Yaoundé, 4 décembre 2024 – Lors de la récente session parlementaire, le ministre de l’Eau et de l’Énergie, Gaston Eloundou Essomba, a présenté un budget record de 493,3 milliards de FCFA pour 2025. Ce montant, réparti entre 419,9 milliards pour les dépenses en capital et 73,4 milliards pour les dépenses courantes, vise, selon les autorités, à moderniser et à renforcer les infrastructures énergétiques et hydrauliques du pays. Mais dans les foyers camerounais, l’espoir se mêle à la frustration : les coupures d’électricité persistantes et l’absence d’eau potable continuent de marquer le quotidien.
Une augmentation budgétaire… mais pour quels résultats ?
Malgré des budgets en hausse chaque année, les citoyens peinent à percevoir des améliorations concrètes. Les infrastructures, pourtant inaugurées en grande pompe, peinent à répondre aux besoins essentiels.
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Un accès à l’eau toujours problématique
À Yaoundé, capitale du pays, l’approvisionnement en eau potable reste un défi majeur. En avril 2024, le ministère annonçait la fin des travaux d’une infrastructure destinée à résoudre ce problème. Pourtant, dans plusieurs quartiers comme Nkoabang et Ekounou, les robinets restent désespérément à sec.
Des coupures d’électricité chroniques
L’électricité, indispensable pour les ménages et les entreprises, est devenue un luxe intermittent. À Nkoabang, Gaël témoigne avec une pointe d’ironie :
« Nous sommes surpris quand l’électricité revient avant une heure du matin. »
Raymonde, habitante du quartier Carrefour du Palais, exprime son désarroi :
« Les communiqués ministériels annoncent des améliorations, mais sur le terrain, la réalité est tout autre. »
Elvis, résidant à Ekounou, tente de s’adapter avec une plaque solaire vétuste. Pour Gervais, le constat est amer :
« Deux jours sans électricité en un seul week-end, c’est inacceptable. On parle de grands projets structurants, mais dans nos maisons, c’est la pénurie. »
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Un quotidien impacté : quand les vivres pourrissent au congélateur
Les coupures intempestives d’électricité n’impactent pas seulement le confort, mais aussi la sécurité alimentaire. Mme Evina partage sa frustration :
« Ma viande et mes poissons au congélateur sont avariés. Ces coupures d’électricité causent des pertes financières que nous ne pouvons plus supporter. »
Des investissements flous et des priorités discutables
Le budget colossal de 2025 devrait, selon le ministère, financer des projets d’envergure. Pourtant, les détails des initiatives prévues restent flous. Par ailleurs, la population déplore la multiplication de séminaires coûteux jugés non prioritaires.
« Pourquoi organiser des séminaires de lavage des mains, qui relèvent du ministère de la Santé, alors que les Camerounais manquent d’eau potable ? » s’interroge un habitant.
Un besoin urgent de transparence et d’efficacité
Les Camerounais exigent des réponses claires :
• Comment seront utilisés ces 493 milliards de FCFA ?
• Quels projets prioritaires verront réellement le jour ?
• Quels délais pour résoudre les pénuries d’eau et les coupures d’électricité ?
La confiance des citoyens repose sur des actions concrètes et visibles. Gervais résume ainsi l’attente générale :
« Cessez de gaspiller les deniers publics et concentrez-vous sur des solutions tangibles. »
Un appel à la responsabilité
Alors que les élections approchent, les autorités sont confrontées à une pression accrue pour tenir leurs promesses. Le budget 2025 doit être un outil de transformation réelle, et non un exercice administratif sans impact sur le terrain.
Les Camerounais ne demandent pas l’impossible : ils exigent simplement un accès à l’eau potable, une alimentation électrique fiable et une gestion responsable des fonds publics.