MAYO-REY / Ndjoudji : Une Pénurie d’Eau Potable qui Plonge les Habitants dans le Désarroi

0
79

Ndjoudji, un village en détresse face à la crise de l’eau

Situé dans le département du Mayo-Rey, arrondissement de Rey-Bouba, région du Nord Cameroun, le village de Ndjoudji fait face à une crise majeure qui impacte lourdement le quotidien de ses habitants : l’accès à l’eau potable. Avec une population estimée aujourd’hui à plus de 2 000 habitants, cette localité peine à répondre aux besoins élémentaires de ses résidents, confrontés à une sécheresse persistante et à une absence criante d’infrastructures d’adduction d’eau.


Une démographie croissante, une eau de plus en plus rare

L’augmentation de la population au fil des années a accentué les besoins en eau potable, sans qu’aucune solution durable ne soit mise en place. À Ndjoudji, l’eau provient principalement de réserves naturelles insuffisantes, soumises à une sécheresse qui sévit particulièrement dans les régions septentrionales du Cameroun. La situation est d’autant plus critique que les villageois doivent parcourir des dizaines de kilomètres pour se procurer de l’eau, souvent de qualité douteuse.

Face à cette pénurie, la population tente tant bien que mal de trouver des alternatives. Des puits traditionnels ont été creusés dans l’espoir d’améliorer l’approvisionnement en eau. Cependant, ces efforts demeurent vains :

              •            Les puits s’assèchent rapidement, ne tenant pas face à la demande croissante.

              •            L’eau issue de ces puits est polluée par le ruissellement des eaux usées et des excréments, faute de latrines adéquates.

              •            Le risque d’épidémies est accru, notamment avec la prolifération de maladies hydriques comme le choléra.

Une crise encore plus sévère en cette période de Ramadan

Depuis plusieurs semaines, la situation a empiré. Les puits se tarissent, et ceux encore fonctionnels sont contaminés par les eaux de pluie qui charrient les déchets et excréments. Un désastre sanitaire pour les villageois, surtout en ce mois de Ramadan, période où l’hygiène et l’accès à l’eau sont primordiaux.

Le manque d’eau a également engendré une flambée des prix :

              •            Un “pousse-pousse” (conteneur de 10 bidons d’eau) coûte désormais jusqu’à 2 000 FCFA dans certaines zones reculées.

              •            Ceux qui en ont les moyens se rendent à Garoua pour acheter de l’eau, un luxe que peu peuvent s’offrir.

              « Notre puits ne nous a pas fourni d’eau depuis six jours. Quand la pluie est tombée, nous étions heureux, mais elle a emporté avec elle les déchets et les excréments en brousse. Toute notre eau est maintenant polluée. Nous sommes obligés d’acheter un pousse-pousse à 2 000 FCFA à Garoua », explique Ahmed Youssouf, un habitant de Ndjoudji.

Un appel urgent aux autorités pour une solution durable

Dakba, un autre résident, insiste sur l’augmentation des prix de l’eau potable, désormais acheminée par des tricycles qui peinent à répondre à la demande.

              « L’eau potable est quasi inexistante. Les camions-citernes et tricycles en apportent, mais les prix sont devenus exorbitants. Certains jours, il n’y a tout simplement pas d’eau disponible », témoigne-t-il.

Daniel, étudiant venu passer le week-end au village, décrit également les longues files d’attente à Garoua pour obtenir de l’eau.

              « Parfois, les vendeurs d’eau patientent plus de deux heures. Il arrive même qu’ils attendent plusieurs jours avant d’avoir une petite quantité d’eau à distribuer à Ndjoudji », raconte-t-il.

Un problème structurel aggravé par l’absence d’infrastructures

Au-delà de la pénurie d’eau, Ndjoudji souffre d’un retard en infrastructures essentielles :

              •            Aucun réseau d’adduction d’eau potable n’est en place.

              •            Le village manque d’établissements scolaires, ce qui prive de nombreux enfants d’instruction.

              •            Les routes restent difficilement praticables, compliquant l’acheminement des ressources vitales.

Les habitants lancent un appel pressant aux autorités locales et nationales pour une intervention immédiate. Des solutions concrètes sont nécessaires pour sortir Ndjoudji de cette impasse :

✔ Mise en place d’un réseau d’adduction d’eau potable pour réduire la dépendance aux sources naturelles insuffisantes.

✔ Création de forages sécurisés et protégés contre la pollution.

✔ Sensibilisation à l’hygiène et construction de latrines adéquates pour limiter la contamination des eaux.

✔ Réduction du coût de l’eau potable et facilitation de son accès pour les populations défavorisées.

Ndjoudji en attente d’un avenir meilleur

La situation à Ndjoudji n’est pas une fatalité. Avec une volonté politique forte et des investissements adéquats, il est possible d’améliorer les conditions de vie de cette communauté. L’accès à l’eau potable est un droit fondamental, et il est urgent que les autorités prennent des mesures concrètes pour répondre aux besoins de cette population en détresse.