Entre pénurie et inflation, les ménagères se convertissent dans la viande de porc et de boeuf. La hausse des prix du poulet sur les marchés pendant les fêtes de fin d’année est une réalité.
Herman Diwe est producteur et vendeur de poulet au marché de Mvog-Ada, principal marché de poulet dans la ville de Yaoundé au Cameroun. Et comme les autres producteurs, il subit et explique les causes de la flambée des prix des poulets sur les marchés: « les grands producteurs évoquent comme cause la hausse des prix des matières premières. Le prix des poussins est non seulement élevé, mais ils sont de plus en plus rares sur le marché. Cette rareté est principalement due à la crise sanitaire du COVID-19, les ports et les aéroports sont fermés et nous ne sommes plus approvisionnés comme avant. »
Les producteurs locaux continuent de se battre pour produire à leur niveau, mais avec les fêtes de fin d’année, la demande a fortement devancé l’offre, d’où l’inflation, l’affirme encore ce producteur: « Les œufs importés n’entrent plus au Cameroun, toujours à cause du COVID-19. Et malgré notre production locale, les fêtes de Décembre ont fait augmenter la demande du poulet sur le marché. L’offre étant très bas, le prix du poulet continue d’augmenter ».
En effet, les intrants agricoles vendus sur le territoire camerounais, proviennent pour la plupart des pays européens, à l’instar de la Belgique, Hollande, et la France. Depuis le mois de Novembre, le gouvernement Belge avait déjà interdit l’exportation de sa vollaille par anticipation. Ceci dû à la survenance de la grippe aviaire sur son territoire.
Les statistiques sur les prix du poulet
En Octobre 2021, en France par exemple, l’indice du coût des matières premières pour l’alimentation du poulet standard a augmenté de 43% par rapport à Septembre 2021, et de 29,0 % par rapport à Octobre 2020. L’évolution de l’indice de prix sur un an redescend donc dans la tranche de 20% et 30%. Si elle y reste pendant trois mois consécutifs, alors la 1ère condition sera très critique.
Mesure du coût de l’aliment dans le prix des produits avicoles
Le rapport des indices des prix au stade « sortie abattoir » et des prix des matières premières est constitué à partir:
– de l’indice des prix de production depuis l’industrie pour la viande de poulet.
– de l’indice ITAVI pour le coût des matières premières pour les industriels.
La situation de variation excessive des prix des matières premières est constatée lorsque le rapport des indices se situe à plus ou moins 10% de la référence 2006-2010. Le cumul des deux situations caractérise la variation excessive des prix des matières premières à la hausse ou à la baisse dans la filière de la volaille.
Les ménagères se convertissent dans la consommation du porc et de boeuf, à cause de la hausse du prix des poulets.
Pendant les journées du 24 au 26 Décembre 2021, animées par la fête de Noël, les comptoirs de la vollaille dans les marchés camerounais n’ont pas été convoités par les ménagères. Contrairement aux comptoirs de la filière porcine et bovine mondés par les ménagères. Les prix du poulet variait de 5.000 à 22.500 Francs CFA, laissant inchangé les prix des boeufs et porcs. Beaucoup se sont reconvertis dans la viande du porc et de boeuf. Or au cours des trois derniers mois de l’année, ces prix variaient entre 2.500frs à 3.500 Francs CFA; une ménagère renchérit: « Le prix du poulet est devenu vraiment insupportable, et c’est même rare. J’ai préféré acheter le porc et le boeuf pour pallier à ce manquement… »
Malgré que le gouvernement camerounais ait accordé en début du mois, une exonération fiscale sur les prix des intrants, aux importateurs du secteur de la vollaille, tout semble intact sur les prix de vente. Le groupe technique de l’interprofession avicole mis sur pieds par le ministère en charge, afin de rendre accessible les intrants agricoles, n’a pas permis de passer à côté du drame pendant les fêtes. Le président du groupe technique de l’interprofession avicole, Parfait BAFAKAN, énonce les plans d’urgence du gouvernement à ce sujet: « Le gouvernement a encouragé tous les éleveurs dans l’importation des intrants, des poussins de reproduction en grande quantité, et à bon prix. Et également les mesures de soutien annoncées récemment par le Ministre des Finances, qui œuvrera aussi à accroître l’offre du poulet sur le marché et à bon prix. »
Des perspectives à venir au Cameroun pour la filière avicole
Avec le concours de toutes les parties prenantes, il est question de relever ce défi lié à la crise sanitaire mondiale, et rendre le prix du poulet désormais accessible à toutes les bourses. Même si la grande majorité de familles ne pourront pas frotter le morceau de poulet dans son plat comme à l’accoutumée, la lueur d’espoir est à attendre d’ici la fête de nouvel an. François DJONOU, Président de l’interprofession avicole du Cameroun (IPAVIC), laisse cette note d’espoir aux familles: « pour que les prix des poulets et des œufs puissent baisser, nous allons produire de plus en plus les poussins d’un jour. Nous allons nous battre pour avoir des intrants, comme le tourteau de soja et d’arrachide ».
Pour l’instant, le pays vibre au rythme des festivités de fin d’année, avec ou sans poulet dans les plats.