NIGER : UN AN APRES LE COUP D’ÉTAT, LE GENERAL TIANI RENFORCE SON EMPRISE

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Le général Abdourahamane Tiani, chef de la garde présidentielle nigérienne devenu président autoproclamé, a réussi à asseoir son pouvoir un an après le coup d’État qui a renversé le président Mohamed Bazoum. La stratégie intransigeante du général, combinée à des alliances diplomatiques renouvelées, a permis de maintenir son régime malgré les pressions internationales et régionales.


Une transition sans compromis

Le 6 août 2023, lors d’un rassemblement à Niamey, le général Mohamed Toumba, l’un des leaders du putsch, déclarait que la transition ne reculerait pas. Cette déclaration intervenait alors que les chefs d’État de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) menaçaient d’intervenir militairement pour libérer Mohamed Bazoum, détenu avec sa famille. Malgré ces menaces, le régime du général Tiani n’a pas fléchi.

Un an plus tard, la stratégie inflexible du général Tiani a porté ses fruits. Il a réussi à installer solidement son pouvoir, tandis que Mohamed Bazoum reste emprisonné au palais présidentiel. La junte a même levé son immunité présidentielle, ouvrant la voie à un procès pour « crime de trahison », passible de la peine de mort.

Réalignement diplomatique

Pour légitimer son régime, le général Tiani a repoussé les soutiens diplomatiques de Mohamed Bazoum, notamment la France et les États-Unis. La résistance diplomatique de Paris pour maintenir son ambassadeur et ses soldats s’est révélée vaine, tout comme les tentatives américaines de conserver leurs troupes sur place. Moscou a été le principal bénéficiaire de ce changement de régime, avec l’arrivée des paramilitaires russes de l’Africa Corps (ex-Wagner) à Niamey.

Le Niger a également quitté la CEDEAO pour rejoindre l’Alliance des États du Sahel (AES) aux côtés du Burkina Faso et du Mali. Ce réalignement diplomatique a également conduit à des rapprochements avec l’Iran et la Turquie.

Une transition floue et répressive

Le général Tiani a annoncé en février l’élaboration d’une nouvelle Constitution et d’un nouveau code électoral, sans toutefois fixer de calendrier. La transition « ne saurait aller au-delà de trois ans », a-t-il déclaré, mais aucun dialogue national inclusif n’a encore eu lieu.

Le régime a étouffé les voix discordantes, suspendant les activités des partis politiques et réprimant les médias critiques. La diffusion de France 24 et Radio France internationale (RFI) a été suspendue, et plusieurs journalistes ont été emprisonnés. Des institutions garantes de l’État de droit, comme la Cour de cassation et le Conseil d’État, ont été supprimées.

Défis sécuritaires et économiques

La situation sécuritaire reste précaire. Les violences djihadistes ont augmenté de 108 % depuis le coup d’État, selon l’ONG Armed Conflict Location & Event Data Project (Acled). Des attaques sporadiques dans le nord du pays par de nouveaux groupes politico-militaires réclament le retour à l’ordre constitutionnel.

Sur le plan économique, le régime a réduit le budget de l’État de 40 % et créé un Fonds de solidarité pour la sauvegarde de la patrie. Un accord avec le Fonds monétaire international (FMI) et une avance sur les ventes de brut avec la Chine ont apporté un certain soulagement financier. Toutefois, une dispute diplomatique avec le Bénin bloque actuellement l’exportation de pétrole, privant le Niger de revenus importants.

Malgré les défis sécuritaires et économiques, le général Tiani a réussi à maintenir son emprise sur le pouvoir au Niger. Sa stratégie de répression et de réalignement diplomatique a jusqu’à présent permis de stabiliser son régime, bien que des tensions persistantes menacent son avenir.