violentent entre elles”, a-t-elle précisé. Une déclaration qui met en lumière l’importance de l’entraide et du soutien mutuel parmi les femmes elles-mêmes pour combattre les violences de genre sous toutes ses formes.
Un Appel à l’Unité
La campagne de 16 jours vise à encourager l’unité nationale autour de cette problématique et à inciter chaque citoyen à devenir acteur du changement. Le gouvernement camerounais, en collaboration avec les organisations non gouvernementales et les partenaires internationaux, espère que cette sensibilisation permettra d’identifier et de dénoncer plus de cas de violences, tout en renforçant les mécanismes de protection des victimes.
Le ministre de la Promotion de la Femme et de la Famille, en charge de cette campagne, a appelé les autorités locales, les organisations communautaires et les citoyens à participer activement à cette action collective contre l’impunité des violences sexuelles et domestiques. “Cette campagne est une étape importante, mais nous devons tous continuer à œuvrer ensemble pour un Cameroun où les femmes et les filles peuvent vivre libres de toute violence”, a-t-il déclaré.
Une Initiative pour Changer les Mentalités
La campagne de 16 jours se terminera le 10 décembre 2024, à l’occasion de la Journée des Droits de l’Homme. Les autorités camerounaises espèrent que cette mobilisation renforcera l’engagement des citoyens dans la lutte contre les violences basées sur le genre et favorisera des changements structurels pour garantir l’égalité des sexes dans le pays.