SOS : VERS LE MUSELEMENT DE LA PRESSE : PLUSIEURS JOURNALISTES DEVANT LES TRIBUNAUX AU CAMEROUN.

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LA JOURNALISTE MIMI MEFO INCARCÉRÉE À DOUALA, AUGUSTIN FLAUBERT KENGNE À BAFOUSSAM, MICHEL BIEN TONG À YAOUNDÉ, MICHEL KALABASSOU À YAGOUA ET PREMIÈRE AUDIENCE DE SON CONFRÈRE JOSEPH OLINGA NDOA À BAFOUSSAM.

ENTRE INTIMIDATIONS ET INCARCÉRATIONS, LES JOURNALISTES CAMEROUNAIS SUFFOQUENT.

Dans un contexte de tensions politiques ces derniers jours, nombreux sont les journalistes qui subissent des abus dans l’exercice de leurs fonctions. Alors que plusieurs croupissent déjà en prison, certains font face aux intimidations multiples. Partagés entre le black out de certaines informations et la pression de la censure administrative.

Mimi MEFO, journaliste présentatrice à Equinoxe TV a été placée sous mandat de dépôt à la prison centrale de New-Bell à Douala, dans la région du Littoral. Après avoir été auditionnée au tribunal militaire de Douala, elle a été conduite menottée à ladite prison aux environs de minuit ce mercredi 07 octobre. Elle est accusée d’atteinte à la sûreté de l’Etat.

Du côté de Bafoussam, Augustin Flaubert KENGNE, le Directeur de Publication du journal Orientation Hebdo et coordonnateur du Regroupement des Médias  Citoyens, est incarcéré à la prison centrale de Kouogouo, depuis le 29 octobre dernier. On lui reproche d’avoir publié une série d’articles sur les nombreux cas d’abus et les violations des Droits de l’Homme dans cette partie du Pays. Il est donc accusé de « participation à des hostilités contre la Patrie », alors qu’il enquêtait sur le déroulement des élections et s’opposait ouvertement aux résultats proclamés par le Conseil Constitutionnel.

 

 

Toujours à Bafoussam, s’est tenue la première audience opposant le ministère public au journaliste, délégué du personnel et syndicaliste Joseph OLINGA NDOA, chef d’agence du journal  Le Messager à Bafoussam.

Cette première audience qui se déroule au tribunal de première instance de ladite ville, a durée moins de 10 minutes. Le mis en cause est accusé de rébellion. Faits réprimés par les articles 114 et 157 du code civil selon la juge.

 

Face à cette accusation, Joseph OLINGA NDOA assisté de son conseil Me TASSA André Marie plaide non coupable. Dans son réquisitoire, le substitut du procureur de la République près le tribunal de première instance de Bafoussam déclare qu’ « on ne jugera pas en catimini et qu’il faut que les témoins du ministère public se présentent ». Ce qui a valu le renvoi de l’audience au 13 décembre prochain.

L’accusé qui bénéficie du soutien moral de ses confrères se dit confiant, et comparaît désormais libre depuis  la soirée du 05 Novembre 2018 où il a été libéré.

Dans la Région de l’Extrême-Nord, le journaliste Michel KALABASSOU, Directeur de Publication du journal Aigle du Sahel, est gardé à vue au Commissariat central de Yagoua, dans le département du Mayo-Danay, depuis le 02 Novembre 2018. Il est accusé de « diffamation », suite à une série de plaintes de MAKTOUANDI Pierre, chef de sécurité de la Société d’Expansion et de Modernisation de la Riziculture de Yagoua (SEMRY). Son péché c’est d’avoir dénoncé les cas de vols à répétition dans cette société, dont le chef  d’orchestre serait ledit chef de sécurité.

À Yaoundé, Capitale politique du pays, le journaliste Michel BIEM TONG, arbitrairement arrêté le 23 Octobre dernier est toujours sequestré, dans les conditions épouvantables, dans une caserne militaire au Service Central des Recherches Judiciaires (SCRJ) au Secrétariat d’Etat à la Défens chargé de la gendarmerie nationale (SED), sur instruction du Tribunal militaire de Yaoundé.

Il est poursuivi pour « apologie du terrorisme et incitation à l’insurrection », et risque la peine de mort prévue à l’article 2 de la loi No 2014/028 du 24 Décembre 2014 portant répression des actes de terrorisme.

Quelques exemples récents (parmi tant d’autres) qui illustrent qu’au Cameroun, les journalistes sont mis à rude épreuve par un gouvernement qui tend peu à peu vers un État policier. Entre intimidations et accès difficile aux sources d’information, les journalistes vivent au quotidien les frustrations de ce noble métier.

 

 

Malgré les multiples dénonciations par les communautés nationale et internationale parmi lesquelles celles du Syndicat National des Journalistes du Cameroun (SNJC), de Mandela Center, et de Reporters Sans Frontières (RSF), la situation sombre au fil des jours et devient de plus en plus inquiétante.

Flore KAMGA KENGNE et Siméon Emmanuel TCHAMEU

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