Christiane Latchieu: “Il a fallu en effet s'adapter à l'absence d'un système effectif d'adressage au Cameroun”!

La conférence des nations unies pour le commerce (CNUCED) a rendu son dernier rapport il y a quelques mois sur le commerce électronique dans le monde et en Afrique en particulier. Selon ce document qui analyse les différentes pratiques commerciales de la majorité des pays du monde, le commerce électronique a joué un rôle majeur dans l’économie camerounaise en 2018 et ceux grâce à plusieurs facteurs. Le rapport classe d’ailleurs le Cameroun dans le top 10 des pays du continent avec une longueur d’avance sur de nombreux pays.

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La Conférence des Nations Unies pour le Commerce (CNUCED) a rendu son dernier rapport il y a quelques mois sur le commerce électronique dans le monde et en Afrique en particulier. Selon ce document qui analyse les différentes pratiques commerciales de la majorité des pays du monde, le commerce électronique a joué un rôle majeur dans l’économie camerounaise en 2018 et ceux grâce à plusieurs facteurs. Le rapport classe d’ailleurs le Cameroun dans le top 10 des pays du continent avec une longueur d’avance sur de nombreux pays.

Entre investissements multiples et challenges observés, le commerce électronique commence à prendre une place importante dans l’économie du Cameroun. Entre le leadership de Jumia et l’arrivée de nouveaux acteurs (locaux et internationaux), ce secteur a réussi à se positionner dans ce pays de plus de 25 millions d’habitants. Cependant, la logistique notamment la livraison reste le point central pour toute entreprise qui souhaite ou qui exerce dans cette activité. Comment arriver à contourner ce fameux problème d’adressage? Le manque de routes n’est-il pas un obstacle au développement rapide de ce secteur?

Directrice de Jumia Services, le département  de livraison de Jumia Cameroun, Christiane est une figure de proue dans le succès de cette plateforme au pays des Lions Indomptables. Dans cette interview qu’elle a accepté d’accorder, madame Latchieu revient sur les temps forts qui ont marqué les activités du e-commerce au Cameroun en 2018 et met un point d’honneur sur la livraison, un service qu’elle maîtrise parfaitement.

Bonjour Madame et merci d’avoir accepté cette interview.

Bonjour à vous et merci de m’avoir sollicité pour apporter ma contribution dans le cadre de cet entretien. J’espère que mes explications vont contribuer à faciliter la compréhension des camerounais.

Quel bilan faites-vous du e-commerce au Cameroun en 2018 ?

Si on s’en tient aux analyses d’experts et aux données recueillies dans divers rapports, le e-commerce a pris un pas important en 2018. On peut noter l’arrivée de nouveaux acteurs, l’évolution du taux de pénétration internet et même les achats en ligne. Cependant, le pays reste en retard par rapport à son potentiel et c’est ce qu’il faut absolument rattraper en 2019.

Aujourd’hui, Jumia fête 7 ans sur le continent ; quel bilan pouvez-vous faire de votre activité?

Un bilan positif et vous pouvez également faire le constat; il suffit juste de regarder les interviews des fondateurs. Bilan positif parce que nous avons contribué à faire changer la donne et amené plus de camerounais à acheter en ligne et ça c’est inédit. Si on fait un pas en arrière, on va se rendre compte que nous avons beaucoup évolué.  Nos plateformes revendiquent plus de 5 millions de visiteurs sur le continent avec une transaction toutes les 01 secondes.

Cependant faut être clair: bilan positif ne veut pas dire que nous sommes au sommet. Nous avons fait d’énormes efforts pour être à ce niveau, mais il y ‘a encore beaucoup de choses à faire pour challenger les leaders.

Un des enjeux du e-commerce c’est le manque d’infrastructures notamment les routes. Est-ce que vous le ressentez comme un obstacle ?

Bien évidemment. La route est l’infrastructure historique de liaison entre deux points ou deux zones géographiques. L’importance pour un service de livraison dont le but est de relier le hub au destinataire final, n’est plus à démontrer. Nous vivons ce déficit de routes comme un challenge au quotidien.

Un autre problème revient chaque fois que nous parlons de e-commerce en Afrique Subsaharienne, notamment au Cameroun : c’est l’adressage. Comment est-ce que vous arrivez à vous en sortir dans ce contexte ?

Il a fallu en effet s’adapter à l’absence d’un système effectif d’adressage qui est un réel problème aussi bien pour le e-commerce que pour le commerce en général. Un système d’adressage fiable vous  évite de perdre du temps et d’agir en temps réel. Nous avons dû nous adapter et trouver des solutions adéquates. Nous avons par exemple découpé la ville en plusieurs sous-secteurs affichés sur le site web.  Ce découpage nous permet de nous organiser et de pouvoir livrer jusqu’au plus profond des quartiers.

Cela signifie-t-il que Jumia a un réseau de livreurs partout dans le pays ? 

Cela signifie que nous avons une organisation qui nous permet de palier à ce problème. La livraison à domicile est possible seulement dans les grandes métropoles à savoir Douala et Yaoundé. Dans les autres villes, nous avons investi dans des agences de relais où il est possible pour les clients de retirer leurs colis.

Jumia livre dans combien de ville au Cameroun ?

Nos équipes sont mobilisées pour livrer les produits sur l’ensemble du territoire. Il est certes vrai qu’il y a encore des quartiers qui sont hors réseau et ce pour plusieurs raisons (politiques, sécuritaire, etc.), mais nous travaillons à avoir un point de livraison partout où vivent les populations dans le pays.

Quels sont les délais de livraison chez Jumia et comment arrivez-vous à les respecter?

Les délais de livraison constituent un point majeur pour notre entreprise et même pour le secteur tout entier. Nous avons donc travaillé pour réduire les délais afin de pouvoir servir le plus rapidement possible. A Douala et Yaoundé, nous livrons dans les délais de 02 à 04 jours et jusqu’à 07 jours dans le reste du pays.

On parle très souvent de last mind dans le domaine du e-commerce, de quoi s’agit-il?

Il s’agit effectivement d’un concept qui est adapté au commerce électronique, mais les grandes surfaces l’utilisent aussi pour les livraisons de produits. Il s’agit du déplacement du produit de l’entreprise jusqu’au client finale. Malgré les difficultés liées à l’adressage, le last mind est effectif au Cameroun.

Quels sont les moyens de paiement admis sur votre plateforme?

Nous avons réussi à nous adapter dans un pays où le taux de bancarisation est très faible. Nous proposons le paiement mobile et le virement bancaire (pour les commandes dépassant 300 000). Mais le paiement à la livraison reste le moyen le plus répandu.

Quels sont vos projets pour cette année qui vient de commencer?

En 2019, nous souhaitons avoir plus de camerounais adopter le e-commerce pour les avantages qu’il offre et pour cela nous ne ménagerons aucun effort pour améliorer notre service. Nous allons par exemple élargir nos points de livraison, réduire les délais de livraison et voir également la possibilité de réduire les frais de livraison.

Une contribution de Simon Mbelek

 

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