- Le 6 novembre 1982, Paul Biya prêtait serment pour devenir le deuxième Président du Cameroun.
Discours de prestation de serment :
“Monsieur le président de l’Assemblée Nationale,
Tout d’abord, je tiens à vous remercier pour vos aimables paroles de bienvenue prononcées en cette auguste enceinte.
Mesdames et Messieurs les Députés, je vous remercie également pour l’accueil chaleureux et patriotique que vous me réservez en ce jour au Palais de l’Assemblée nationale.
Monsieur le Président de l’Assemblée Nationale, Monsieur le Président de la Cour suprême, Mesdames et Messieurs les députés, Messieurs les membres de la Cour suprême,
Au lendemain du message historique de Son Excellence Ahmadou Ahidjo, Président de la République Unie du Cameroun et Président national de l’Union nationale camerounaise, adressé à la nation il y a deux jours, je viens, au nom de l’obligation légale, de l’ordre public et de la continuité de l’État, prêter serment devant vous et devant la nation tout entière.
Il est important de noter que ce serment s’inscrit dans la continuité de celui prêté par le Président Ahmadou Ahidjo le 5 mai 1980, parmi tant d’autres serments.
Dans cette occasion solennelle et émouvante, qui est sans précédent dans l’histoire de notre jeune nation, nous devons tout d’abord rendre hommage avant de nous engager et d’exprimer notre fidélité. Ahmadou Ahidjo, un digne fils de ce pays et père de la nation camerounaise, a été un géant de l’histoire camerounaise, africaine et universelle. Sa carrière d’homme d’État est une source de fierté et d’inspiration pour tous les Camerounais. Je tiens à lui adresser mes chaleureuses félicitations et à lui exprimer notre loyalisme et notre sympathie pour sa haute charge qu’il quitte dans la dignité et l’honneur.
La meilleure façon de lui témoigner notre sympathie et notre loyauté est de suivre son exemple, de suivre ses pas. Ainsi, dans le cadre de ce serment, j’entends orienter les années à venir sous le signe de l’engagement et de la fidélité.
L’engagement, d’ordre constitutionnel, consiste en la réaffirmation du serment que je viens de prêter. Avec l’aide de toutes les Camerounaises et de tous les Camerounais, en ma qualité de président de la République, chef de l’État et chef du gouvernement, je m’engage à veiller au respect de la Constitution, à préserver l’indépendance, la souveraineté, la sécurité et l’unité de l’État, et à assurer la gestion des affaires de la République. Mon prédécesseur n’a jamais failli à ce devoir, et je m’y conformerai.
Quant à la fidélité, d’ordre politique, elle est liée à un homme, Son Excellence Ahmadou Ahidjo, un peuple, le peuple camerounais, et des principes.
Concernant les principes, ceux de l’UNC depuis sa fondation, qui ont fait du Cameroun un havre de paix, d’unité, de stabilité, de justice et de progrès, dans un monde marqué par l’instabilité, la violence et la pénurie. Je les rappelle aujourd’hui, car les circonstances l’exigent, pour les maintenir et les garantir.
Ces principes impliquent, à l’échelle nationale, l’indépendance et l’unité nationales, la paix, le développement économique, social et culturel à travers notre choix de libéralisme planifié, de développement autocentré, de justice sociale et de maîtrise.
À l’échelle africaine, ils comprennent la non-ingérence dans les affaires intérieures des États, le respect de leur souveraineté et de leur intégrité territoriale, l’unité et la solidarité africaines, la lutte résolue et irréversible contre les derniers vestiges du colonialisme et les méfaits de l’apartheid en Afrique australe, ainsi que le développement du continent.
Sur la scène internationale, ils englobent la paix entre les nations, un véritable non-alignement et une coopération renouvelée, dans la perspective d’un nouvel ordre économique mondial plus juste et plus stable.
Dans le cadre de ces principes de politique étrangère, nous restons fidèles à nos engagements et attachés aux organisations internationales, notamment l’UDEAC, l’OUA, le Mouvement des pays non-alignés et l’ONU.
Ce sont ces orientations qui continueront de guider l’action du gouvernement de la République tout au long de mon mandat. La grande œuvre de construction nationale conçue et menée par Ahmadou Ahidjo, une œuvre qui appartient à tous et pour tous, doit perdurer. Elle nécessite, en ces temps difficiles que nous traversons, de la rigueur dans la gestion et de la persévérance face aux manœuvres internes et externes visant à miner le moral, à démobiliser ou à déstabiliser.
Je convie donc solennellement toutes les Camerounaises et tous les Camerounais à réaffirmer leur attachement à cette grande œuvre d’unité, de paix et de progrès, et à s’y tenir avec la légitime ambition de rester un grand peuple, uni et travailleur, aspirant à la prospérité et à la justice, et désireux de maîtriser son propre destin à l’intérieur comme à l’extérieur de ses frontières. Quant à moi, avec la confiance et la collaboration de tous, je m’efforcerai de le faire avec tout le patriotisme et l’engagement dont je dispose.
Vive le Cameroun !”