Quand de nombreux hommes subissent des violences en silence

0
15

La violence, selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), est « l’utilisation intentionnelle de la force physique ou de menaces contre autrui ou soi-même, pouvant entraîner un traumatisme, des dommages psychologiques, des problèmes de développement ou la mort ». Si cette définition englobe toutes les formes de violences, elle reste trop souvent associée aux femmes, alors que les hommes en sont aussi victimes — en silence.


Au Cameroun, les violences faites aux hommes, bien que réelles, demeurent taboues. Frappés, humiliés ou maltraités psychologiquement par leur partenaire ou leur entourage, ils peinent à s’exprimer. Le poids des stéréotypes, le regard social et l’absence de structures adaptées les enferment dans un mutisme qui nuit à leur santé mentale et à leur sécurité.

Le poids de la honte et des stéréotypes

Rosalie Essomba, citoyenne camerounaise, rappelle que « la culture de la virilité pousse les hommes à cacher leurs émotions ». Ils ne dénoncent pas de peur d’être moqués ou considérés comme faibles. Un point de vue que partage Engelbert Ntanguido : « La société peine à imaginer qu’un homme puisse être victime de violences, surtout face à une femme. »

Ce silence est aussi alimenté par l’égo masculin, comme l’explique Félix Essola : « Dénoncer une agression, c’est s’avouer vulnérable. Or, dans notre société, l’homme est perçu comme supérieur, donc invincible. » Germaine Ngo Mbe va plus loin : « La masculinité est encore trop souvent liée à la force et à la domination. »

Des services inexistants ou inaccessibles

Le manque de dispositifs d’écoute ou d’accompagnement adaptés constitue un frein majeur. Marie-Laure Kegapi, étudiante en droit, estime que « les structures existantes sont essentiellement pensées pour les femmes. Les hommes victimes se retrouvent sans recours, sans aide, parfois même sans crédibilité. »

Elle insiste également sur les risques pour ceux qui osent parler : rejet social, perte d’emploi, représailles… autant d’obstacles qui maintiennent ces victimes dans l’ombre.

Briser le silence, une nécessité urgente

Il est urgent de reconnaître que les violences ne connaissent pas de genre exclusif. Les hommes aussi doivent être protégés, écoutés et accompagnés. Pour cela, il faut remettre en question les normes sociales rigides, former les acteurs de terrain à identifier et prendre en charge toutes les formes de violence, et développer des structures véritablement inclusives.

La lutte contre les violences doit être globale, sans distinction de sexe. Car chaque victime compte.